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Liaison, 4 septembre 2003
Vivre d'histoire et d'enseignement
CATHERINE LABRECQUE
Bernard Chaput se définit avant tout comme un médiéviste. Bien sûr,
il est aussi enseignant au Département d'histoire et de sciences
politiques et doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines. Tout de
même, il demeure un historien dans l'âme. Être historien, c'est pour
lui un mode de vie qui influence, voire parfois dicte ses tâches de gestion
et d'enseignement. Après 33 ans à instruire les étudiantes et
étudiants à l'Université, Bernard Chaput n'entend pas quitter les
salles de cours de sitôt.
Demandez-lui pourquoi il s'est dirigé dans l'enseignement et il vous
regardera, une fraction de seconde bouche bée, puis enchaînera comme s'il
révélait une évidence : "J'ai toujours voulu enseigner! Je
donne des cours depuis la fin de mon baccalauréat. Cet automne, je donnerai
le cours obligatoire Histoire du Moyen Âge", précise-t-il.
Particulièrement loquace lorsqu'il est question de son domaine de
prédilection, il se plaît à en parler de mille et une façons.
Donjons et dragons
Selon lui, le Moyen Âge est très à la mode depuis 30 ans, avec l'arrivée
de jeux comme Donjons et dragons. "Cette époque fait appel à l'imagination,
elle est nourrie par les clichés." Il divise en deux catégories ce qu'évoque
cette période. D'un côté, on retrouve la beauté des châteaux en
pierre, les chevaliers et les cathédrales. De l'autre, les tragédies
meurtrières comme la peste. Pourtant, selon le spécialiste, le Moyen Âge
n'est ni mieux ni pire que le XXIe siècle, avec son lot de
drames et ses fascinations.
Bernard Chaput a orienté ses recherches vers les marginaux du XIIIe
siècle. Pourquoi? "Je me considère moi-même comme un marginal. Je m'intéresse
aux lépreux, aux prostituées, aux gens constestés, aux exclus, aux
contestataires. Je me sens proche d'eux", avoue-t-il, lui qui a
notamment milité pour la défense des droits et libertés et a adhéré au
mouvement syndicaliste.
Ayant enseigné à plus de 5000 étudiantes et étudiants, Bernard
Chaput tient à transmettre davantage que des notions théoriques dans ses
cours. "Les professeurs enseignent ce qu'ils savent et ce qu'ils
sont. Je trouve primordial de communiquer aux étudiants une vision critique
du monde. L'histoire n'existe pas, personne ne saura jamais ce qui s'est
réellement passé, il y a 1000 ou 10 000 ans. L'histoire est dans l'œil
de l'historien", soutient-il.
Enseigner 1000 ans
Pour transmettre 1000 ans en 45 heures, Bernard Chaput ne
compte pas révéler ses secrets. Il admet tout de même qu'il consacre
ses efforts à éveiller l'intérêt des étudiantes et étudiants, à
leur donner le goût d'en apprendre davantage sur l'histoire. Il les
guide consciencieusement dans leurs recherches personnelles sur les aspects
de l'histoire du Moyen Âge, comme l'histoire militaire ou l'histoire
des femmes.
Bernard Chaput parle passionnément de l'histoire et de l'enseignement,
dans son bureau de doyen où les livres occupent une place prédominante. Il
gesticule, s'anime, élève la voix au gré de ses sentiments. Modeste
quand on lui demande de parler de ses réalisations, il sait que sa
présence a été remarquée à plusieurs reprises dans la vie
universitaire. Il a été, entre autres, membre du Conseil d'administration,
directeur du Département de sciences humaines, de l'Institut de recherche
et d'enseignement pour les coopératives, responsable de divers programmes
d'études. Président de la Société d'histoire de Sherbrooke
de 1997 à 2003, il a participé à l'orchestration des fêtes
du 200e anniversaire de Sherbrooke.
Depuis plus de 30 ans, Bernard Chaput sillonnent les corridors de l'Université.
"Je l'ai vue grandir, souffrir et mûrir", dit-il en parlant de
l'institution. Il projette d'ailleurs d'y travailler encore longtemps.
D'autres desseins? "Être un meilleur doyen et professeur!"
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Bernard Chaput, professeur au Département d'histoire et de
sciences politiques et doyen de la Faculté des lettres et sciences
humaines, est fier de ses 33 années d'enseignement à l'Université.
Photo SSE : Roger Lafontaine |