Dans une logique de développement durable
Concilier le chaud et le froid dans nos arénas
Êtes-vous de ces parents qui passent une bonne partie de leurs
week-ends, entre les mois de septembre et d'avril, dans l'une ou l'autre des
quelque 250 arénas du Québec? Si oui, sans doute êtes-vous davantage
intéressé par ce qui se passe sur la glace que par les systèmes de
réfrigération qui la maintiennent en bon état. Peut-être ne devriez-vous
pas! Il s'y passe des choses capitales d'un point de vue environnemental.
CHARLES VINCENT
Imaginez! D'un côté, on s'efforce dans une aréna de réfrigérer la
patinoire sur laquelle s'amusent vos bambins, de l'autre on réchauffe les
estrades pour que vous puissiez admirer leurs prouesses dans un relatif
confort (une aréna restant quand même une aréna!). Et, croyez-le ou non, à
l'heure actuelle dans la très grande majorité des arénas, il n'existe aucun
lien entre les deux systèmes. La chaleur dégagée par le système de
réfrigération est bêtement expulsée dehors, sans égard aux besoins de
chauffage.
C'est pour mettre un terme à cette situation que Nicolas Galanis,
professeur à la Faculté de génie de l'Université de Sherbrooke, dirige
actuellement des recherches sur l'efficacité énergétique dans les arénas et
curlings. Subventionnées à hauteur de 410 000 $ par le Conseil de recherches
en sciences naturelles et en génie du Canada, ces recherches visent non
seulement la réduction des coûts d'exploitation, mais aussi la prévention de
l'environnement dans une perspective de développement durable.
En collaboration avec deux collègues du Département de génie mécanique,
André Lanneville et Yves Mercadier, et un autre de l'Université Concordia,
Nicolas Galanis travaille à mettre sur pied des outils d'évaluation de la
performance des systèmes mécaniques, des mouvements de l'air et des
transferts de chaleur à l'intérieur des arénas. À terme, l'objectif est de
créer des méthodes de conception et des règles d'opération susceptibles
d'améliorer la performance énergétique de ces bâtiments.
Déjà, grâce à des études préliminaires, on sait qu'en intégrant les
systèmes énergétiques des arénas, en combinant le chaud et le froid, on
pourrait épargner annuellement 1300 Gwh au Canada, soit l'équivalent de la
consommation énergétique annuelle de 46 000 résidences unifamiliales, tout
en réduisant d'environ 0,5 méga-tonnes les rejets de CO2 dans l'atmosphère.
Et ça, ce n'est que pour les arénas. Car, comme le souligne Nicolas Galanis,
les résultats de ces recherches pourraient avoir une incidence dans
plusieurs autres domaines.
«On rencontre le même genre de problème dans les supermarchés,
précise-t-il. Là aussi, pour réfrigérer les comptoirs, on génère toujours
plus de chaleur que de froid, et cette chaleur n'est pas récupérée.» Les
pistes de solution qui seront identifiées par le professeur et son équipe
pourraient aussi être utilisées pour des salles de spectacles, des
entrepôts, des gymnases, etc.
Nicolas Galanis n'en est pas à ses premières armes dans le domaine de
l'économie d'énergie. Il collabore depuis quatre ans avec le Centre de la
technologie de l'énergie de CANMET-Varennes, un organisme qui conçoit et
déploie des solutions technologiques et des connaissances pour produire et
utiliser l'énergie de façon durable et efficace, tout en diminuant les
émissions de gaz à effet de serre.
Tout récemment, cet organisme s'est vu confier par l'American Society of
Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers le mandat de revoir
les normes dans les arénas et curlings de l'ensemble de l'Amérique du Nord.
Nicolas Galanis agit comme consultant scientifique pour ce projet qui
constitue la suite d'une thèse de doctorat en génie mécanique réalisée avec
le support scientifique et financier du Centre de la technologie de
l'énergie de CANMET-Varennes.
Photo SSF : Roger Lafontaine
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