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Une subvention de 650 000 $ pour le Dictionnaire québécois
Les Québécoises et Québécois pourront consulter un tout
nouveau dictionnaire décrivant le français standard en usage au Québec dans
moins de trois ans. La ministre de la Culture et des Communications, Line
Beauchamp, a remis le 17 février le second versement d'une subvention totale
de 650 000 $ à une équipe de recherche de l'Université afin de poursuivre la
réalisation de cet outil langagier unique.
CATHERINE LABRECQUE
L'équipe de recherche est dirigée par les professeurs Hélène
Cajolet-Laganière et Pierre Martel, de la Faculté des lettres et sciences
humaines, en collaboration avec Chantal-Édith Masson, pour la partie
informatique, Louis Mercier, pour le vocabulaire relatif à la faune et à la
flore, Michel Théoret, pour les aspects normatifs et grammaticaux, et
Jean-Claude Boulanger, de l'Université Laval, pour les aspects
lexicographiques.
La publication du dictionnaire est prévue pour la fin de
l'année 2006 et son coût de réalisation est estimé à quelque dix millions de
dollars. «La création d'un dictionnaire usuel du français conçu par et pour
des Québécois représente une étape indispensable à la reconnaissance de
notre identité linguistique et culturelle. Nos usages spécifiques, tout
comme ceux des autres États de la Francophonie, font la richesse du français
et constituent un patrimoine qui doit être diffusé et éventuellement partagé
par l'ensemble des communautés francophones», a affirmé la ministre Line
Beauchamp.
«La subvention du gouvernement du Québec contribue à valoriser
notre langue, non seulement pour l'identité d'un peuple et de sa culture,
mais aussi comme pièce maîtresse du savoir à découvrir et à partager qui
constitue la mission même de l'Université», a indiqué le recteur Bruno-Marie
Béchard.
Pour les professeurs, cette nouvelle somme d'argent permettra
de faire avancer leurs travaux et, à terme, d'atteindre leurs objectifs :
«Nous travaillons depuis plusieurs années à produire un dictionnaire qui
vient combler un vide et qui répond à un besoin de communication de plus en
plus pressant au Québec, au Canada et ailleurs dans la francophonie. Il
s'agit de mettre à la disposition de la population un dictionnaire complet
du français, intégrant en outre les référents culturels des Québécois et
Québécoises et décrivant le bon usage du français au Québec. Cet ouvrage
comprendra de nombreux exemples tirés d'un corpus de quelque 50 millions de
mots et de plus de 10 000 textes différents représentatifs du français
standard en usage au Québec. Il comprendra également des citations d'auteurs
et d'écrivains du Québec, mais également de la France et d'ailleurs dans la
Francophonie.»
Les Québécois sont les plus grands consommateurs de
dictionnaires dans la Francophonie et ils achètent annuellement à eux seuls
environ 200 000 dictionnaires. Les dictionnaires existants sont souvent
rédigés en France et décrivent naturellement les réalités langagières
françaises, comme black-bass pour achigan, moufle pour mitaine, ferry-boat
pour traversier, palet pour rondelle, etc., et non celles du Québec. «À
l'heure actuelle, nos mots, ou sens ou expressions sont parfois absents ou
mal décrits dans les dictionnaires français. Pourtant des milliers de mots
font état de notre manière d'être, de penser et de vivre. Plusieurs de ces
mots doivent être décrits en tenant compte de notre réalité à nous. Des
termes comme acériculture, airelle, canneberge, avironner, canot, embâcle,
endimancher, lédon (thé du Labrador) ou pisciculture doivent être décrits en
tenant compte de notre usage linguistique et de nos référents québécois»,
expliquent les auteurs.
Le futur dictionnaire de quelque 2500 pages comportera environ
60 000 articles. Il sera disponible en version imprimée et électronique. La
production de cet ouvrage est entièrement informatisée et est réalisée grâce
à une plate-forme informatique tout à fait originale de traitement
dictionnairique. Cet outil constitue un important projet d'innovation
technologique susceptible de générer plusieurs transferts dans le domaine
des industries de la langue. Des produits dérivés du dictionnaire seront
également proposés en vue du développement des logiciels de correction
orthographique, de dictée et de navigation vocales et autres logiciels de
traitement de l'information textuelle mieux adaptés à notre réalité
langagière.
L'équipe qui mène le projet est constituée de 12 professeurs
spécialistes de diverses universités et de plus de 30 professionnels de
recherche, linguistes et informaticiens, spécialement formés pour effectuer
les tâches exigées par le projet.
Le dictionnaire sera utile à un large public, notamment aux
étudiantes et étudiants des niveaux secondaire, collégial et universitaire,
ainsi qu'à toute personne qui a besoin de consulter un dictionnaire de
langue, que ce soit au Québec, au Canada ou à travers la Francophonie.
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