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Liaison, 16 septembre 2004
Le Mékong sous haute surveillance
Les habitants et gestionnaires des rives du Mékong pourront bientôt
profiter de l'expertise canadienne en matière de gestion de crise lors
d'inondations. Deux chercheurs du Département de géographie et
télédétection, Goze Bertin Bénié et Ferdinand Bonn, travaillent à développer
un prototype de système d'information (SIG) dont le but est d'assurer la
sécurité et la santé de ces populations.
STÉPHANIE RAYMOND
Le travail des chercheurs du Centre d'applications et de recherches en
télédétection (CARTEL) s'inscrit dans un projet de gestion des inondations
qui s'intitule Apport de la géomatique et de la télédétection à la gestion
des inondations et au suivi de l'environnement : le cas du bassin du fleuve
Mékong. Ce projet, débuté en décembre 2003, vise à mettre en place un
portail Internet.
Pour le développement du SIG, appelé Mekong Emergency Response System, le
CARTEL emploie deux professionnels, Guy Aubé et Claire Müller-Poitevin, et
travaille en collaboration avec la Croix-Rouge cambodgienne et la Mekong
River Commission. Le système devrait être effectif au printemps 2005.
Ferdinand Bonn, Goze Bertin Bénié et leurs collaborateurs ont d'abord
recueilli des données sur l'environnement physique des rives du Mékong,
entre autres sur le cycle hydrologique et la dynamique des inondations. Ce
fleuve passe dans quatre pays, soit le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le
Vietnam.
Une base de données a ensuite été créée en vue de produire des cartes de
vulnérabilité lors d'inondations, à l'aide d'images de télédétection (images
radar, photographies aériennes, etc.) fournies par l'Agence spatiale
canadienne. C'est à cette étape qu'en sont les chercheurs à l'heure
actuelle. Grâce à ces cartes de vulnérabilité, les habitants et
gestionnaires du bassin du Mékong pourront mieux planifier leurs activités.
«Le Mékong sort de son lit chaque année lors de la saison des pluies,
explique Goze Bertin Bénié. Avec le portail, les gens sauront par exemple
que dans leur région, à telle date, l'eau monte habituellement jusqu'à tel
endroit.»
Le deuxième volet du projet consiste à évaluer tout ce qui touche la
population et les infrastructures qui la desservent : démographie, capacité
des centres de santé, nombre d'infrastructures à risque, localisation des
routes d'évacuation et des sites sécuritaires, services d'alimentation, etc.
Le troisième et dernier volet concerne les maladies reliées aux
inondations, dont on a fait l'inventaire. «Nous nous sommes aussi renseignés
sur les soins et médicaments que les hôpitaux et les pharmacies offrent pour
le traitement de ces maladies», indique le chercheur.
Tout cela dans le but de prévenir les inondations et de mieux gérer les
conséquences de celles-ci, que ce soit sur la santé ou la sécurité des
habitants.
Le principal bailleur de fonds du projet est l'Agence spatiale
canadienne. L'Université est partenaire avec quatre organismes canadiens et
la Mekong River Commission. Le Canada a développé une expertise dans le
domaine à la suite des trois désastres reliés à l'eau survenus entre 1996
et 1998 : l'inondation du Saguenay, l'inondation de la rivière Rouge au
Manitoba et la tempête de verglas dans l'est du pays.
Au Sommet mondial sur le développement durable en 2001, les Nations unies
ont indiqué qu'il était primordial de gérer les risques de catastrophes
naturelles dans une optique de prévention, d'atténuation, d'évaluation des
vulnérabilités et d'adoption de stratégies d'adaptation pour diminuer les
pertes en vies humaines et les dommages économiques. Les recherches de
Ferdinand Bonn et Goze Bertin Bénié s'inscrivent dans cette ligne.
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Avec son collègue Ferdinand Bonn, le professeur Goze Bertin Bénié
travaille à la prévention des inondations dans les régions entourant
le Mékong.
Photo SSF : Roger Lafontaine |