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Liaison, 28 octobre 2004
La fausse suivante
L’art du marivaudage selon Claude Poissant
MARIE FERLAND
De tous les auteurs de son temps, Marivaux (1688-1763) est celui que l’on
joue le plus aujourd’hui; son œuvre a traversé les époques, marquant
suffisamment l’histoire pour y laisser une expression régulièrement utilisée
près de 250 ans après sa mort : le marivaudage. Le 9 novembre, la Salle
Maurice-O’Bready présente un des textes de ce prolifique auteur : La
fausse suivante, une production du Théâtre du Nouveau Monde mise en
scène par Claude Poissant.
Marivaux a écrit une œuvre complexe explorant les labyrinthes
sentimentaux où les personnages doivent naviguer avec les règles de
convenance, de morale et tous les impératifs de la société à laquelle ils
appartiennent. Sous leur apparente légèreté, les comédies de Marivaux,
composées «sur le ton de la conversation de salon», fouillent les subtiles
ambivalences du cœur humain. Écrite en 1724, La fausse suivante n’y
fait pas exception. Mise en scène par Claude Poissant, qui s’attaque pour
une sixième fois à Marivaux, cette production marque la toute première
réunion sur scène de Julie McClemens et Pascale Montpetit; un événement en
soi.
Pascale Montpetit, qui nous a ravis dans plusieurs grands rôles, revient
en chevalier, jouer trois personnages en un. Déguisée en homme, cette jeune
aristocrate enquête sur Lélio, le mari qu’on lui destine. Ce dernier
révélera sa piètre valeur, lui qui court deux femmes à la fois sans en aimer
aucune. Julie McClemens en est quant à elle à son quatrième Marivaux avec
Poissant. Elle y incarne la comtesse à qui Lélio s’est fiancé. Claude
Poissant a d’autre part réuni une solide équipe d’interprètes autour de ses
deux muses : Henri Chassé sera Trivelin, un valet charmeur et avide;
Sébastien Delorme jouera Lélio, le prétendant hypocrite et calculateur;
Francine Beaudry, Julie Daoust, Alexandre Goyette, Pierre Limoges et
Nicholas Rousselle seront également de la distribution.
Quand chacun ment et souffre pour mieux posséder l’autre, Marivaux tend
un miroir grossissant à nos amours ambiguës. En assistant à cette superbe
production, vous pourrez constater que la finesse de Marivaux nous atteint
de plein fouet, par-delà les siècle.
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