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Liaison, 2 septembre 2004
Stage en santé au Pérou
Faire une différence à long terme
STÉPHANIE RAYMOND
Donne un médicament à Pablo, tu le soulageras pour une journée.
Apprend-lui à se soigner, tu le guériras pour la vie.» C'est ce que
pourraient dire les huit étudiants, deux de l'Université et six du Collège
de Sherbrooke, partis former des promoteurs en santé à Quillabamba au Pérou,
du 25 mai au 2 août.
«Notre but était de former des intervenants en santé qui travailleront
ensuite auprès de la population, en collaboration avec l'organisme Ayni
Salud, explique Julie Bélisle, étudiante en sciences infirmières à
l'Université. La formation touchait aussi bien la santé des enfants que leur
estime de soi. Tout cela dans une optique de développement durable, pour que
le travail continue après notre départ.»
Améliorer la santé et dénoncer les problèmes sociaux
Les six collégiennes en soins infirmiers, l'étudiante en sciences
infirmières et l'étudiant en philosophie titulaire d'un DEC en soins
infirmiers se sont séparés en quatre équipes.
Deux équipes étaient chargées de produire des documents portant sur la
diarrhée, la déshydratation et la tuberculose. «Le défi était de produire
des écrits facilement compréhensibles par les promoteurs en santé, qui n'ont
pas fait de grandes études. Ces promoteurs donneront ensuite des cours à la
population.»
Les deux autres équipes ont mené des projets de recherche sur la violence
conjugale et les habitudes alimentaires des enfants de moins de cinq ans.
«Nous voulions mettre des chiffres sur ces faits pour dénoncer les
problèmes, continue Julie Bélisle. À la fin de notre séjour, nous avons
présenté nos résultats de recherche. Le sujet de la violence conjugale a
créé bien des remous dans l'assistance, car les problèmes sociaux sont
tabous là-bas, et ils sont en quelque sorte acceptés.»
Ces recherches avaient pour but de faire appliquer la loi ou de la
modifier. «Un homme qui bat sa femme sera expulsé un mois de la maison selon
la loi, explique l'étudiante. Mais comme il est le gagne-pain de la famille,
cela occasionne des problèmes financiers. Et la violence continue quand il
revient. Grâce à l'étude que nous avons faite, cette loi pourrait être
changée.»
Des campagnes de santé ont également été organisées dans les villages de
la région. «Deux semaines à l'avance, on annonçait aux gens du village que
des soins de santé à prix modique leur seraient offerts : arrachement de
dents, examen du col de l'utérus, mesure du poids et de la taille des
enfants pour voir s'ils souffrent de malnutrition, etc. On pouvait ainsi
soigner 250 personnes par jour, dans un espace très restreint. L'important
était surtout d'entrer en contact avec ces gens, et de leur parler de santé,
d'alimentation et de planification familiale.»
Ouverture d'esprit
Les étudiants logeaient dans des familles d'accueil. «Il faut de
l'ouverture d'esprit en raison de la différence de valeurs. Par exemple,
tout le monde est responsable de tout le monde là-bas. Si tu sors avec le
grand frère, il est responsable de toi. Si tu arrives à 21 h, tu devras
donner des explications. Mais ces différences valent la peine d'être
acceptées, car si c'est ainsi, c'est parce que tu es considéré comme un
membre de la famille.»
Ce que Julie Bélisle trouve le plus difficile est de voir que les
Péruviens sont dépendants de l'aide extérieure. «Je rêve du jour où leur
économie leur permettra de bien vivre par eux-mêmes.» Heureusement, ils s'en
sortent à peu près grâce à leur solidarité et à leur débrouillardise : «Les
Péruviens ne sont vraiment pas individualistes, ils s'entraident énormément.
Et c'est fou de voir ce qu'ils peuvent faire avec presque rien», termine la
jeune femme, qui ne rêve que de repartir.
Le projet était parrainé par Québec sans frontières, et financé en partie
par le Carrefour de solidarité internationale.
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Julie Bélisle, étudiante en sciences infirmières.
Photo SSF : Jacques Beauchesne |