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Sami Aoun à l'école Le Ber
CATHERINE LABRECQUE
Les enjeux de la mondialisation et des droits humains peuvent être un
mystère pour plusieurs élèves du secondaire. Le mystère est du moins
partiellement éclairci pour un certain nombre en cinquième secondaire de
l'école Le Ber, à qui Sami Aoun, professeur spécialiste du Moyen-Orient au
Département d'histoire et de sciences politiques, s'est adressé le 23 mars.
Quatre étudiantes du baccalauréat en sciences politiques ont organisé cette
rencontre qui s'inscrit dans les objectifs d'un cours. Elles ont ainsi
choisi de sensibiliser les jeunes à cette thématique afin d'éveiller leur
conscience sociale.
«Dans le cadre du cours Grandes thématiques internationales : la
promotion et la protection des droits de la personne, une responsabilité
individuelle et communautaire, donné par Raymonde Martineau, notre projet de
fin de session consistait à réaliser une activité de sensibilisation et de
promotion des droits de la personne», expliquent les étudiantes Amélie Guay,
Véronique Martel, Lorraine Simonnet et Kristen Pétillon. «Nous avons choisi
de jumeler notre projet à celui d'une classe de cinquième secondaire de
l'école Le Ber qui suit le cours Environnement et défis sociaux portant sur
la mondialisation. Pendant les semaines précédant la conférence, nous avons
présenté de manière théorique quelques notions de base en matière de droits
de la personne. Nous avons ensuite aidé les élèves à organiser la conférence
afin de les faire participer activement au processus de promotion et de
défense des droits de la personne dans leur communauté.
Bénéficiaire de la mondialisation
Parmi les 150 personnes réunies à l'auditorium, des élèves ont posé
plusieurs questions aux deux spécialistes : Sami Aoun et Geneviève Lessard,
agente de programme chez Droits et Démocratie et chercheuse pour le Groupe
de recherche sur l'intégration continentale. À la question «Qui seront les
bénéficiaires de la mondialisation?», Sami Aoun a répondu : «La
mondialisation est un phénomène qui s'impose. C'est presque une fatalité.
Elle sera bénéfique dans un premier temps à un petit nombre de personnes,
puis à un plus grand nombre. Par exemple, l'imprimerie a surtout servi au
départ à imprimer la Bible, puis avec le temps, elle est devenue utilisée
pour tous les livres. La mondialisation sera profitable premièrement pour
l'Occident industrialisé et plus tard, d'autres peuples pourront en
profiter. Dans les pays qui s'ouvrent à la mondialisation, certains en
profitent, mais ne distribuent pas les richesses. Selon moi, les pays
doivent être à l'intérieur de la mondialisation pour en ressentir les
avantages. D'un autre côté, la mondialisation véhicule le capitalisme qui
produit de la richesse, mais ne la distribue pas.»
Impact sur la sphère économique
Un élève a voulu connaître l'impact de la mondialisation sur la sphère
économique des pays industrialisés et sous-développés. «Le fossé s'élargit
entre le Nord et le Sud, respectivement les riches et les pauvres, a
expliqué Sami Aoun. L'intervention plus musclée d'organismes tels l'ONU ou
le G8 est souhaitable. Il est aussi souhaitable que l'État distribue les
richesses au lieu de les garder. Malheureusement, nous ne sommes pas à ce
niveau. Actuellement, des multinationales emploient des personnes à travers
le monde, mais ne tiennent pas compte de façon universelle des droits de la
personne. Par exemple, des ouvriers indiens devraient être traités comme des
ouvriers canadiens.» Quand on lui a demandé comment il prédisait l'avènement
de la mondialisation dans le monde, le professeur a répondu : «La
mondialisation se voit de plus en plus, ne serait-ce que par le nombre de
vols internationaux ou le nombre de personnes polyglottes qui augmente.
L'une des retombées sera une ouverture sur le monde. Des chocs, des
traumatismes accompagnent toute ouverture, et ils se transforment parfois en
conflit ou en guerre.»
Quant à elle, Geneviève Lessard a vulgarisé les caractéristiques des
modèles de libre-échange comme l'ALENA et la ZLEA. Elle a aussi abordé le
système de protection des droits humains de l'Amérique, qui inclut une
commission et une cour interaméricaine des droits de la personne. «Les
droits à la santé et à l'éducation peuvent notamment se trouver menacés dans
les accords de libre-échange», a-t-elle révélé.
Lorraine Simonnet se dit satisfaite du déroulement de la conférence :
«L'activité avait pour but de sensibiliser les jeunes pour qu'ils
s'investissent et voient ce qu'ils peuvent faire concernant les droits
humains. En plus d'avoir pu parler à des spécialistes, ils ont appris
comment organiser une conférence.» Pour l'enseignant Robert Gauthier, de
l'école Le Ber, la conférence a permis à ses élèves une prise de conscience
: «Le contact avec des spécialistes constitue une occasion de leur ouvrir
les yeux. C'est important qu'ils sachent qu'ils peuvent agir sur leur
milieu. La conférence aura des impacts lors du prochain cours, qui porte sur
les médias. Les élèves apprendront à ne pas se laisser influencer par les
médias, à devenir critiques.»
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