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Liaison, 21 août 2003
Nouveautés disques
Critique invité Louis Lemieux, adjoint
administratif
Peter Cincotti
Peter Cincotti
crée peu, mais recrée beaucoup. À 19 ans seulement, ce jeune
prodige du jazz nous offre un premier disque éponyme d'une belle
qualité. Pianiste émérite faisant preuve de virtuosité et de
sensibilité (il a gagné un prix d'interprétation en 2000 au
prestigieux Festival de jazz de Montreux), il s'inspire de la plus pure
tradition jazz des années 1950 pour nous présenter 9 chansons en
trio avec basse et batterie, et 3 autres pièces où s'ajoute un
saxophone. Le produit obtenu est très agréable à écouter et saura
plaire à tous; ma blonde l'aime, ma fille aussi, ma perruche encore
plus! Peter Cincotti connaît tous les trucs des grands pianistes de jazz
comme Oscar Peterson, Bill Evans et Erroll Garner et sait comment les
utiliser pour mettre de la couleur et de la vie dans ses interprétations.
Il sait aussi chanter et sa voix coule naturellement sans jamais forcer.
On peut regretter que ce jeune New-Yorkais n'ait écrit
que 3 des chansons de ce disque (en collaboration avec maman
Cincotti pour les paroles) puisqu'il a du talent, le bougre. Mais il
faut reconnaître que toutes les pièces de ce disque méritent d'y
être, des standards de jazz comme Ain't misbehavin' (Fats Waller) ou
You stepped out of a dream (Nat King Cole) au medley Fool on the hill/Nature
boy (Beatles) en passant par Rainbow connection (Muppets).
Bertrand Louis (2)
Bertrand Louis
est français. Un Français préciserait que Bertrand Louis est parisien.
Un Parisien ajouterait que Bertrand Louis est du 18e arrondissement.
Loin de renier ses origines, Bertrand Louis en fait étalage dans ses
textes, sa musique et son personnage. D'abord, il aime jouer avec les
mots; leurs sens et leurs sonorités. Déjà là, on peut déceler une
certaine filiation avec feu Serge Gainsbourg, dans la lignée du regretté
Boris Vian. Le titre du disque lui-même est ambigu : s'agit-il d'un
deuxième album éponyme (le précédent et tout premier l'était) ou
devons-nous le désigner comme étant l'album (2)? La question est
futile, comme tous les sujets traités par Bertrand Louis et, si une
certaine critique sociale s'y point parfois, c'est surtout par le ton
constamment insolent et désinvolte qu'elle s'exprime. Ensuite, ce
récipiendaire du Prix Félix-Leclerc de la chanson - Volet France - 2002
aime toucher aux styles musicaux populaires dernier cri (comme Gainsbourg
à l'époque…) et n'hésite pas à faire appel à des collages home
studio de samples trip-hop, de riffs folks, de saturation lo-fi ou à
passer de la pop chic électronique à la musique de garage. Tout ça, à
la française, bien sûr. Enfin, Bertrand Louis ne cherche pas à plaire,
mais plutôt à impressionner, dans le sens de créer des impressions. Moi
j'aime bien, mais je comprends que certains n'auront peut-être pas la
patience d'entrer dans son jeu et se lasseront soit de son personnage de
trentenaire un peu attardé, égocentrique et épicurien, soit de sa voix
traînante sur des airs quasi-monocordes. Qu'on aime ou pas, (2) demeure
une découverte, Bertrand Louis étant promis à une certaine notoriété.
Du moins au Québec, si on en juge selon l'intérêt suscité par sa
prestation du 30 juillet au Spectrum dans le cadre des Francofolies de
Montréal.
Marc Vallée Trio - Hamadryade
Hamadryade :
Selon le Petit Robert et la mythologie, c'est une nymphe des bois
identifiée à un arbre qu'elle était censée habiter, naissant et
mourant avec lui. Intéressant. Dans le cas présent, il s'agit
simplement de la 3e pièce du 1er disque du Marc Vallée Trio dont on
peut se demander pourquoi elle s'intitule ainsi. Mais pourquoi pas?
Après tout, il faut bien identifier d'une quelconque façon ces pièces
instrumentales de musique d'ambiance dont on dit à l'endos de la
pochette qu'elle est acoustique aux influences folk, jazz, world et
improvisée. Alors, aussi bien y aller avec des noms exotiques ou
mystérieux. De toute façon, cela donne une idée assez juste du produit
sonore, lequel a des allures quelque peu nouvel âge. Si vous n'avez
rien de tel dans votre discothèque, je vous le recommande. L'enregistrement
de très bonne qualité fait bien ressortir les riches sonorités de la
guitare, du didgeridoo (instrument traditionnel australien) et des
percussions. L'effet global est plutôt relaxant, mais peut aussi être
utilisé en trame de fond lors d'une discussion entre amis ou pendant un
travail intellectuel aussi intense que celui de rédiger une chronique
musicale.
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