Quillabamba : la vallée de la lune
Collaboration spéciale :
Chantal Chevalier et
Martin Grignon
Trois étudiantes et quatre étudiants en génie civil participent à la
deuxième mission du Groupe de coopération internationale de l'Université de
Sherbrooke (GCIUS), un regroupement sans but lucratif composé d'étudiantes
et d'étudiants de la Faculté de génie. Le groupe est actuellement au Pérou
pour réaliser deux projets de coopération internationale : la construction
d'un centre de formation pour les jeunes, à San Juan de Lurigancho (Lima),
et la réalisation d'une étude visant à combler plusieurs besoins de la ville
de Quillabamba.
Après une semaine d'adaptation au mode de vie péruvien, nous voici
maintenant à Quillabamba, ville située au milieu de nulle part, à quelques
kilomètres de Cusco. Le voyage Lima-Cusco nous a permis de prendre
conscience des effets de l'altitude. Nous avons également été foudroyés par
l'écart de température existant entre ces deux régions éloignées du Pérou.
Pour parcourir les 150 kilomètres séparant Cusco et Quillabamba, il faut
faire huit heures de route. Le voyage en autobus fut agréable et rempli
d'émotions. Tout d'abord, le paysage est à couper le souffle : située en
plein cœur de la cordillère des Andes, la route contourne et franchit les
imposantes et majestueuses montagnes aux pics parfois enneigés. Les chemins
sinueux en serpentins qui permettent de gravir ces gigantesques massifs
rocheux sont parfois terrifiants. En plus de devoir négocier avec les
véhicules qui viennent en sens inverse, le chauffeur doit vivre avec le fait
que les pneus de l'autobus ne se trouvent qu'à quelques centimètres de
précipices profonds de plusieurs centaines de mètres. Nous aussi!
Tout à coup, après quelques heures de route, un brusque changement de
végétation s'est offert à nous : un paysage digne de la jungle avec une
végétation dense et composée d'une multitude d'arbres exotiques… quel
spectacle!
La vallée de la lune
Son appellation, Quillabamba, vient du quechua et signifie "Vallée de la
lune". La ville se trouve à la croisée de la Sierra (les montagnes) et de la
Selva (la jungle). Établie dans un territoire parsemé de montagnes, cette
admirable vallée compte approximativement 30 000 habitants. De plus, on lui
attribue le surnom de "ville de l'été éternel" puisque son climat tropical,
chaud et humide perdure douze mois par année.
La vie quotidienne
Visiter le Pérou en tant que touriste et vivre dans les familles
péruviennes sont deux choses bien différentes. D'abord, il faut se
familiariser avec les deux langues parlées dans les familles, le castellano
(espagnol) et le quechua (la langue des Incas). Les maisons sont constituées
en général d'une cuisine et de chambres. La toilette et la douche sont
situées à l'extérieur. La douche se prend à l'eau froide et la toilette est
en fait un trou à même le sol. Les repas se composent majoritairement de
pain, de bananes, de riz, de poulet et de pommes de terre. Nous avons eu
l'occasion de goûter au célèbre cuy (cochon d'Inde), mets gastronomique au
Pérou.
L'intimité est plutôt rare dans la vie familiale, les familles étant
souvent composées des parents, des enfants, des grands-parents, des cousins,
des oncles… En plus des nombreuses personnes qui peuplent la maisonnée, on y
retrouve aussi chiens, chats, poules, canards et cochons sans oublier les
coqs qui se font un plaisir de réveiller la ville vers 4 h. Il est difficile
de faire la grasse matinée, car à 5 h, tout le monde est réveillé et prêt à
s'attaquer aux tâches quotidiennes.
De plus, les nombreuses odeurs de cuisson et de déchets viennent rajouter
au choc culturel. La notion d'hygiène ne se définit pas de la même façon
qu'ici. Il est fréquent de déjeuner avec les mouches, de dormir avec les
coquerelles et de se laver avec les araignées.
À chacun son "chacra"
Pour subsister, tous les membres de la famille doivent travailler. Le "chacra"
est leur principal moyen de subsistance. Cela consiste en une ferme
construite dans les montagnes où ils font de l'agriculture, c'est-à-dire
qu'ils récoltent du café, du cacao, du maïs, du soya et du coca, en plus
d'élever plusieurs animaux.
À Quillabamba, les coopératives sont la pierre angulaire de l'économie.
Elles sont en fait des regroupements de producteurs qui mettent en commun
leurs récoltes. Ce mode de vie permet à tous les membres de la communauté de
bénéficier d'une plus grande variété de produits et aussi de diminuer les
coûts.
Notre mandat, ici, consiste à visiter les coopératives afin de
déceler leurs besoins en termes d'infrastructures puisque celles-ci sont
parfois non fonctionnelles. Il s'agit en fait d'une mission exploratoire qui
permettra de fournir un projet à la prochaine équipe du GCIUS.
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