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Danser et s'entraîner… en fauteuil roulant
CATHERINE LABRECQUE
Se lever et faire quelques pas peut sembler impossible pour les gens en
fauteuil roulant. Selon des chercheurs de la Faculté d'éducation physique et
sportive (FEPS), c'est une réalité possible et souhaitable pour certains
individus. Spécialement conçus pour les personnes avec incapacité motrice
qui se déplacent toujours ou majoritairement en fauteuil roulant, des
ateliers gratuits ont été mis sur pied pour initier les personnes concernées
aux bienfaits d'activités telles que la danse et l'entraînement. Un premier
atelier a eu lieu le 24 janvier et un second se tiendra le 7 février. Ces
ateliers constituent une occasion privilégiée pour les personnes en fauteuil
roulant de la communauté universitaire et de l'Estrie d'accéder aux
connaissances scientifiques des spécialistes dans le domaine.
Sous la direction de Jacques Vanden-Abeele, professeur retraité à la FEPS,
les ateliers visent à aider les personnes à se prendre en charge et à
s'entraîner. «D'une façon générale, les activités visent à donner de
l'autonomie aux participants, explique-t-il. Il est prouvé que les personnes
qui demeurent trop dans leur fauteuil roulant deviennent ankylosées. Elles
sont des candidates à risque de développer des maladies cardiovasculaires. À
l'aide d'exercices musculaires personnalisés, les spécialistes qui encadrent
les gens dans les ateliers leur apprennent à devenir autonomes, à faire
quelques pas. Pour vivre en fauteuil, il faut en sortir de temps en temps.
Cela peut prendre des mois, voire des années, mais ça vaut la peine. Lorsque
la personne peut se lever, par exemple pour prendre un verre d'eau, elle
gagne de l'autonomie. Ce geste vaut bien souvent une médaille olympique.»
Retrouver le goût de vivre
D'une façon générale, environ 10 % de la population souffre d'incapacité
physique et environ 5 % de la population se déplace en fauteuil roulant. «En
Estrie, à l'exception des athlètes en fauteuil roulant, peu de rouleurs
pratiquent des activités sportives, explique le professeur.» Il est prouvé
que toute personne inactive est à risque de développer des pathologies. Les
personnes avec des incapacités ne font pas exception. «Pour qu'un
entraînement soit bénéfique, il doit nécessiter de l'effort physique et de
la coordination motrice. Par exemple, pour rééduquer une main, il faut
travailler l'épaule. Cela va même plus loin : pour rééduquer les doigts, le
corps en entier doit bouger. Les activités d'entraînement mettent l'accent
sur les parties du corps qui fonctionnent», souligne le professeur retraité.
Jacques Vanden-Abeele se plaît à dire qu'il a côtoyé des gens en fauteuil
roulant qui ont découvert le goût de vivre avec l'activité physique. «Des
paraplégiques peuvent être obsédés par leurs pathologies et penser qu'ils
n'ont plus de plaisir à vivre. La réadaptation des personnes avec
incapacités s'inspire de leurs aspirations. Par exemple, s'ils ont toujours
aimé ou rêvent de jouer au football, la réadaptation peut s'effectuer en
s'inspirant de ce sport.» Les ateliers visent à défaire certains préjugés
qui stipulent que l'activité physique est contre-indiquée pour les gens
malades. «Beaucoup de personnes âgées n'ont jamais pratiqué d'activités
physiques parce qu'on ne leur a pas démontré l'importance de l'activité
physique, poursuit le professeur. Ils ont une image négative de
l'entraînement.»
Ateliers personnalisés
Les participants aux ateliers sont suivis individuellement par un
éducateur, soit un étudiant aux études supérieures en éducation physique ou
un autre spécialiste. Le rôle de ceux-ci consiste à donner des conseils
concernant, par exemple, la charge de poids à soulever. L'atelier du
24 janvier était composé d'activités visant à augmenter la coordination,
l'équilibration et la posture. Lors de l'atelier du 7 février, les gens
s'exerceront notamment à rouler plus longtemps sans s'essouffler. Sur des
airs de tango, de danse ethnique et de danse sociale, les participants
connaîtront les bienfaits physiques et psychologiques de la danse. Des
places sont toujours disponibles pour cet atelier; pour s'inscrire, écrivez
à Carole.Cloutier@USherbrooke.ca.
Les ateliers sont organisés également par Donald Royer, professeur à la
FEPS, qui a développé une expertise en incapacité motrice. Il travaille avec
des athlètes sportifs en fauteuil roulant. Il fait partie de plusieurs
associations, dont l'Association canadienne d'athlètes en fauteuil roulant.
Les deux ateliers constituent un avant-goût des programmes offerts depuis
juin par le Groupe de recherche et d'intervention en éducation physique et
sportive adaptative de la FEPS. Le groupe organise des programmes pour les
jeunes adultes avec déficience intellectuelle sévère ou profonde, les
personnes avec incapacité motrice et qui sont ambulantes, ainsi que pour
celles se déplaçant en fauteuil roulant.
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