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Liaison, 10 juin 2004
Sushi, kimono et geisha
CATHERINE LABRECQUE
Quel est le premier mot qui vous vient en tête lorsqu'on vous parle du
Japon?» Caroline Rivard, étudiante à la maîtrise en littérature canadienne
comparée, pose la question, le regard saturé des idées préconçues face à ce
pays. Sans réfléchir une seconde, elle énumère tout bonnement en guise de
réponse des mots qui correspondent selon elle à des clichés : «Un kimono?
une geisha? du sushi?» En soulevant cette réflexion, Caroline Rivard veut
prouver que ce pays demeure méconnu d'une grande partie de la population.
Afin de découvrir d'autres réalités du Japon, elle s'est envolée de l'autre
côté du globe le 27 avril. Enseigner l'anglais et le français à des
étudiants japonais représente pour elle la porte d'entrée à cette riche
culture asiatique.
Dans la ville de Fukushima, en banlieue de Tokyo, Caroline Rivard
s'inspirera de l'environnement et des gens qu'elle côtoiera pendant deux
mois pour se forger une opinion. «Je veux déconstruire l'image qu'on se fait
du Japon pour m'en construire une nouvelle, basée sur mon expérience.» Elle
a toutefois une petite idée quant à l'image qu'elle gardera d'eux à son
retour en juin : «Je pense que nous avons tendance à imaginer deux peuples
fort différents, en partie à cause de l'incompréhension qu'éveille en nous
la langue des Japonais. Au fond, je pense que nous nous ressemblons, entre
autres par notre mode de vie. Nous sommes des gens très occupés, à travers
la famille et le boulot.»
Les Pignons verts au Japon
En tant qu'assistante d'une enseignante japonaise, Caroline Rivard
enseignera à des élèves de sept à vingt ans. Comme elle ne maîtrise
pratiquement pas le japonais, elle se débrouillera avec l'anglais. En plus
de vouloir apprendre le plus possible d'éléments de la culture des Japonais,
elle entend faire connaître les cultures québécoise et canadienne à ses
élèves. Selon ses recherches, un livre canadien connu des Japonais est la
version originale anglaise d'Anne... la maison aux pignons verts. «Je leur
donnerai accès à notre culture à l'aide des cinq sens. Je souhaite leur
concocter des mets typiques comme de la poutine, leur faire entendre de la
musique, leur montrer des photos, les renseigner sur nos coutumes comme
notre sapin de Noël et parler des fêtes telles que l'Halloween. Je veux
aussi leur faire lire des livres d'auteurs canadiens et québécois comme
Stuart Maclean et Gabrielle Roy.»
Ayant choisi le Japon comme terre d'accueil pour son séjour, Caroline
Rivard souhaite être totalement dépaysée. «Je suis déjà allée au Pérou.
Cette fois, je voulais vivre une expérience différente, être plongée dans un
environnement qui contraste avec le Québec.» Ce travail se divise en trois
volets qui représentent autant d'expériences à vivre pour elle : «J'y vois
d'abord un intérêt du côté culturel puisqu'il y a une richesse sur ce plan à
partager entre les deux peuples. Puis du côté humanitaire, parce
j'apporterai bénévolement de l'aide dans l'école. Finalement, du côté
religieux, alors que j'aurai la chance de voir comment les Japonais vivent
leur spiritualité.»
Simplicité de vie
Caroline Rivard vit présentement sa première expérience d'enseignement à
l'étranger et souhaite en revivre d'autres dans l'avenir. Ce voyage s'est
concrétisé grâce au projet Jeunes en visitation, organisé par des Sœurs de
la Congrégation de Notre-Dame. Ce projet implique une réelle motivation de
la part des participants. «Je ne vais pas là pour visiter les lieux
touristiques, mais d'abord pour offrir mon aide, pour contribuer à
l'éducation des jeunes. Je vivrai dans une communauté d'une vingtaine de
Sœurs de la congrégation d'origine japonaise et canadienne. Dans un projet
comme celui-ci, la motivation des participants est d'autant grande qu'elle
n'est pas influencée par l'appât pécuniaire. Au cœur de cet environnement,
je souhaite trouver une tranquillité et une simplicité de vie.»
Depuis la création de Jeunes en visitation, en 1999, Caroline Rivard est
la première à aller au Japon. Son expérience sera certes utile pour les
prochaines personnes qui partiront dans ce pays. Caroline Rivard parlera de
son expérience lors des séances de préparation organisées par les Sœurs de
la Congrégation pour les participants aux voyages.
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Caroline Rivard, étudiante à la maîtrise en littérature comparée,
enseigne présentement l'anglais et le français à des étudiants du
Japon.
Photo SSF : Roger Lafontaine |