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Liaison, 11 décembre 2003
Le temps des fêtes
Psychologue invitée :
Johanne Bernatchez
Pour la plupart des gens, la période des fêtes se vit de façon
effrénée et épuisante. Pourquoi en est-il ainsi?
En effet, pour la plupart des gens, la période des fêtes correspond à
une bousculade de partys, réceptions, soupers, tant dans les familles que
dans les différents milieux où nous évoluons; sans compter la période des
préparatifs précédant toutes ces festivités : courses folles pour les
emplettes, préparation des victuailles, décorations, etc. Ouf! Pourquoi,
en effet, agissons-nous ainsi? Les raisons sont probablement multiples.
Pour certains, il s'agit d'une période où la recherche de gratifications
ou de compensation domine. On cherche ainsi à contrebalancer les irritants
du quotidien, voire les frustrations, ou encore les restrictions imposées
tout au long de l'année, en se lançant dans l'autre extrême des excès, que
ce soit dans les achats, la nourriture ou l'alcool. Pour d'autres, cette
période correspond à une série de devoirs et d'obligations considérés
comme incontournables : obligation d'aller au «5 à 7» du patron,
obligation d'offrir des cadeaux, obligation d'aller dans la belle-famille,
etc. Pour d'autres encore, la période des fêtes en est une où les
traditions familiales implantées depuis longtemps déterminent les
activités, avec peu de possibilité pour reconsidérer l'ensemble. Sûrement
que bien d'autres raisons encore peuvent expliquer pourquoi nous nous
embarquons ainsi dans un tourbillon qui ne se termine parfois que la
veille du retour au travail.
Dans ce contexte, n'est-il pas permis de se demander si les gens
profitent vraiment de cette période?
Probablement que la plupart des gens en profitent, parce qu'après tout,
c'est une période qui se veut de réjouissances. Mais probablement aussi
que certains en profitent plus que d'autres.
Je conçois aisément que les personnes qui abordent la période des fêtes
en considérant leurs désirs et leurs besoins courent la chance de se
retrouver, au terme de cette période, enrichis de beaux moments et
d'expériences positives de toutes sortes. À l'inverse, ceux qui se
laissent entraîner par le flot des diverses activités, sans trop savoir si
celles-ci correspondent à ce dont ils ont besoin ou à ce qu'ils désirent
vraiment, risquent davantage de terminer leur période de «réjouissances»
avec indifférence ou même avec un sentiment d'insatisfaction.
En définitive, plus la période des fêtes se vit dans le respect de
notre personne, plus nous en profitons vraiment.
Comment faire, alors, pour que la période des fêtes soit plus
profitable?
Peut-être tout simplement en prenant le temps d'abord de se demander
«Qu'est-ce que je veux pour cette période? De quoi ai-je envie? De quoi
ai-je besoin?». Faire le point sur le dénouement souhaité personnellement
au terme de cette période aide déjà à la rendre plus harmonieuse pour soi.
Également, prendre le temps de se demander, pour chacune des activités qui
se présentent à nous, dans quelle mesure elle nous convient ou non, nous
donne encore un peu plus la possibilité de se respecter et de vivre une
période bénéfique. Quant aux activités pour lesquelles nous avons
l'impression de ne pas avoir le choix, nous pouvons également nous
demander : «Est-ce si vrai que je n'ai pas le choix? N'y a-t-il pas une
façon de concilier cette obligation et mon désir? Dans le cas où mon choix
serait de tenir davantage compte de moi que de me plier à l'obligation,
est-ce que je pourrais vivre avec les conséquences de mon choix? Si je
choisis de me plier devant l'obligation, quelles raisons en moi me
feraient en décider ainsi?» Le fait de prendre le temps de clarifier
d'abord pour soi guide ainsi nos choix tout au long de cette période, tout
en facilitant également la planification, avec nos proches, de nos
activités. Mais plus profondément, dans le geste de se consulter
intérieurement, nous exerçons notre liberté de choisir, et ce seul fait
amène déjà un sentiment de satisfaction et d'harmonie. Donc, même dans les
situations où nous avons l'impression d'aller à l'encontre de ce que nous
aurions souhaité, il demeure à l'intérieur de soi une petite zone de
réconciliation qui nous permet de vivre une expérience moins pénible. Et
puis, cette zone de réconciliation intérieure nous prédispose à plus
d'ouverture face à l'activité non désirée, ce qui nous amène parfois à
vivre de belles expériences au bout du compte…
Toute notre équipe vous souhaite une harmonieuse période des fêtes!
Propos recueillis par
Charles Vincent
en collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation
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