Liaison, 28 octobre 2004
La plus jeune professeure à l’Université
STÉPHANIE RAYMOND
Depuis longtemps, Julie Myre-Bisaillon caressait un rêve :
enseigner au secondaire. C’est finalement à l’université que son amour du
métier l’a conduite, alors qu’elle est devenue, à 28 ans, la plus jeune
professeure de l’UdeS, en janvier dernier. La toute nouvelle docteure, qui a
reçu son diplôme ce 23 octobre, compte bien remplir les nombreuses pages
blanches de son livre de vie de chercheuse.
«Commencer comme chercheuse à un âge aussi jeune va me
permettre de m’installer en recherche et de faire le tour d’une question»,
se réjouit-elle. Cette question? Les difficultés d’apprentissage de la
lecture chez les jeunes.
«C’est en enseignant au Centre Le Goéland, après avoir complété
un baccalauréat en enseignement au secondaire à l’Université, que j’ai
découvert ma vocation : travailler pour les jeunes qui ont des difficultés
d’apprentissage, et en particulier des difficultés de lecture.» Julie s’est
donc inscrite à la maîtrise en sciences de l’éducation avec spécialisation
en adaptation scolaire, où elle s’est penchée sur l’apprentissage de la
lecture chez les jeunes dyslexiques. Après l’obtention de 21 crédits, elle a
pu passer directement au doctorat grâce à l’excellence de son dossier
académique.
«Aucune étude au Québec n’avait encore été menée sur ce sujet.
J’ai donc développé un programme d’intervention alliant intervention
spécifique – avec un orthopédagogue – et intervention en classe avec
l’enseignant, car une collaboration doit s’établir entre les deux pour que
l’élève progresse vraiment.»
Julie forme également les orthopédagogues, qui à leur tour
aident les enseignants à intervenir. Ce besoin se fait d’autant plus criant
que les élèves en difficulté sont maintenant intégrés dans les classes
régulières.
Des projets qui débordent nos frontières
Celle qui adore enseigner ne s’est pas contentée de transmettre
ses connaissances ici alors qu’elle était chargée de cours de 2000 à 2003.
Julie a également établi un partenariat avec le Département de la formation
continue du Luxembourg. «J’y suis allée trois fois jusqu’à maintenant pour
donner des ateliers de formation sur les troubles du langage écrit. Car le
Luxembourg ne possède pas de programme de formation en adaptation scolaire.»
Julie travaille actuellement sur trois projets principaux.
D’abord, l’intégration dans les classes des élèves de l’école primaire
Sainte-Famille présentant des troubles du langage, projet subventionné à
50 000 $ pour un an par le MEQ. La Chaire de recherche CFER sur la réussite
scolaire et le développement durable de l’Université du Québec à
Trois-Rivières l’a également subventionnée pour étudier l’évolution des
compétences langagières chez les élèves des CFER. «Je travaille aussi avec
une institution primaire privée pour élèves en troubles d’apprentissage,
l’École Vanguard de Montréal, afin de développer un programme d’intervention
pour les enseignants.»
Et ce n’est pas tout : la jeune professeure nourrit le projet
de mettre en place un stage conjoint pour les étudiantes et étudiants en
enseignement au préscolaire et au primaire et en adaptation scolaire. Elle a
également demandé une subvention pour monter la revue de littérature des
adaptations didactiques destinées aux élèves en difficulté. Elle prévoit
aussi écrire un manuel destiné aux enseignants et orthopédagogues.
Avec tous ces projets et bien d’autres, la plus jeune
professeure de l’Université fait rarement des semaines de 40 heures, pour ne
pas dire jamais. «Cela ne me dérange pas, car j’adore ce que je fais. Mon
travail est stimulant et amusant», assure-t-elle dans un sourire évocateur.
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