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Liaison, 18 septembre 2003
Pérou
On aurait dit un champ de bataille
Collaboration
spéciale : Martin Grignon, étudiant en génie
Le Groupe de
coopération internationale de l'Université de Sherbrooke (GCIUS) est un
regroupement à but non lucratif composé d'étudiantes et d'étudiants de
la Faculté de génie. Pour sa deuxième année d'existence, le GCIUS est
constitué de trois étudiantes et de quatre étudiants de la 46e
promotion de génie civil. Le groupe est actuellement au Pérou pour
réaliser deux projets de coopération internationale. Ses membres nous
livreront tout au long de l'automne leurs impressions sur la culture
péruvienne, leurs projets, etc.
Après un an et trois mois de travail acharné, nous pouvons enfin
goûter le fruit de nos efforts. Nous voilà maintenant rendus au Pérou,
contrée lointaine et mystérieuse, tantôt inondée de soleil, tantôt
noyée dans la brume des hauteurs ou dans l'exubérante forêt tropicale,
qui s'avère un des territoires les plus intéressants du continent
sud-américain. Bien que le Pérou ait été le théâtre de vagues
sanglantes de terrorisme et qu'il dégage une image de grande pauvreté,
ce pays offre à tous ceux qui s'y intéressent une géographie
démesurément contrastée, un patrimoine culturel débordant de richesses
et une histoire chargée de mystères.
À la fin d'un voyage sans problème, notre aventure en terre
péruvienne a débuté lorsque nous sommes débarqués à l'aéroport
Jorge-Chavez. Dès notre arrivée, nous avons été harcelés par des
marchands de toutes sortes qui semblent se jeter sur tous les gringos qui
débarquent. La première étape fut de trouver un taxi pour se rendre à
San Juan de Lurigancho, district extrêmement pauvre et peuplé de
1 000 000 d'habitants, où se déroulera notre deuxième
projet… quelle tâche! Ce district est tellement effrayant que peu de
gens de l'extérieur acceptent de s'y aventurer.
Il n'a pas fallu aller bien loin pour vivre notre premier choc
culturel. Le chemin vers notre premier gîte (Centro pastoral de Las
Flores) nous a fait passer par toute une gamme d'émotions. Le grand âge
de notre véhicule, la circulation désorganisée, les feux de camp en
bordure de la route, la pollution excessive, les bâtiments délabrés
ornés de graffitis, les maisons fortifiées par des grilles d'acier et
des barbelés, des chiens errants à profusion, des enfants seuls sur un
coin de rue à une heure du matin… on aurait dit un champ de bataille le
lendemain d'une guerre.
Après avoir franchi l'immense muraille de notre résidence temporaire,
nous avons été émerveillés par la beauté de l'adorable jardin qui se
trouvait devant nous : un bananier, des fleurs exotiques et une
végétation sud-américaine parsemée de palmiers. Nous avons tout de
suite été stupéfaits par la qualité de l'hospitalité de la
communauté de San Juan de Lurigancho. Malgré la pauvreté qui
prédomine, la nourriture était excellente, et les mets péruviens sont
exquis et délicieux. Par contre, toute une surprise nous attendait le
premier matin lorsque est venu le moment de la douche : l'eau chaude est
un luxe dont notre hôte ne bénéficiait pas!
En raison de sa situation voisine de l'équateur et de son relief très
accidenté, le Pérou présente une multitude de climats qui varient sur
de courtes distances en fonction de l'altitude et des régions visitées.
De septembre à décembre, c'est le printemps. Présentement, à Lima, où
nous avons passé la première semaine, la température environne les
15 ºC avec un taux d'humidité frôlant les 90 %. Le soleil se
fait très rare et la brume est quasi omniprésente sur la ville. Cette
brume est occasionnée par la présence du courant de Humboldt, un courant
froid qui traverse le Sud de la Costa, provoquant ainsi un léger
refroidissement de la température.
Notre première semaine est maintenant terminée et nous partons pour
Quillabamba, petite ville du Sud du Pérou à proximité de Cusco, où
nous allons réaliser notre premier mandat. Celui-ci consiste en une
étude de besoins pour la population locale. Il s'agit en fait d'une sorte
de mission exploratoire destinée à déterminer les besoins de la
population qui pourront être comblés lors d'un stage subséquent du
GCIUS. Le chemin pour y arriver représente toute une expédition. Après
un voyage en avion d'environ une heure, un trajet de huit heures d'autobus
nous attend, et cela, pour parcourir une maigre distance de
150 kilomètres. Imaginez, Montréal-Sherbrooke en huit heures. Dans
notre prochain récit, il sera question de la vie à Quillabamba et dans
ses environs, et de nos péripéties.
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