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Liaison, 16 septembre 2004
Sciences politiques
Représenter la Chine… en Chine
Charles Vincent
Véronique Martel adore la négociation, le travail sous pression, les jeux
de coulisses. Au cours des dernières années, l'étudiante au baccalauréat
multidisciplinaire a participé à six simulations de négociation, dont la
dernière s'est déroulée à Pékin, du 19 au 21 août. Avec ses trois collègues
canadiens, elle y représentait le pays hôte : la Chine. «Tout un mandat»,
confiait-elle avant son départ. Un mandat que la délégation canadienne a
cependant relevé avec brio, malgré certaines difficultés dans la préparation
et des lacunes dans l'organisation.
Négocier afin de dégager des ententes entre les quelque 30 pays ou
organisations participant au marathon diplomatique, voilà l'objectif du
Global Challenge 2015 auquel participait Véronique. Organisé par la United
Nations Economic and Social Commission for Asia and the Pacific, la
conférence simulée portait sur le développement durable dans cette région du
globe. Des délégations d'une vingtaine de pays concernés, dont le Canada,
les État-Unis et la Chine, participaient à l'événement qui a rassemblé, au
total, quelque 200 jeunes.
Se mettre dans la peau des diplomates
Ce sont les étudiantes et étudiants canadiens qui se sont retrouvés avec
l'imposante tâche de jouer le rôle de la délégation chinoise. «C'est
difficile de trouver des informations sur la Chine, explique Véronique.
C'est un pays qui se mêle de ses affaires, qui n'est pas très en lien avec
les autres nations. On trouve beaucoup de généralités, mais très peu de
chiffres.» La préparation des dossiers a donc été laborieuse, mais pour une
«négociatrice» d'expérience comme Véronique, le défi a été aisément relevé…
au bout de 200 «petites heures» de recherche.
Chargée du comité baptisé Ensure Environmental Sustainability, Véronique
devait faire les négociations en matière d'environnement. À la table des
négociations, elle avait pour tâche de défendre la manière dont la Chine
entendait atteindre les trois principales cibles identifiées par les
organisateurs, soit l'accroissement de l'accès à l'eau potable pour les
populations rurales, la baisse des émissions des gaz à effet de serre et
l'amélioration des conditions sanitaires. C'est ce qu'elle savait de sa
participation avant son départ, mais c'était sans compter la culture
asiatique…
Beaucoup de discussions, peu d'action
«Ce fut un choc culturel, lance la négociatrice. J'ai participé plusieurs
fois aux simulations des Nations unies, notamment. J'ai l'habitude de ce
genre d'exercice. Mais là, pour la première fois, j'ai vécu la lenteur de la
diplomatie asiatique.» La plupart des délégations provenaient d'Asie, elles
ont donc imposé le rythme et leur façon de faire. «On parle longtemps et on
prend l'opinion de tout le monde, même des joueurs moins importants,
poursuit Véronique. Ça tranche avec nos façons de faire nord-américaines,
beaucoup plus pragmatiques, efficaces.»
Autre «ombre» au tableau : il n'y avait pas de procédure officielle dans
les négociations. Ce qui a surpris l'équipe canadienne. Qu'à cela ne tienne,
les Canadiens se sont pliés à cette façon de faire, ils ont joué selon leurs
règles. «Plus que dans le jeu des négociations en tant que tel, c'est donc
dans le bouillonnement culturel que j'ai le plus profité de mon séjour en
Chine, résume Véronique. J'ai adoré Pékin et j'entends bien y retourner dans
un avenir rapproché.»
Réduire l'écart entre populations et gouvernements
En tant que diplomate ou comme touriste? Quand on lui pose la question,
Véronique dit qu'elle ne le sait pas encore. Une chose est certaine, après
son baccalauréat, elle travaillera sans doute dans le monde de la
négociation. «C'est en moi», lance la jeune femme qui vient d'un milieu où
la politique est très présente, entre une grand-mère qui travaillait aux
Affaires étrangères et une sœur qui a complété un baccalauréat en politique.
D'ici-là, elle continuera de participer aux simulations de négociations
internationales. «Ces occasions sont très riches sur le plan humain,
conclut-elle. Elles aident à réduire l'écart entre les populations et les
gouvernements, car elles permettent aux participants de mieux comprendre les
enjeux globaux, les interactions entre les États et les implications de
leurs engagements.» Et à se familiariser avec les autres cultures…
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Véronique Martel a participé au Global Challenge 2015, une
simulation de négociations internationales qui s'est déroulée à
Pékin, du 19 au 21 août.
Photo SSF : Jacques Beauchesne |