Sur les traces de Patch Adams
Émilie Béland
Journaliste étudiante
Qui ne risque rien n'a rien. En 1999, à la sortie du film Patch Adams,
Maxime Douziech, alors étudiant au doctorat en biologie, se dit que ce
serait une excellente idée d'inviter le célèbre personnage (le vrai!) à
donner une conférence à l'Université. Patch Adams pourrait ainsi communiquer
sa vision unique des soins de santé aux futurs intervenants du système
formés ici.
Quelques années et beaucoup de persévérance plus tard, le rêve se
concrétise enfin. Grâce à une initiative tout à fait personnelle de Maxime
(aujourd'hui étudiant en médecine), Patch Adams sera présent à Sherbrooke le
24 novembre afin de donner deux conférences aux étudiantes et étudiants de
l'Université, dont l'une est réservée aux gens de la Faculté de médecine.
Le long parcours d'une grande idée
En sortant du cégep, Maxime Douziech veut s'inscrire en
médecine, comme il en rêve depuis l'enfance, mais le fort contingentement
l'empêche d'entrer dans le programme. Il se tourne vers des études en
biologie, qu'il poursuit jusqu'au doctorat. La carrière de chercheur le
passionne et l'idée de devenir médecin lui apparaît lointaine.
Toutefois, en janvier 2001, alors qu'il rédige sa thèse
de doctorat, il en vient à un constat. Pour que la recherche lui convienne
parfaitement, elle doit intégrer au quotidien toute la dimension personnelle
et chaleureuse des rapports humains. «Vous savez, en recherche fondamentale,
ce type d’interaction est plutôt limité, explique-t-il. Quand on fait une
expérience, on est généralement seul dans un laboratoire. Pour le côté
humain, c'est zéro.» Afin de combler cette lacune de la recherche et parce
qu’il souhaite devenir médecin clinicien chercheur, Maxime tente alors sa
chance en médecine où il est accepté.
À son arrivée dans le programme, au mois de septembre
suivant, il veut concrétiser l'idée qu'il a eue, quelques années plus tôt,
en voyant le film Patch Adams. Maxime avait alors été séduit par la
philosophie très humaine de Patch Adams concernant les soins de santé :
«J'avais été émerveillé, j'avais trouvé que son approche avec les patients
était incroyable. De plus, j'avais remarqué depuis un moment que la
communauté étudiante de Sherbrooke n'assistait pas aux conférences
organisées à l'Université, pourtant données par des gens qui avaient fait
des choses extraordinaires. Je me suis donc dit qu'en invitant Patch Adams,
les gens seraient sûrement intéressés.»
Déterminé à réaliser son projet, Maxime commence les démarches pour
inviter le «médecin conférencier». Après une série de contacts avec
d'anciens hôtes de conférences et des courriels ne donnant aucune réponse
significative, il décide d'écrire une lettre à Patch Adams : «Ça m'a pris
cinq jours pour l'écrire, précise-t-il, et ç'a porté fruit. J'ai reçu un
courriel avec son numéro de téléphone chez lui.»
Maxime informe la direction de la Faculté de médecine de la venue de
Patch Adams et s'allie avec le docteur Dominic Dorion et des groupes
étudiants pour former le premier groupe de personnes engagées dans ce qui
s'annonce comme un départ pour les Grandes Conférences annuelles de la
Faculté de médecine.
Une autre vision de la médecine
Pour Maxime Douziech, la médecine commence par les rapports humains : «Le
médecin doit descendre de sa tour d'ivoire et se mettre au même niveau que
le patient. Pour moi, Patch Adams est vraiment un modèle dans la relation
patient-médecin. En rencontrant les étudiants, il s'implique dans la
formation d'une nouvelle génération d'intervenants dans les soins de santé
plus humains qu'auparavant. Un vieil adage dit : le médecin des fois guérit,
souvent soulage, mais tout le temps, peut écouter. Ça veut tout dire.»
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