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Liaison, 11 décembre 2003
Des fondations creusées au pic et à la pelle
CHANTAL CHEVALIER ET MARTIN GRIGNON
GCIUS 2003
Notre aventure en terre péruvienne s'achève et les trois mois passés
ici se sont déroulés à un rythme d'enfer. Après avoir complété notre
première mission et bénéficié d'un bref mais agréable séjour touristique,
nous avons finalement entamé notre plat principal qui consiste à
construire un bâtiment. Notre objectif est d'ériger le premier de quatre
étages d'un édifice qui abritera les locaux de la coopérative Codeco et
qui sera l'hôte d'un centre de formation pour les jeunes défavorisés. Le
tout se déroule à San Juan de Lurigancho, quartier pauvre et très peuplé
de Lima.
Un quartier à hauts risques
San Juan de Lurigancho figure parmi les quartiers les plus peuplés
d'Amérique du Sud avec près d'un million d'habitants et se situe à moins
d'une demi-heure du centre-ville de Lima. Le paysage n'est guère
enchanteur et notre projet d'aide humanitaire y est bien pertinent. San
Juan de Lurigancho se démarque par sa pauvreté et par les risques encourus
lorsqu'on s'y aventure. Les vols, les agressions et l'alcoolisme font
malheureusement partie de la réalité quotidienne et la prudence est de
mise. Son paysage poussiéreux aux teintes brunâtres souffre d'une énorme
carence en verdure. La pollution est omniprésente, que ce soit par les
ordures que l'on retrouve à profusion un peu partout, par la poussière
abondante ou par les émanations toxiques provenant des nombreux véhicules.
De plus, une panoplie d'odeurs nauséabondes vient fréquemment agrémenter
le tout. San Juan de Lurigancho est sans contredit un calvaire pour les
amoureux de la nature et de la tranquillité. L'ambiance est excessivement
mouvementée et les rues débordent de vie. On y retrouve des vendeurs de
toutes sortes qui nous harcèlent pour nous vendre leur pacotille, on y
entend l'appel incessant du personnel des autobus qui essaie nous inciter
à utiliser ce transport, et les klaxons sont assurément la pièce la plus
utilisée des véhicules. Sans oublier les chiens errants qui ne se gênent
pas pour nous chasser de leur territoire, les alcooliques endormis au bord
de la rue ou ceux qui nous prennent pour leurs amis ainsi que la musique
qui joue en permanence à toute heure du jour et de la nuit. Pour ajouter à
l'insécurité, on remarque que toutes les maisons sont protégées par des
murs de briques, des barrières en métal, des barbelés, des pointes de
métal, des clôtures électriques ou des bouteilles de verre brisées.
La vie en famille
Afin de bien s'adapter à la culture péruvienne, chaque membre du GCIUS
vit dans une famille distincte. Les familles hôtesses sont parfois
nombreuses et souvent propriétaires d'une ferme. On peut y retrouver des
chiens, des chats, des poules, des cochons d'Inde, des lapins, des cailles
et quoi de mieux qu'un concert de coqs pour se réveiller le matin. Même si
les gens sont limités financièrement, ils demeurent des gens généreux,
accueillants et l'hospitalité est toujours bien présente.
La construction
Au Pérou, dans les quartiers plus défavorisés, les méthodes de
construction sont bien différentes des nôtres. Premièrement, la
planification n'est pas très élaborée et parfois même inexistante. Les
coûts élevés de la machinerie font en sorte que le travail doit se
réaliser à la main et parfois selon des méthodes qui nous ont paru
primitives. Par exemple, nous avons été contraints de creuser les
fondations au pic et à la pelle, de mesurer les niveaux avec un tube et de
l'eau, de scier les barres d'armatures à la main, de travailler la
quincaillerie et d'assembler les cages d'armatures manuellement, de
préparer le mélange de béton dans la rue à l'aide de pelles, et
d'effectuer le coulage avec des chaudières peu pratiques. Le travail a été
réalisé en collaboration avec la population locale et les échanges
culturels ont été bénéfiques des deux côtés.
Pour s'évader
Malgré sa pauvreté et son apparence de pays en voie de développement,
Lima nous offre la possibilité de nous évader, car elle présente de
nombreuses attractions et plusieurs quartiers riches qui nous rappellent
chez nous. Afin d'y accéder, plusieurs moyens sont disponibles. Les plus
fréquents et les moins coûteux s'avèrent les autobus et les combis
(autobus compacts à plafond bas où les gens sont entassés comme des
sardines). Ensuite, si on veut atteindre son but plus rapidement et vivre
des sensations un peu plus fortes, il y a les taxis. Il est essentiel de
mentionner que la circulation est complètement désordonnée, mais que le
système est tout à fait efficace.
Ce n'est qu'un au revoir
Malheureusement, l'heure de la fin approche à grands pas et il sera
difficile pour nous de quitter cette terre qui a été pour nous si
accueillante. Nous y avons vécu des moments inoubliables qui nous suivront
pour le reste de notre vie. Nous en ressortons grandis sur le plan tant
professionnel qu'humain.
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