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Ils ont créé un prototype de satellite
Comme un funambule
CATHERINE LABRECQUE
Quatre étudiants de génie informatique sont en pleine conception d'un
prototype de satellite bien particulier et innovateur : libre dans les airs,
il resterait immobile dans un état d'apesanteur et garderait l'orientation
voulue. Le projet Funambule fera vivre des sensations fortes aux étudiants
qui auront la chance de tester leur prototype dans des conditions similaires
à celles que vivent les astronautes dans la station spatiale internationale.
Les quatre concepteurs ont d'abord séjourné quelques jours en Hollande au
mois de mars et iront en France au début de juillet pour vivre l'expérience
ultime. L'émission Découvertes de Radio-Canada consacrera d'ailleurs un
reportage sur l'équipe et son expérience hors du commun.
Le début de l'aventure a commencé alors que François Pomerleau, Patrice
Gagné, François Boucher-Genesse et Dany Joly, tous étudiants de cinquième
session en génie informatique, se sont inscrits à un programme de l'Agence
spatiale européenne qui offrait la possibilité aux étudiants universitaires
de réaliser un projet de conception relié à l'aérospatiale et de le tester
lors d'une expérience de vol parabolique. Il y a environ un mois, l'équipe
de Sherbrooke apprenait qu'elle faisait partie des deux seules équipes
canadiennes sélectionnées.
Montagnes russes
François Pomerleau, dont l'expérience en aérospatiale le motive à faire
carrière dans ce domaine, explique le choix du projet : «Nous avons opté
pour un concept d'écran d'ordinateur pouvant tourner sur lui-même dans les
trois axes et qui, sans être fixé nulle part, pourrait garder une
orientation donnée. L'écran pourrait en tout temps demeurer dans le champ de
vision d'un astronaute, même si l'écran se déplace dans la station spatiale
internationale.» Cet audacieux objectif constitue également le projet de
session d'un cours suivi par les étudiants à la Faculté de génie. Mis à part
de nombreuses heures de travail intensives, le projet demande aux étudiants
de se surpasser pour concevoir un nano-satellite capable de se stabiliser en
rotation. Des objets pourraient s'attacher au satellite, comme un écran
d'ordinateur ou une lampe.
Du 11 au 14 mars, l'équipe était de passage en Hollande pour participer à
une séance d'information. Les aspects sécurité, technique et scientifique
ont été abordés en vue de l'expérience ultime en juillet. «Dans quelques
semaines, des employés de la compagnie de l'avion dans lequel nous vivrons
l'expérience inspecteront notre montage. Nous partirons ensuite pour
10 jours à Bordeaux au début juillet.» Afin de se familiariser avec les
sensations fortes, l'équipe passera la première journée dans les montagnes
russes. Puis, les membres vivront l'expérience sans doute inoubliable à
l'aéroport de Bordeaux à bord d'un Airbus, pendant un vol de deux heures.
«Pour créer l'effet voulu, la manœuvre consiste essentiellement à donner une
poussée à l'Airbus, incliné à environ 45 degrés, afin de ralentir les
moteurs. Cette manœuvre nous procurera 25 secondes d'apesanteur et se
répétera une trentaine de fois.» Cette méthode constitue la façon la plus
efficace de reproduire sur terre la même sensation qu'éprouvent les
astronautes dans la station internationale.
Faire ses preuves
Lors du test, le prototype devra faire ses preuves. L'équipe attachera
d'abord le satellite au centre de l'avion, puis le libérera pendant les
périodes d'apesanteur. S'il réagit comme prévu, le nano-satellite se
stabilisera à la position demandée. Des capteurs mesureront la vitesse et la
position de rotation. Malgré les inconvénients que plusieurs personnes
éprouvent en étant d'apesanteur, les étudiants admettent avoir très hâte au
mois de juillet : «Nous nous savons privilégiés de pouvoir vivre cette
expérience! C'est une chance unique!», lance François Pomerleau.
Ce projet nécessite des compétences en électrique, en informatique et en
mécanique, en plus de certains concepts en aérospatiale. Ces connaissances
permettront de relever des défis de conception : «Nous devons entre autres
concevoir un satellite le plus petit et le plus léger possible. Selon nos
prévisions, il pèsera environ trois kilos et mesurera 17 cm sur 17 cm.
Concevoir le prototype en trois mois constituera un véritable tour de
force!», admet François Pomerleau. Les étudiants reçoivent de l'aide de
Philippe Mabilleau, Charles-Antoine Brunet et Jean de Lafontaine,
professeurs au Département de génie informatique et de génie électrique,
ainsi que du soutien du Département de génie mécanique.
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