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Liaison région, 17 mars 2005

 

 
À l'âge de 88 ans, Jules Huard jouit d'une forme physique exemplaire. Il fréquente le Centre sportif de l'Université de Sherbrooke jusqu'à cinq fois par semaine.

À l'âge de 88 ans, Jules Huard jouit d'une forme physique exemplaire. Il fréquente le Centre sportif de l'Université de Sherbrooke jusqu'à cinq fois par semaine.

Photo SSF : Roger Lafontaine

 


«Enlève-moi mes amis et la piscine, je deviens un petit vieux»

ETIENNE SAMSON

Quand on rencontre un homme de 88 ans, on pourrait s'attendre à voir un homme frêle, en veston, une canne à la main. Ce n'est pas le cas de Jules Huard, un gaillard qui fréquente le Centre sportif de l'Université de Sherbrooke jusqu'à cinq fois par semaine. Survêtement de sport, casquette et sac à dos, c'est ainsi vêtu qu'il rejoint ses amis, à 6 h le matin, avant d'entamer ses 45 minutes de natation. Ce rituel, Jules Huard le répète depuis les années soixante.

En fait, Jules Huard s'intéresse à la natation depuis son enfance. Né aux abords du lac Mégantic, il nageait chaque fois qu'il en avait l'occasion. Il croit d'ailleurs que sa passion pour ce sport recèle le secret de sa forme physique. «Enlève-moi mes amis et la piscine, je deviens un petit vieux qui n'est plus capable de marcher», affirme-t-il. À son âge, il peut se vanter de ne prendre aucun médicament, et de bien voir sans porter de lunettes.

Une vie au service des autres

Jules Huard a passé sa vie au service de son entourage. Tout d'abord, à l'époque où apparaissaient les premières machines agricoles, il persuadait les fermiers de prendre plus de temps pour eux en troquant leurs chevaux pour des tracteurs. Il leur démontrait à quel point la machinerie facilitait le labour. «Les gens étaient impressionnés en voyant ça aller, se souvient-il. Ça se faisait tout seul!»

Jules Huard a toujours voulu aider les gens, leur permettre de prendre le temps de vivre. Entrepreneur émérite, il est demeuré son propre patron jusqu'à la retraite. «J'étais bon vendeur parce que j'aime le monde», confie-t-il. Il a ainsi vendu de la machinerie agricole jusqu'à ses 60 ans, la mort d'un de ses fils le poussant à changer d'univers.

Jules Huard a par la suite lancé d'autres entreprises, certaines fructueuses, d'autres moins, toujours motivé par ce plaisir de côtoyer le public. Jamais il ne s'est laissé abattre par les échecs ou les difficultés, dont celle de la perte de son fils. «Je ne me suis à aucun moment senti battu, jamais démotivé. J'ai toujours su voir loin dans l'épreuve. C'est aussi ça, ma santé», admet-il, pensif.

Je voyage avec Jules! 

Après la vente de sa dernière entreprise, dont les ramifications s'étendaient à l'échelle provinciale, Jules Huard devient membre de l'âge d'or. Il décide alors d'organiser des voyages pour permettre aux personnes âgées de sortir de la ville, de découvrir du pays. «Je voyage avec Jules!» disait la publicité. Au départ, les groupes se rendaient seulement chez les Pères blancs et les Sœurs missionnaires, qui leur racontaient leurs voyages autour du globe. «Les gens aimaient voyager avec moi parce que je savais ce qu'ils voulaient. Je savais où les amener», raconte-t-il.

Puis, Jules Huard s'est mis à les accompagner aux quatre coins de la province. Il se souvient d'ailleurs que, trop souvent, les gens connaissaient mal leur propre pays. «Une fois, j'ai emmené du monde visiter la baie James. Vu que c'était gros et loin, certaines personnes m'ont demandé s'il fallait apporter de l'argent américain. Je leur ai répondu que c'est à nous ça, que ça a été construit par nos ingénieurs!» lance-t-il, fier de sa patrie.

Aide aux néo-Canadiens

À 88 ans, Jules Huard n'organise plus de voyage. Par contre, il apporte depuis une dizaine d'années son aide aux immigrants, grâce entre autres au précieux appui du maire de Coaticook, André Langevin. Il s'est fixé comme objectif de leur trouver du travail pour assurer leur autonomie financière et leur intégration. «C'est du bon monde, du bon monde», insiste-t-il. C'est à le voir si convaincu que l'on comprend à quel point il aime les gens. Son entourage le félicite d'ailleurs d'avoir eu l'audace de frapper à la porte des employeurs pour présenter des gens plutôt que des curriculum vitae.

En parlant d'une infirmière yougoslave et de sa famille, qu'il a aidé à s'intégrer, il explique lui avoir dit, avec des mots simples, pour qu'elle comprenne : «Moi papa Québec, je vais m'occuper de vous autres, moi.» En l'entendant, on sent la détermination qu'il devait exprimer au moment de prononcer ces paroles la première fois.

Un court instant le front dans la main, pour se rappeler tous les noms, et il détaille ensuite les professions et études de chacun, énonçant au passage leurs qualités. L'un étudie à l'université, l'autre est devenue infirmière, comme sa mère…

Si vous avez la chance de côtoyer Jules Huard à la piscine de l'Université de Sherbrooke ou ailleurs, vous découvrirez un homme chaleureux qui aime les gens au point d'investir toute une vie à améliorer le sort des autres, à élargir les horizons de tout un chacun. On ne change pas le monde du jour au lendemain, mais bien petit à petit, comme tant de kilomètres à la nage que Jules Huard a parcouru dans sa vie, brasse après brasse.

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