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Liaison, 20 mai 2004
L'Université se dote d'un centre
de recherche en amélioration végétale
SOPHIE PAYEUR
Carole Beaulieu est heureuse : désormais, le Québec aura une vitrine pour
exhiber sa riche expertise en agriculture végétale. «La meilleure au
Canada!», lance la microbiologiste spécialiste de la gale commune des pommes
de terre. «Le Québec peut compter sur de brillants chercheurs en agriculture
végétale. Il est temps qu'on en parle!»
Le Fonds québécois pour la recherche sur la nature et les technologies
vient en effet d'attribuer à l'Université le financement nécessaire à la
création de Sève, le Centre de recherche en amélioration végétale.
Regroupant des chercheuses et chercheurs des quatre coins du Québec, le
centre veut faire progresser les connaissances et mettre au point des outils
qui stimulent la productivité végétale. Les recherches porteront sur les
cultures agricoles, les plantes urbaines ainsi que l'horticulture. Hormis la
foresterie, tout le règne végétal sera scruté. «Les recherches sur le monde
végétal ont longtemps été pratiquées dans les facultés d'agriculture,
explique Carole Beaulieu. Aujourd'hui, les scientifiques se retrouvent aussi
dans les départements de biologie, de microbiologie, etc. Un de nos buts est
de resserrer les liens entre ces chercheurs mais aussi entre les
producteurs, les industriels et les décideurs.»
Dirigé par Carole Beaulieu et rattaché à l'UdeS, Sève comptera une
quarantaine de chercheuses et chercheurs provenant également de l'Université
Laval, de l'Université McGill, de l'Université de Montréal et de
l'Université du Québec à Trois-Rivières. Des scientifiques des milieux
gouvernemental et privé contribueront aussi aux travaux.
Le centre s'est donné deux axes d'exploration scientifique. Le premier
concerne la réduction des gaz à effet de serre. Sève espère concevoir des
cultures plus productives et de qualité supérieure. «Nous envisageons entre
autres des actions directes sur les végétaux. Par exemple, une plante dont
les racines représentent la portion dominante du végétal absorbera davantage
de gaz carbonique, un important gaz à effet de serre.»
Le second axe de recherche vise à réduire l'utilisation de produits
chimiques nuisibles à l'environnement. Les scientifiques s'attarderont à
développer des méthodes de protection des plantes plus respectueuses de
l'environnement. «Nous travaillerons à identifier les processus moléculaires
qui entrent en jeu lorsque les plantes se défendent contre les parasites,
précise Carole Beaulieu. L'utilisation de plantes modifiées génétiquement
est un bon moyen pour y arriver. On pourra ainsi concevoir des moyens de
défense alternatifs tels que des biopesticides.»
Sève entend porter un regard critique sur ses propres recherches ainsi
que sur les techniques susceptibles d'en découler. Les enjeux sociaux et
environnementaux soulevés par les activités du centre ne seront donc pas
laissés en reste. «Les consommateurs veulent des fruits et des légumes
parfaits et réclament des aliments inoffensifs pour leur santé. En même
temps, ils boudent la pomme de terre biologique sur laquelle apparaît une
tache noire, même si elle est sans danger!» Des chercheuses et chercheurs,
dont des philosophes, se pencheront sur le discours des consommateurs afin
de mieux cerner les façons dont ils perçoivent les travaux de recherche.
«Nous voulons mettre au point des stratégies de communication et d'éducation
qui tiennent compte des besoins de la population.» Sève sera officiellement
inauguré en juin.
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La professeure de biologie Carole Beaulieu dirigera le nouveau
Centre de recherche en amélioration végétale.
Photo SSF : Roger Lafontaine |