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Liaison région, 18 décembre 2003
Des étudiants internationaux racontent leur Noël
CHARLES VINCENT
L'Université de Sherbrooke accueille chaque année des centaines
d'étudiantes et d'étudiants internationaux provenant d'une soixantaine de
pays, en majeure partie des pays de la francophonie. Cette année, ils sont
environ 700 hommes et femmes, provenant d'Europe (353), d'Afrique (193),
du reste des Amériques (72), d'Asie (50), du Moyen-Orient (28), et
d'Océanie (1), à avoir choisi l'Université de Sherbrooke comme institution
d'enseignement. Liaison région publie les témoignages de quelques-uns de
ces étudiants internationaux, témoignages qui nous permettent d'en
apprendre davantage sur leur culture, sur la façon de célébrer Noël ou le
Jour de l'an dans leur pays.
Japon
La majorité des Japonais sont bouddhistes, mais ils fêtent aussi Noël.
Plutôt que de penser au sens religieux de la fête, on profite de
l'occasion en famille, entre amis ou en couples pour se retrouver lors
d'une soirée, pour sortir au restaurant et pour s'offrir des cadeaux. Pour
les enfants, c'est une journée joyeuse où ils mangent des gâteaux et
reçoivent un cadeau de la part du père Noël.
L'arrivée du Nouvel An est un grand événement chez les Japonais. En
général, vers le 30 décembre, on prend à peu près une semaine de congé. La
soirée du 31 décembre se passe habituellement en famille. Partout, on
entend la cloche des temples sonner 108 fois juste avant minuit : c'est
pour se débarrasser de 108 mauvaises pensées avant l'arrivée du Nouvel An.
Dès que minuit sonne, beaucoup de gens vont au temple afin de faire le vœu
de bonheur pour l'année qui vient d'arriver. Pour fêter le Nouvel An, on
mange des pâtes de riz cuites dans la soupe et des plats spéciaux. On rend
visite aux parents et les petits enfants reçoivent de l'argent en cadeau.
Durant la matinée du 1er janvier, on reçoit des cartes du Nouvel An qui
ont été expédiées à l'avance aux amis et aux parents.
Midori Doi
Étudiante en histoire
Côte d'Ivoire
Chez nous, en Côte d'Ivoire, c'est un peu particulier en ce qui
concerne la fête de Noël parce que le pays est multiculturel et
multiethnique et que plusieurs religions s'y côtoient. Noël est considéré
chez nous comme la fête de l'enfant Jésus, donc pour les enfants. Tous les
enfants, quelle que soit leur appartenance religieuse ou culturelle, s'en
donnent à cœur joie à Noël. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, les
familles chrétiennes vont à la messe à minuit et restent à prier toute la
nuit jusqu'au petit matin en louant et en célébrant la venue de l'enfant
Jésus.
Les parents ont pris soin d'acheter les cadeaux sans consulter les
gamins pour créer l'effet de surprise. Dans certaines familles, les jouets
sont donnés la journée du 25 décembre, dans d'autres, les enfants sont
surpris de les voir au petit matin (comme si le père Noël était passé
déposer les jouets). Quelques jours avant, pendant, ou tout juste quelques
jours après le 25 décembre, les parents amènent leurs enfants dans des
parcs d'attractions et de divertissement, souvent de grands centres
d'achats où les lieux sont aménagés pour la circonstance.
Certaines familles profitent du temps de Noël pour faire leur rencontre
annuelle, pour faire le tour des préoccupations majeures ou des décisions
importantes à prendre et cela peut se faire autour d'un feu ou d'un repas,
mais de façon discrète.
Le Nouvel An est une grande fête pour tous. Toute la famille doit se
retrouver pour être ensemble et partager un grand repas. Le Jour de l'An
commence la veille, à la messe de minuit. Tout le monde doit
impérativement être en famille pour faire un baiser à tous, car ce moment
est très attendu. Il n'est pas donné à tous de voir finir une année; c'est
toute une chance pour ceux et celles qui sont demeurés en vie de voir le
changement d'année. Donc, toute la famille vient se rassurer que tous sont
en vie et s'offrir mutuellement leurs vœux les plus chers. Après quoi, les
jeunes vont veiller dans les bars, dans les boîtes de nuit et les maquis (bars-restaurants)
et la bière coule à flots.
Le lendemain, tous se retrouvent encore en famille ou sont invités, par
des familles proches ou par leurs amis, à partager un repas. Des cadeaux
peuvent être échangés, mais surtout entre ceux qui sont vraiment liés,
sinon cela n'est pas obligatoire.
Idrissa Coulibaly
Étudiant en géographie
Italie
Aller à la messe pour Noël est une occasion de rencontre, une
tradition, une coutume. L'après-midi de la veille, le 24, il y a beaucoup
de gens qui se confessent pour être prêts pour la communion. Pour Noël,
dans toutes les églises des villes, vous trouvez une jolie crèche
habituellement avec de l'animation : de l'eau qui coule, des lumières… Et
la nuit de Noël, on ajoute le petit Jésus dans la cabane entre Giuseppe et
Maria. Chez eux, la plupart des Italiens préparent l'arbre de Noël et, à
côté, la crèche. En dessous de l'arbre se trouvent les cadeaux et les «panettoni»,
«pandori», «panforti», «ricciarelli», «torroni», tous des gâteaux typiques
de Noël. Il est très commun aussi d'offrir de grosses corbeilles de
nourriture, cadeau pour toute la famille. On apporte aussi un cadeau au
médecin de famille par exemple. Les magasins envoient même des corbeilles
aux bons clients! On ouvre les cadeaux le soir de Noël, après minuit, donc
après la naissance de Jésus. Les enfants, quant à eux, ouvrent les cadeaux
le matin de Noël. Cependant, chaque région en Italie, même chaque famille,
a des habitudes différentes. Le soir du 24 ou le 25, toute la famille se
réunit. Et on passe beaucoup d'heures ensemble : le repas de Noël est une
occasion de rencontre pour les membres de la grande famille et de parler…
parler… rire et puis recommencer à manger! Noël chez nous en trois mots :
église, cadeaux, nourriture!
Le 31 décembre, ça fête! À la maison entre amis ou dans le centre-ville
avec beaucoup d'autres personnes avec une bouteille de mousseux ou de
champagne qu'il faut ouvrir à minuit. Quand l'an se termine, on commence
avec les «botti di Natale». Pendant une heure environ, il y a beaucoup de
couleurs et de bruits à cause des pétards et des feux d'artifice. Il est
conseillé de rester chez soi parce que, souvent, il y a des accidents à
cause des feux d'artifice. Le soir du 31 décembre ou le 1er janvier, il
vaut mieux manger des lentilles avec le «cotechino» (la patte du porc),
beaucoup de lentilles, si l'on veut avoir beaucoup d'argent l'année
suivante! On dit aussi que pour le 31 décembre, il faut porter des dessous
rouges si l'on veut avoir beaucoup de chance au cours de la nouvelle
année!
Puis, le 6 janvier, il y a la «befana» qui passe chez les enfants et
qui apporte soit des cadeaux ou des sucreries dans des chaussettes, soit
du charbon si les enfants ont été méchants! Et après la «befana», on
commence à ranger les décorations de Noël, on enlève l'arbre de Noël, on
rentre à l'école après deux semaines de congé et dans les magasins, les
soldes commencent!
Sandra Cassinese
Étudiante en études françaises
Madagascar
Les festivités de fin d'année se déroulent de manière chaleureuse à
Madagascar. Majoritairement christianisée, la population malgache aime
fêter Noël à l'église. Dès le 24 décembre au soir, les jeunes des
différentes paroisses, regroupés au sein de chorales, aiment concocter des
représentations dans leur église avant la messe de minuit (des concerts ou
des petites pièces théâtrales relatant des histoires tirées de la Bible ou
de la vie chrétienne). La messe de la matinée de Noël est la plus prisée
des Malgaches : toutes les églises du pays sont archicombles ce jour-là et
on remarque même plusieurs bancs sortis dans la cour de la plupart d'entre
elles pour ceux qui ne peuvent plus rentrer dans l'édifice. Tout le monde
(tous âges confondus) fait un effort particulier pour assister à l'office
religieux dans la paroisse de sa famille. À midi, le traditionnel repas
familial de Noël (rassemblant parfois plusieurs membres de la famille
élargie) n'est pas à oublier. La volaille est le mets principal
traditionnel pour un repas de fête de ce genre. Les cadeaux que donnent à
cette occasion les grandes personnes aux enfants empruntent d'ailleurs le
nom de certains morceaux de volaille (noms qui littéralement veulent dire
«substitut de cuisse de poulet pour les enfants»). À Noël, ce sont les
enfants qui reçoivent les cadeaux contrairement au Nouvel An (jour de l'Asaramanitra)
alors que tous les membres de la famille élargie doivent rendre visite aux
aînés (ou aux plus âgés) de la famille pour apporter un présent afin de
leur rendre hommage.
Olivier Tantelini Rakotomalala
Étudiant en psychologie
Provence (France)
Je viens du sud de la France, de Marseille. Dans ma région en Provence,
les fêtes de Noël suivent la tradition des treize desserts. Mais d'où
vient cette coutume?
Auparavant, en Provence, le gros souper de la veille de Noël réunissait
toute la famille, y compris les serviteurs. Il commençait tôt et durait
jusqu'au départ pour la messe de minuit. Sur la table recouverte de trois
nappes étaient posés trois chandeliers symbolisant le mystère de la Sainte
Trinité; aux deux extrémités, les soucoupes de blé de la Sainte-Barbe; au
milieu, le pain calandal portant l'incision cruciale (un quart était la
part du pauvre et douze plus petits pains représentaient Jésus et les
12 apôtres). Le blé de la Sainte-Barbe ou les lentilles sont semés par les
Provençaux le jour de la Sainte-Barbe, le 4 décembre. Si ce blé est bien
haut et vert le jour de Noël, cela signifie que vous serez riche toute
l'année. Les mets traditionnels de Noël sont la morue, les escargots, la
carde, le céleri et le vin cuit.
Sur «lou Pestrin» (le pétrin) se trouvaient les 13 desserts
traditionnels : la pompe à l'huile d'olive (une galette ressemblant à une
brioche, mais qui n'en est surtout pas une!); le nougat blanc et le noir;
il y avait aussi les quatre mendiants : les raisins secs, les amandes, les
figues sèches, les noix et noisettes, qui désignaient respectivement les
quatre ordres religieux mendiants : les Dominicains, les Carmes, les
Franciscains et les Augustins; pour finir se trouvaient les poires, les
pommes, les dattes, les pruneaux, les oranges, le melon et les raisins
frais.
Ce soir-là, la porte restait ouverte au solitaire ou au malheureux. Et
sur la table, on ajoutait un couvert pour lui. Le lendemain, jour de Noël,
un dessert supplémentaire s'ajoute aux restes des treize desserts, c'est
la bûche de Noël.
Delphine Driget
Étudiante en droit
Chine
Le Nouvel An chinois, aussi appelé la fête du Printemps, est le plus
important jour pour les Chinois. La date de cette fête est déterminée par
le calendrier lunaire, elle varie donc chaque année entre la fin de
janvier et le début de février. En 2004, le Nouvel An aura lieu le jeudi
22 janvier.
Pour le célébrer, les maisons sont complètement nettoyées et les portes
sont festonnées de papiers sur lesquels on retrouve les inscriptions
parallèles propices à l'événement. Les gens brûlent de l'encens à la
maison et dans les temples pour payer des respects aux ancêtres et pour
demander aux bouddhas la santé et la chance pendant la nouvelle année.
La veille de la nouvelle année, tous les membres de la famille se
rejoignent chez les parents. Pendant la soirée, la famille prend un repas
copieux en regardant des émissions spéciales à la télévision. La
nourriture traditionnelle pour cette fête est le «jiao zi» (du ravioli à
la viande cuit à la vapeur), populaire dans le nord, et le «nian gao» (un
gâteau de riz glutineux), favorisé dans le sud. À minuit, tous les gens
sortent et lancent des feux d'artifice et des pétards pour saluer
l'arrivée de la nouvelle année. Dans un instant, la ville sera engloutie
dans le bruit des festivités.
Les enfants aiment beaucoup cette fête. En plus des repas délicieux et
des nouveaux vêtements, ils reçoivent pour étrennes des sachets rouges à
l'intérieur desquels il y a de l'argent. C'est une coutume très chinoise.
Jing Liu
Étudiante en études françaises
Midori Doi, étudiante en histoire
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Olivier Tantelini Rakotomalala, étudiant en psychologie
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Jing Liu, étudiante en études françaises |
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