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Liaison, 18 mars 2004
La fin des études
Pauline Leblanc,
conseillère d'orientation
Depuis quelque temps, je questionne les gens qui m'entourent, qu'ils
soient étudiants, collègues, patrons, amis ou parents : «Te souviens-tu de
la fin de tes études? C'était comment? Et ton premier emploi?» Et je ne
peux m'empêcher, au fil de ces conversations, de plonger dans mes
souvenirs. Ma petite enquête n'a rien de scientifique, mais elle m'a quand
même permis de faire quelques découvertes intéressantes.
Fun ou fin?
La fin des études fait vivre tellement d'émotions. C'est une étape
importante dans la vie d'une personne. Quand on sait qu'on entre à l'école
à cinq ans et qu'on en sort à 22-23 ans minimum, ca fait tout un bagage
(17 ans!) d'expériences passées dans l'univers du sacré Charlemagne! Les
plus belles années de ma vie, disait la publicité de l'Université. Pas
surprenant que les bancs d'école soient difficiles à quitter. Le milieu
des études vous colle à la peau. C'est un monde connu et vous en maîtrisez
toutes les règles du jeu. Vous y avez pris goût, malgré tous les efforts à
fournir et les difficultés à traverser.
Ma petite enquête, ajoutée à mon expérience personnelle, m'a confirmé
qu'en général, les études, c'est le fun! Mais comme toute bonne chose a
une fin, il faut quitter un jour notre alma mater. Je me rappelle ce
mélange d'émotions. Je ressentais à la fois le soulagement, la fierté
d'avoir réussi, d'avoir atteint mon but, d'obtenir un diplôme, et la
tristesse de la séparation avec mes amis qui suivent eux aussi leur route
dans une autre direction. La perspective de devoir peut-être quitter une
région que j'aime me laissait perplexe. Le fun de la fin qui alterne avec
la fin du fun?
L'éternel étudiant
La fin des études signifie entrer tôt ou tard sur le marché du travail.
Certains choisissent une autre direction. Ils demeurent aux études,
raffinent ou élargissent leurs connaissances, se perfectionnent. Éviter
d'accéder au marché du travail et choisir de devenir un drop-in ou un
éternel étudiant est une sortie de secours piégée. La surdiplomation est
sans doute mieux acceptée et plus facile à justifier aujourd'hui, mais
elle cache parfois une certaine peur de l'inconnu, un manque de confiance
devant des habiletés nouvelles nécessaires pour passer à l'action dans un
milieu différent. Ainsi, traverser les étapes de la recherche d'emploi
peut être un vrai calvaire pour certains et accepter de changer de mode de
vie peut être difficile à envisager pour d'autres.
J'ai hâte, j'ai peur?
Jeunes et moins jeunes m'ont confié avoir ressenti le même mélange
contradictoire d'excitation et d'appréhension face à cette période qu'est
la fin des études. Excitation, pour mon ami Louis, de pouvoir prendre sa
place dans la société et redonner ce qu'on a reçu. Excitation devant une
nouvelle identité, pour ma cousine Annie, nouvelle diplômée : je ne suis
plus étudiante, je suis maintenant professionnelle. Une nouvelle routine
s'installe : fini les devoirs et vive le jour de paye!
Débuter dans un nouvel emploi demande de se donner du temps. Du temps
pour recréer des liens, pour prendre de l'assurance et développer son
expertise, pour rétablir ce déséquilibre dans le mode de vie parfois si
différent de celui des études. Cette appréhension est commune à toutes les
personnes que j'ai interrogées : elle se traduit par la hantise de la
recherche d'emploi et des entrevues, l'incertitude de savoir si on
déménage ou pas, l'anxiété de la première journée de travail dans une
«vraie job».
Il faut savoir se faire confiance, savoir se donner le droit à l'erreur
et savoir apprendre de celle-ci, savoir s'appuyer sur les habiletés
transférables, c'est-à-dire les acquis à la fois théoriques et pratiques
développés dans nos cours et nos stages. Faire sa place demande aussi du
temps. Je vous souhaite à vous, finissants, de vous accorder ce précieux
temps pour apprivoiser ce monde nouveau qui vous attend.
En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation
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