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Liaison, 20 mai 2004
L'Université et la révolution informatique
Robin Renaud
Au début des années 60, il était sans doute difficile d'envisager que
l'informatique allait devenir incontournable quatre décennies plus tard.
La Faculté des sciences venait d'acquérir son premier ordinateur LGP-30 au
coût de 35 000 $, une fortune à l'époque. Ce colosse pouvait résoudre en
dix minutes des calculs qui prenaient aux professeurs quinze minutes à
effectuer! Qu'à cela ne tienne, les professeurs pouvaient s'enorgueillir
de posséder un premier système de traitement informatisé.
En 1967, l'Université a créé le Centre de calcul. Au sous-sol de la
résidence des professeurs, un ordinateur était mis à la disposition de la
communauté universitaire. À cette époque, l'ordinateur ne comportait pas
d'écran. «La seule façon d'entrer en communication avec l'ordinateur,
c'était grâce à des cartes perforées. Les résultats des opérations étaient
communiqués sur des rouleaux de papier», rappelle Hermann Théberge, qui
étudiait en informatique à la fin des années 1960, avant d'entrer au
Service de l'informatique en 1973.
«Le Centre de calcul était ouvert même la nuit. L'équipement ne
suffisait pas, pendant le jour, à traiter tous les travaux. Chaque travail
nécessitait toutes les ressources de l'ordinateur. Il y avait donc du
personnel jour et nuit. Les employés avaient beaucoup de manipulations à
faire, avec les cartes perforées. D'ailleurs, il fallait préparer la pile
de cartes dans un ordre précis. Si un étudiant échappait sa pile de cartes
par terre, c'était pour lui un véritable cauchemar!»
Dans les années 70, le Centre de calcul est devenu le Service de
l'informatique. Le changement n'était pas anodin : jusqu'alors, on avait
considéré l'ordinateur presque uniquement comme un outil de calcul
scientifique et administratif. Or, les premiers programmes de traitement
de texte faisaient leur apparition dans les différentes facultés. On était
encore bien loin des ordinateurs personnels d'aujourd'hui. «Les usagers
avaient accès à des salles de terminaux. Toutefois, ils devaient encore se
raccorder à l'ordinateur central pour effectuer leurs tâches. L'arrivée
des terminaux a permis de décentraliser l'accès et il n'était plus
nécessaire de venir au Centre de calcul. Toutefois à l'époque, le nombre
d'utilisateurs était limité parce que l'ordinateur central ne pouvait
accommoder qu'un petit nombre d'usagers à la fois», poursuit Hermann
Théberge.
Au tournant des années 80 sont apparus les premiers appareils de marque
Ontel et AES. Ils servaient surtout au traitement de texte, mais ils
annonçaient une nouvelle évolution : la démocratisation de l'informatique.
Quelques années plus tard, ce furent les géants Apple et IBM qui prirent
la relève. À partir de ce moment, l'explosion informatique était
enclenchée. «Il ne s'agissait plus de terminaux, mais bien de
micro-ordinateurs personnels qui pouvaient opérer de manière autonome. On
n'avait plus besoin de recourir à l'ordinateur central pour des opérations
complexes. Les logiciels de bases de données et les tableurs devenaient
des outils précieux et disponibles pour plusieurs. Au besoin, les
utilisateurs pouvaient aussi communiquer par modem avec d'autres systèmes,
que ce soit sur le campus ou au bout du monde», résume Hermann Théberge.
L'ère de l'Internet était à nos portes.
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En novembre 1996, la Folle Course informatique
réunit 160 participants
qui sont appelés à résoudre
des énigmes grâce à l'ordinateur.
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Une perforatrice de cartes permettait
de préparer les commandes à
transmettre
aux ordinateurs dans les années 60. |
Pierre Martel (au premier plan) et Michel Théoret
utilisent un des
premiers appareils
de traitement de texte à l'UdeS.
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L'ordinateur LGP-30 de la Faculté des sciences
a été acquis en 1960 au
coût de 35 000 $.
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Laboratoire de micro-ordinateurs PC à la
Faculté des lettres et
sciences humaines en 1989. |
L'ordinateur IBM 360 modèle 30
que l'on trouvait au Centre de calcul
à
la fin des années 1960, au sous-sol
de l'actuel Pavillon J.-S.-Bourque.
La
personne qui change le disque amovible
modèle 1311 est possiblement Yvan
Blier. |
Au Centre de calcul, les étudiants pouvaient
se présenter à toute heure
du jour ou de la nuit
pour faire perforer des cartes. On trouve aussi
un
appareil de marque Mohawk qui servait
aux premières transmissions de
données
entre le Centre de calcul et la Faculté de médecine. |
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