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En tournée dans les écoles primaires
Avec leurs moustaches bien effilées, leur museau d'un rose brillant,
leurs yeux câlins et leurs oreilles dressées, six chats attendent en
ronronnant de jouer leur pièce de théâtre dans les écoles primaires de
la région. Leur histoire n'a rien d'ordinaire. Évadés des classes de
cours de la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, ils sont
fin prêts, après des mois de préparation, à jouer la comédie devant un
public habituellement friand de divertissements du genre : les tout-petits.
CATHERINE LABRECQUE
La jeune troupe de théâtre sherbrookoise Les Lunes-à-tiques se compose
d'étudiantes en première et deuxième année du baccalauréat en
éducation au préscolaire et au primaire : Martine Ruelle,
Marie-Josée Cyr, Sophie Ouellette, Vicky Prud'Homme, Geneviève Yanire et
Myriam Denis. L'assistant technique Alexandre Côté commencera quant à lui
le même programme dès septembre.
Leur première pièce de théâtre, Une histoire de chats, se veut une
prestation vivante, drôle et gratuite faisant allusion aux préjugés
sociaux. "Provenant de milieux sociaux différents, les personnages de
la pièce sont confrontés aux jugements des autres, explique Marie-Josée
Cyr, une mordue de théâtre et une des organisatrices de l'activité
éducative. De cette manière, nous voulons sensibiliser les enfants au fait
que l'on juge parfois trop rapidement notre entourage selon l'apparence
physique."
Privilégiant une mise en scène à la fois simple et captivante pour
garder l'attention des élèves, les acteurs ont imaginé un scénario qui
met en vedette l'animal choyé des enfants : le chat. L'histoire tourne donc
autour de deux chatons, Rififi et Princesse, provenant de milieux
différents. Alors que le premier vit dans la ruelle, la deuxième connaît
tout le luxe d'une vie de foyer. Les deux quadrupèdes deviennent rapidement
amis, mais constatent que leur classe sociale fait obstacle à leur
relation. En effet, Duchesse, la mère de Princesse, n'aime pas voir sa
fille côtoyer un chat de ruelle. De son côté, la mère de Rififi,
Maboulette, reproche le caractère "sans cœur" des chats de
foyer. Le danger qui menace la vie des chatons réunira les deux mères.
Elles devront oublier leurs idées préconçues et s'entraider pour sauver
leur progéniture capturée et conduite à la fourrière.
Par son thème et son approche dynamique, cette pièce vise les jeunes de
la maternelle à la troisième année du primaire. "Nous attirons leur
attention avec de la danse et du chant. Après la pièce d'une trentaine de
minutes, nous faisons un bref retour et échangeons avec eux à propos des
valeurs abordées dans l'histoire. Nous leur demandons par exemple s'ils ont
déjà été victimes de préjugés ou s'ils ont déjà jugé les autres au
premier coup d'œil, sans prendre la peine de les connaître", précise
Marie-Josée, confiante de l'impact positif de cette pièce auprès du jeune
public et des enseignants.
D'abord écrite à l'intérieur d'un cours d'art dramatique à l'Université,
la pièce a été modifiée pour les fins de la prochaine tournée.
"Comme nous avons eu d'élogieux commentaires sur la pièce, nous avons
voulu former une équipe d'étudiants désireux de la jouer dans les
écoles. Nous avons retravaillé quelques passages, adapté le vocabulaire
et ajouté le volet échange à la fin de la pièce. Pour moi, les enfants
et le théâtre sont deux passions. Cette pièce me permet de m'engager dans
les deux volets que j'aime", souligne Marie-Josée Cyr.
Même si elle n'en est pas à sa première expérience sur scène,
Marie-Josée avoue avoir un peu le trac, mais demeure tout de même
enthousiaste à l'idée d'interpréter la mère Maboulette :
"Faire du théâtre pour les jeunes et en profiter pour leur inculquer
des valeurs est une belle source de motivation. Jouer sur scène me donne de
l'énergie".
Depuis le mois de janvier, l'équipe de futurs enseignants se réunit
régulièrement pour l'organisation de la pièce. En plus de préparer la
mise en scène, elle a pensé au décor et aux costumes en tenant compte des
contraintes. "Comme nous allons nous promener d'école en école, notre
décor s'adapte à différents types de salles, comme les gymnases ou les
bibliothèques et se démonte facilement, tout en logeant dans une
voiture." Un mur de briques barbouillé de graffitis se veut donc la
ruelle tandis qu'un montage de planches agit en guise d'intérieur de la
maison où habitent Duchesse et Princesse. Des costumes de chats ont
également été achetés.
Les recherches de subventions leur ont permis de combler les frais
encourus pour se procurer le matériel. Les commanditaires sont la
Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke, le programme de
subventions des activités étudiantes de l'Université, les Projets-milieu,
et l'agence de voyage Gama Polaris. Les-Lunes-à-Tique ont déjà commencé
à contacter les écoles pour leur offrir de présenter leur pièce
gratuitement. La troupe est en tournée pour les mois de mai et de juin.
Quelques dates sont encore libres. Selon leur disponibilité, les acteurs
pourraient de nouveau jouer la pièce au retour des classes à l'automne.
Pour obtenir davantage d'information, on peut contacter Marie-Josée Cyr à
l'adresse marie-josee.cyr@hermes.USherb.ca
ou Sophie Ouellette à souellette@hermes.USherb.ca.
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