Liaison, 10 juin 2004

Nouveautés disques

Critique invité : RENO FORTIN
Agent d'information

L'auteur-compositeur-interprète Sylvain Lelièvre a laissé derrière lui une œuvre solide quoique effacée. Ce poète du quotidien, dont certaines compositions rappellent la mélancolie du jazz, a opté pour ce répertoire spécifique et quelques surprises sur un album nommé Versant jazz, paru en 2002. Plus qu'un succès d'estime, sa carrière prend alors un second souffle tandis que l'homme s'éteint subitement le 30 avril 2002 à l'âge de 59 ans.

Ce Versant jazz volume 2 qui vient de paraître pourrait être considéré comme une entreprise purement mercantile. Il n'en est rien, c'est plutôt la fin du deuil. Ce nouvel opus présente la suite de ces fabuleux spectacles enregistrés en novembre 2001 au Lion d'Or, sympathique boîte de la rue Ontario à Montréal. Ce deuxième volume, c'est après l'entracte, où la musique et l'ambiance reprennent avec le même souffle, la même énergie. Le groupe de six musiciens est ici irréprochable. Le choix du matériel demeure judicieux («Lettre de Toronto», «Petit matin», «Drummondville») et les arrangements à saveur jazz sont toujours aussi impeccables.

Un DVD d'une quinzaine de minutes, objet posthume offert en complément, relate la démarche de l'artiste par des entrevues et des extraits de spectacles. Si vous possédez le volume 1, cette suite est une évidence. Pour les autres, ces deux volumes ne sont vraiment pas «des choses inutiles».

Le saxophoniste ténor Bennie Wallace, qui effectue un retour sur disque, propose un excellent album de balades de jazz intitulé The Nearness of You. Voilà une réussite qui plaira au plus grand nombre. Un gros son de sax bien rond, imaginez Coleman Hawkins, dans un répertoire à vous donner des idées et possiblement des ennuis si vous ne l'écoutez pas avec la bonne personne. Évidemment, Wallace n'est pas seul, pour l'occasion, il invite deux «grosses pointures» à se joindre à lui à New York pour l'enregistrement : le pianiste Kenny Barron, actuellement au sommet de son art, et le contrebassiste Eddie Gomez, un caméléon qui continue de rouler sa bosse. La batterie? Inutile ici.

Bennie Wallace est originaire du sud des États-Unis. Sa culture musicale baigne dans le blues, le gospel et le jazz. On peut entendre tout ça sur The Nearness of You paru d'abord chez Enja en Europe et distribué chez nous par la maison montréalaise Justin Time. L'homme joue du saxophone depuis plus de 45 ans. Il a partagé la scène avec plusieurs grands noms du jazz. Je vous invite avec enthousiasme à profiter de cette valeur sûre qui révèle une nouvelle maturité chez Wallace. Mais attention, je ne me rends aucunement responsable des actes qui découlent de l'écoute de cette superbe galette.

Un été sans musique est comme une saison sans soleil. Alors sortez le maillot, nettoyez la piscine, préparez le BBQ et achetez le premier et nouvel album de Rest Area nommé Rolling. Un produit entièrement québécois, mais qui sonne vachement international. Et pour cause, la musique de Rest Area se retrouve déjà sur des compilations de musique lounge en Europe et aux États-Unis ainsi que dans la série télévisée américaine Sex in the City.

Voilà 60 minutes de musique qui colle merveilleusement bien à la formule 5 à 7 entre amis. C'est frais, de bonne humeur et dansant. Un mélange de lounge, de house et d'électro à saveur jazzée. Vous voulez des comparaisons, pensez à Saint-Germain ou à certains passages musico-humoristiques de la série La Vie, La Vie. Ce bonbon pas trop sucré est mis en chantier par le Montréalais Patrice Dubuc, qui écrit, joue et produit ce surprenant Rolling. Les musiciens de jazz Jean-Pierre Zannella au saxophone et Muhammad Abdul Al-Khabyyr au trombone ajoutent de la chaleur à un album dont la température est déjà passablement élevée.

Si ce savoureux mélange des genres est votre tasse de thé… glacé, ne boudez pas votre plaisir, la vie est courte et l'été encore davantage.

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