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Liaison, 4 mars 2004

 

 

L'ancien employé du Centre sportif Laurent Tessier entretient depuis près de 20 ans un attachement profond pour le peuple d'Haïti et revient d'un séjour où il a vu pour la première fois un peuple apeuré et désolé.

Photo SSF : Roger Lafontaine

 


Constats sur Haïti en crise

Dès la première fois qu'il a mis le pied à Haïti, en 1984, Laurent Tessier a senti un profond attachement pour ce pays et ses habitants qui gardent espoir malgré les souffrances. Douze voyages plus tard, il apporte toujours sa contribution à la Perle des Antilles. Aujourd'hui, le retraité du Centre sportif ne voit plus du même œil le pays d'où sont originaires deux de ses enfants et qui est en pleine crise. Il dit avoir le besoin d'exprimer ce qu'il a vu lors de sa dernière visite en janvier.

CATHERINE LABRECQUE

De tous ses voyages effectués à Haïti, le séjour de trois semaines en janvier a été l'un des plus éprouvants pour Laurent Tessier. Il avait déjà vu des femmes pauvres offrant leur corps pour s'acheter de la nourriture, des gens lépreux et sidatiques sans argent pour s'acheter des médicaments, mais jamais il n'avait vu un peuple désolé et apeuré, qui ne sait pas ce qui l'attend. «Haïti fait couler beaucoup d'encre, mais surtout beaucoup de sang», tel est ce que peut affirmer Laurent Tessier après avoir côtoyé le peuple qu'il a appris à ne pas juger. Dès la première nuit de son séjour, à la mi-janvier, il s'est aperçu qu'Haïti était sur le point de vivre une guerre civile : «Je me faisais réveiller par des coups de feu et je voyais des gens courir dans la rue pour se mettre à l'abri.» Il a tout de même accompli la mission qu'il s'est toujours fixée pour ses séjours : distribuer des médicaments et du matériel scolaire. «Ma présence à Haïti vise à travailler avec les pauvres dans le domaine scolaire. Le président d'Haïti, Jean-Bertrand Aristide, est responsable de l'évasion de 654 prisonniers, dont plusieurs voleurs et tueurs terrorisant la population. Je m'accroche en me disant qu'ils ne peuvent pas voler l'éducation aux Haïtiens», indique Laurent Tessier.

L'Université d'État d'Haïti

Au service de l'UdeS pendant plus de 20 ans, Laurent Tessier s'attriste devant la situation de l'Université d'État d'Haïti. D'une façon générale, il voit l'institution universitaire comme le centre du savoir, de la recherche et de la réflexion. Il ne peut comprendre qu'Aristide a fait casser les jambes du recteur et défigurer le vice-recteur par les chimères, c'est-à-dire des individus non policiers qui terrorisent la population avec l'accord du président. «Ils ont tué et blessé des étudiants, saccagé la bibliothèque pour les empêcher de faire leurs recherches, détruit des ordinateurs et du matériel de bureau», déplore-t-il.

Selon lui, la situation est sans issue. «Si Aristide part, qui prendra sa place? Il existe 150 partis politiques qui aspirent à gouverner et ceux qui n'y parviendront pas se vengeront. La nouvelle prise de pouvoir ne fera pas l'unanimité. Par ailleurs, je ne crois pas en la possibilité que les Haïtiens donnent les armes. Ils peuvent en donner une partie, mais ils en garderont toujours. La possibilité la plus bénéfique pour le peuple serait que les Nations Unies prennent le contrôle et gouvernent pendant dix ans. Il faudrait que cela se passe très rapidement et je ne pense pas que ce sera le cas. De plus, je vois peu de richesse qui pourrait intéresser les États-Unis, saut le parc industriel où l'on fabrique des produits chimiques. Le conflit est on ne peut plus alarmant, et je pense que les Haïtiens doivent régler leurs problèmes entre eux.»

Le plus pauvre pays

Composé de plus de sept millions d'habitants, Haïti constitue le pays le plus pauvre du continent. «Environ 50 % du budget du pays est distribué pour protéger le palais national. Un maigre 1 % est consacré à l'université. Certes, beaucoup d'Haïtiens entretiennent de la haine, de la méchanceté et de l'orgueil. Je pense qu'Haïti a avant tout besoin de se débarrasser de l'héritage de toutes les misères et les promesses jamais réalisées.»

Malgré la situation, une partie du peuple vit d'espoir et Laurent Tessier aussi : «Ce peuple est fort de sa capacité d'espoir. Il y a quelques années, je parlais avec un Haïtien du sida qui affecte une grande partie de la population et de la difficulté financière à se procurer un médicament si une percée s'effectuait. Il m'a dit qu'il ne fallait pas désespérer et que le médicament allait peut-être provenir d'une plante d'Haïti.» Même si les prochaines semaines seront dévastatrices pour le peuple haïtien, Laurent Tessier continuera de contribuer à sa façon à en améliorer la condition. «J'ai conscience que je ne peux pas sauver le monde. Je serai heureux de savoir que grâce à moi, un enfant haïtien a mangé dans la journée. Lorsqu'on rêve les yeux ouverts, il est possible de poser des actions concrètes.» Souhaite-t-il un jour revoir la terre de ses deux enfants? Cela semble une évidence pour lui. Il assure qu'il le fera non sans prendre plusieurs précautions pour assurer sa sécurité.

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