Liaison, 16 septembre 2004
Un coup de main aux jeunes Péruviens
STÉPHANIE RAYMOND
Des jeunes qui n'ont rien, sinon leurs rêves. Les poches vides, sans
diplôme, ces Péruviens de la banlieue de Lima veulent se créer un emploi si
personne ne leur en offre. Marc Gagné, étudiant à la maîtrise en gestion des
coopératives, est allé leur donner un coup de main, avec six autres
participants, dans le cadre d'un projet humanitaire qui s'est déroulé du
24 mai au 6 août.
«Mon mandat était d'aider les jeunes qui veulent lancer des entreprises,
explique Marc Gagné. Je travaillais à San Juan de Lurrigancho, à côté de
Lima, une ville très pauvre de la taille de Montréal. Ces jeunes n'ont
aucune ressource, mais ils sont extrêmement débrouillards.»
L'étudiant travaillait conjointement avec l'organisme non gouvernemental
Codeco, fondé il y a une quinzaine d'années par le père Camille Gagnon,
missionnaire québécois, pour venir en aide aux jeunes. Il a notamment
assisté un jeune qui voulait ouvrir une «cabine Internet», et un autre qui
rêvait de se lancer en restauration : «Je leur ai donné une formation, pour
qu'ils puissent planifier correctement l'ouverture de leur établissement et
bien le gérer ensuite», explique-t-il.
Sans sous, difficile de mener une grande étude de marché comme on le
ferait au Québec. La solution : bâtir un questionnaire-maison et interroger
les gens dans la rue, par exemple, pour savoir quel genre de mets ils
aimeraient manger ou combien ils seraient prêts à débourser, dans le cas
d'un restaurant, par exemple.
Un autre volet du travail de Marc Gagné consistait à aider à la création
d'une centrale de coopératives. Ce regroupement représentera et appuiera les
coopératives de San Juan de Lurrigancho.
L'étudiant vivait dans une famille relativement aisée. «J'étais le seul
du groupe à avoir de l'eau chaude, indique-t-il. Je suis chanceux, car en
plus de toutes les richesses provenant de l'échange interculturel, je me
suis très bien entendu avec les membres de ma famille d'accueil, qui
comptait deux garçons de 20 et 22 ans.»
Ce que Mathieu retient le plus de son expérience est la joie de vivre et
la débrouillardise des Péruviens, qualités qui les font passer à travers une
foule de difficultés sans s'apitoyer sur leur sort. «J'ai aussi beaucoup
appris en vivant constamment en groupe, avec les six autres Québécois. Comme
chacun a son caractère, ce n'est pas toujours évident, mais combien
enrichissant.»
Le seul élément négatif de son séjour a été un confinement de deux jours
en raison d'une émeute. «Les professeurs ont envahi l'hôtel de ville pour
protester contre la privatisation de l'enseignement au Pérou. Des policiers
sont allés les mettre dehors et ont tué deux personnes. Il y a ensuite eu
une émeute de deux jours qui nous a empêchés de sortir. Les gens ont mis le
feu à l'hôtel de ville, au poste de police et à plusieurs autres bâtiments
publics. C'était stressant, d'autant plus qu'on respirait des gaz
lacrymogènes.» Malgré tout, Mathieu Gagné serait prêt à participer à nouveau
à un stage humanitaire.
Le projet était parrainé par Québec sans frontières et le Club 2/3 de
Montréal.
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