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Liaison, 8 janvier 2004
Une étude dévoile un important fossé entre les services
requis et fournis
NADINE FORTIN
Les services de soins infirmiers en soutien à domicile des CLSC de la
Montérégie répondent à 12,7 % des besoins de la clientèle de personnes
âgées. Si on ajoute aux soins infirmiers, les soins d'assistance et de
soutien, seulement 8,3 % des besoins sont comblés. C'est ce qui se dégage
des résultats d'une étude réalisée par le Centre de recherche sur le
vieillissement de l'Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (IUGS),
en collaboration avec la Régie régionale de la santé et des services
sociaux de la Montérégie et le Regroupement des CLSC de la Montérégie.
Cette étude trace, pour la première fois au Québec, un profil de la
clientèle des CLSC. De plus, elle dresse un portrait des besoins de la
clientèle formée de personnes âgées des services de soutien à domicile
ainsi que des services fournis à cette clientèle par les CLSC.
«Il ne faut pas prendre ce résultat comme alarmiste : cette recherche
nous permet de voir la contribution du système de santé public dans la
réponse aux besoins des personnes âgées en perte d'autonomie. Cette
recherche nous permet d'être mieux outillés pour mesurer les écarts entre
les besoins et les services offerts, de mieux cibler nos actions,
d'octroyer les allocations budgétaires de manière plus pertinente afin
d'établir une offre de service répondant aux besoins des personnes âgées
en perte d'autonomie. Pour la première fois, nous disposons de données
quantifiées, réelles, mesurables et comparables», de souligner Michel
Tousignant, auteur de l'étude et chercheur au Centre de recherche sur le
vieillissement de l'IUGS.
Réjean Hébert, cochercheur de l'étude, directeur scientifique de
l'Institut du vieillissement des Instituts de recherche en santé du Canada
(IRSC) et nouveau doyen de la Faculté de médecine de l'UdeS, a précisé
qu'actuellement cette recherche ne documente pas la contribution comblée
par le réseau des proches aidants et par les autres dispensateurs de
services (OC, EESAD, privé). «Il ne faut pas croire que ces personnes
demeurent à la maison sans autres supports ou services, a indiqué Réjean
Hébert. Des études antérieures démontrent que plus de 70 % des besoins
sont comblés par les proches aidants.»
De plus, le directeur de l'Institut du vieillissement ajoute que cette
étude est une percée en tant que méthode de gestion et de financement des
services de soutien à domicile. «En se dotant d'un outil de gestion couplé
à un outil d'évaluation clinique, le Québec est à l'avant-garde au Canada
et dans le monde pour l'organisation des services de soutien à domicile.»
La démarche d'harmonisation en cours depuis novembre 2000 dans les 19 CLSC
de la Montérégie est un atout majeur qui aidera à mieux moduler l'offre de
services en fonction des besoins de la clientèle. Le projet
d'harmonisation a également permis de mettre en place une pratique
partagée par l'ensemble des intervenants du programme de soutien à
domicile dans les 19 CLSC de la région. «Dorénavant, plus de
37 000 personnes recevant des services en soutien à domicile auront accès,
peu importe leur lieu de résidence, à des services de base comparables et
mieux adaptés aux besoins des clientèles spécifiques», de souligner Denis
Blanchard, directeur général du CLSC des Maskoutains et président du
regroupement des CLSC de la Montérégie.
Cette pratique d'harmonisation s'est traduite par l'élaboration et la
mise en place de différents outils dont l'un facilitant la production des
listes d'attente. De plus, la méthode de mesure du taux de réponse aux
besoins de la clientèle développée par le Centre de recherche sur le
vieillissement de l'IUGS vient augmenter la rigueur de la démarche
d'harmonisation.
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