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Liaison, 27 novembre  2003

Nouveautés livres

Camille Laurin – L'homme debout

Critique invitée : Louise Lapalme, agente d'information

Figure marquante de la scène politique québécoise, Camille Laurin aurait certes mérité une biographie, il y a longtemps. Jean-Claude Picard s'est attaqué de belle façon à corriger cette lacune.

Actuel professeur de journalisme et correspondant parlementaire pendant une vingtaine d'années, Picard est loin d'avoir bâclé le travail : cinq années de recherches, une centaine d'entrevues (dont une soixantaine d'heures d'entretien avec Camille Laurin avant son décès en 1999) et une fouille minutieuse de centaines de documents d'archives. Le résultat : 561 pages qui tracent admirablement le portrait d'un homme audacieux et visionnaire, mais aussi celui de l'évolution de toute une société.

Si l'histoire se rappellera surtout de Camille Laurin comme étant le «père de la loi 101», Picard nous fait découvrir, dans un style sobre et sans flagornerie, un homme qui était d'abord et avant tout un réformateur qui a lutté avec détermination et acharnement pour faire avancer les causes auxquelles il croyait sans demi-mesures.

Après avoir complété une formation de psychiatre et de psychanalyste, Camille Laurin a été l'instigateur d'une réforme en profondeur de ce domaine, en ce qui a trait tant à l'enseignement qu'au traitement des maladies mentales et à la réinsertion sociale des gens qui en sont atteints.

Au fil des pages, on assiste à son cheminement politique au sein du Parti québécois dont il a été l'un des artisans de la première heure. L'auteur décrit de quelle façon Camille Laurin s'est consacré à l'œuvre de sa vie : la Charte de la langue française. On comprend combien il a dû travailler âprement à convaincre un René Lévesque plutôt réfractaire, de la nécessaire rigueur de cette loi destinée «non seulement à promouvoir le français, mais également à assurer la prédominance économique des francophones au sein de la société québécoise.» Certains ont plus tard avancé l'hypothèse selon laquelle la loi 101 avait pu nuire à la cause de l'indépendance (en démontrant aux Québécois qu'il est possible de protéger la langue française sans accéder à la souveraineté), mais Camille Laurin n'a jamais souscrit à cette thèse.

La suite des choses aura été plus sombre. Les décès coup sur coup de son épouse et de sa petite-fille peu de temps avant le référendum de 1980 expliquent qu'il n'ait pas pris une part plus active aux débats. Camille Laurin affirme avoir sérieusement envisagé la prêtrise à ce moment.

Il aura par la suite mené d'autres combats, dont celui de la réforme du monde scolaire qui lui aura valu de perdre son titre de ministre de l'Éducation. Au milieu des années 1980, il quittera la politique, ne pouvant se résigner à accepter «le beau risque» proposé par René Lévesque. Il y reviendra quelques années plus tard, mais, à son grand désarroi, il ne sera pas appelé au Cabinet par son ami Parizeau, pas plus que par Lucien Bouchard par la suite. Déterminé tout de même à se dévouer sans relâche pour faire avancer la cause, il ne prendra sa retraite que lorsque le cancer l'y contraindra en 1998, à l'âge de 75 ans. Quant à sa vie privée, elle aura été truffée de drames personnels. Picard dira : «Lui qui voyait grand pour la nation aura malheureusement échoué à s'occuper de ses proches.»

L'œuvre de Picard est si colossale qu'on lui pardonnera sans difficulté quelques tics de langage (dont un amour démesuré pour le mot coercitif) et quelques détails d'une rare platitude au sujet d'un homme de cette envergure : «Il raffole des patates, qu'il mange toutes seules avec un peu de beurre après avoir avalé sa viande et ses autres légumes.»

Plusieurs se rappelleront les discours politicopsychiatriques de Laurin, livrés sur un ton monocorde, aussi ennuyeux qu'un diagnostic de réparateur de frigos, qui lui ont valu le surnom de «Camomille». Mais parions que cette biographie contribuera à ce qu'on garde plutôt le souvenir d'un homme qui, grâce à sa détermination, a laissé aux Québécoises et aux Québécois le plus bel héritage qui soit : leur culture, leur identité, leur langue.

La petite municipalité de Charlemagne peut se targuer d'avoir vu naître deux personnalités marquantes : Camille Laurin et Céline Dion. Sous le sapin, ce Noël, beaucoup de Québécoises et Québécois trouveront le dernier CD de la chanteuse faussement blonde et malheureusement trop peu, la biographie du politicien à la chevelure de jais…

Picard, Jean-Claude. Camille Laurin, l'homme debout, Éditions du Boréal.

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