Liaison, 19 février 2004

La création de la Cité universitaire

Un campus au cœur des verts pâturages

Robin Renaud

«Au début des années 1960, il arrivait que des vaches déjouent la clôture de la ferme voisine et viennent brouter aux portes de la Faculté des sciences», se rappelle Jean-Marc Lalancette, ancien professeur de chimie et ex-doyen de la Faculté des sciences. En effet, un paysage bucolique s'offrait aux étudiants qui jetaient un regard à la fenêtre des premiers bâtiments du Campus principal, érigé sur d'anciennes terres agricoles à partir de 1957.

Il faut se rappeler que lors de l'ouverture des trois premières facultés à l'automne 1954, les étudiants étaient dispersés dans différents édifices du centre-ville de Sherbrooke. La Faculté des arts et les bureaux administratifs logeaient au Séminaire de la rue Marquette, les cours de droit étaient donnés au palais de justice (l'actuel Hôtel de ville), et les cours de génie se donnaient à l'École supérieure de la rue King (devenu le centre de formation Saint-Michel).

Cette situation ne pouvait être que temporaire et dès 1956, les administrateurs de l'Université ont décidé de créer un campus sur de vastes terres agricoles situées dans le canton d'Ascot, aux limites de Sherbrooke. Le site qui allait accueillir la Cité universitaire au début des années 1960 avait déjà une mission d'éducation : «L'école d'agriculture Noé-Ponton avait été érigée en 1947, à l'endroit exact où se trouve aujourd'hui la Faculté de droit», raconte Jean-Pierre Proulx, aujourd'hui président du Conseil supérieur de l'éducation. «Cette école destinée à former des cultivateurs comptait un ensemble de bâtiments de ferme en plus d'un pavillon principal et des résidences pour les employés. Mon père, qui était agronome, y enseignait, et on a grandi dans l'une des maisons réservées au personnel. On trouvait près de la maison deux érables que mon père entaillait au printemps. Un de ces arbres subsiste toujours entre le Pavillon Albert-Leblanc et la voie de circulation sortant du campus. L'érable porte encore la cicatrice que je lui avais infligée à l'aide d'un marteau, quand j'étais gamin.»

L'école Noé-Ponton a brûlé en 1964, mais plusieurs de ses bâtiments de ferme ont servi de hangars pour des équipements d'entretien de l'Université jusqu'à la fin des années 1960. Néanmoins, de 1957 à 1964, cette prairie fut radicalement transformée par la construction des premiers bâtiments du campus. La Faculté des sciences a été érigée en 1957. Quatre ans plus tard, en octobre 1961, alors que s'étaient ajoutés la Faculté des arts et celle de commerce, le Centre social, la résidence des professeurs ainsi que la centrale thermique, on inaugura en grande pompe la nouvelle Cité universitaire.

Les quatre décennies suivantes ont vu plusieurs chantiers majeurs au Campus principal (voir le tableau ci-contre), en plus de la création de deux autres campus : celui de l'est au CHUS de Fleurimont en 1968, ainsi que celui de Longueuil en 1989.

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