Liaison, 8 avril 2004
Deux nouvelles chaires de recherche
GILLES PELLOILLE
Deux nouveaux professeurs de l'Université ont été nommés le 5 avril
titulaires de chaires de recherche du Canada. Luc Fréchette développera
des microsystèmes électromécaniques de conversion d'énergie, par exemple
des microturbines et des piles à combustible de la taille d'une pièce de
dix cents. Brendan Bell étudiera pour sa part les mécanismes par lesquels
les gènes s'expriment anormalement dans les cellules cancéreuses ou
infectées par le VIH.
Chaire de recherche du Canada en microsystèmes énergétiques
En tant que titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en
microsystèmes énergétiques, Luc Fréchette, qui mène actuellement ses
recherches à l'Université Columbia aux États-Unis, mettra à profit son
expérience des micromachines à haute vitesse pour développer des centrales
énergétiques de très petite taille. Celles-ci permettront une plus grande
autonomie des appareils électroniques portables et le développement de
nouvelles méthodes de refroidissement.
Le programme de recherche consistera à développer des microsystèmes
électromécaniques (MEMS) pour la conversion d'énergie. Des techniques de
microfabrication, comme la lithogravure sur silicone, seront utilisées
pour produire des turbines et des piles à combustible miniatures, incluant
toutes les composantes de telles petites centrales thermiques ou
chimiques. Combinés à un réservoir de carburant minuscule, ces
microsystèmes offriront une durée de vie ou une puissance jusqu'à dix fois
supérieure aux meilleures piles rechargeables que l'on trouve aujourd'hui
sur le marché.
Ces nouvelles sources d'énergie permettront une extension des fonctions
et de l'autonomie des appareils électroniques portatifs comme les
ordinateurs et les cellulaires, et elles rendront possible la création de
robots pour le sauvetage et la surveillance environnementale. Elles
offriront de plus la puissance nécessaire au fonctionnement d'un nombre
grandissant d'appareils biomédicaux portatifs.
Si cette technologie s'empare d'une part du marché mondial des piles,
l'impact économique des MEMS sera considérable. Avec une croissance
annuelle de 6 %, il est prévu que le marché des piles atteindra 59
milliards de dollars américains en 2006.
Chaire de recherche du Canada en régulation génique dans le cancer
et le sida
Brendan Bell, titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en
régulation génique dans le cancer et le sida, effectue actuellement ses
recherches au Centro de Regulació genòmica en Espagne. Grâce à la chaire,
il va chercher à identifier des dérèglements survenant dans l'expression
des gènes des cellules cancéreuses et des cellules infectées par le VIH
encore à l'état latent.
Brendan Bell s'appuie sur le constat que plusieurs cancers sont
associés à une altération du processus qui détermine normalement l'apoptose,
soit la mort cellulaire programmée. Ce constat s'applique particulièrement
à la voie d'expression génique TAF6_. À partir d'échantillons cliniques de
tissus provenant de seins et d'ovaires, le professeur veut voir l'impact
d'un tel dérèglement de TAF6_, comprendre son rôle et définir comment les
signaux de mort cellulaire s'expriment à l'échelle moléculaire.
En ce qui concerne le sida, le chercheur s'intéressera aux mécanismes
de latence du virus VIH. Les thérapies actuelles ne parviennent pas à
détruire le VIH dans les cellules infectées lorsque le virus y est encore
à l'état latent, état déterminé par l'expression génique. Brendan Bell se
propose de concentrer ses travaux sur le promoteur VIH-1 dans la
transcription du virus. En collaboration avec un spécialiste de la
spectroscopie de masse, il compte élucider certains des mécanismes
moléculaires.
Grâce à ces études, de nouvelles thérapies géniques contre le cancer et
le sida pourraient être mises au point au cours des prochaines années. Au
Canada, le cancer est actuellement la principale cause de mort prématurée
alors que le sida est l'infection la plus mortelle au monde. Pour opposer
des thérapies efficaces à ces deux maladies fatales, il reste encore à
comprendre plusieurs mécanismes moléculaires qui sont à l'œuvre dans les
cellules affectées.
41 chaires de recherche
Les deux chaires de recherche du Canada annoncées par Lucienne
Robillard, ministre de l'Industrie, portent à 41 le nombre de chaires à
l'Université. Forte de ces fleurons auxquels s'ajoutent ses 38 équipes et
centres de recherche reconnus, ainsi que de ses trois instituts de
recherche (Pharmacologie, Matériaux et systèmes intelligents,
Vieillissement), l'Université se situe à la fine pointe de la recherche
mondiale dans des domaines aussi variés que le vieillissement, le
dictionnaire du français standard en usage au Québec, le béton haute
performance, le génie parasismique, l'acoustique, l'environnement, la
compression de la parole, la fiscalité, la santé, la robotique mobile, la
chimie, les inadaptations sociales de l'enfance et les matériaux
quantiques.
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