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Liaison région, 28 août  2003
 

 

Le professeur de chimie Hugues Ménard a relevé le défi de construire sa propre maison de campagne, non pas par orgueil, mais dans le but de trouver un équilibre entre le monde exigeant du travail et le bonheur d'être en forêt.

Photo : Roger Lafontaine

 

 

Construire sa propre maison de campagne

Hugues Ménard est professeur chercheur au Département de chimie de l'Université de Sherbrooke depuis bientôt trente ans. Alors que d'autres font du sport pour se détendre, lui, il joue du marteau et de la scie ronde. Il a consacré une bonne partie de ses loisirs des cinq dernières années à la construction de sa propre maison de campagne, faisant tout lui-même, de la conception des plans à la finition, en passant par l'élévation de la charpente et des murs. Pourquoi? Par pur plaisir. Pour le bonheur d'être en forêt et de refaire le plein d'énergie.

CHARLES VINCENT

Lorsqu'il arrive à sa maison de campagne, située dans la région du mont Ham, Hugues Ménard se précipite dans son garage. Il en ressort aussitôt, une chaudière de grains à la main, pour se diriger vers l'un des trois lacs qui enjolivent sa terre, celui où se trouvent trois canards qui l'y attendent en poussant des onomatopées où se mêlent le plaisir de revoir leur maître et l'envie de s'empiffrer. Ce geste, d'apparence banale, est en fait une sorte de rituel, une pratique qui marque le passage du monde du travail à celui de l'apaisement. Son "terrain de jeu", comme il aime à dire.

Tout près du lac se trouve son "chef-d'œuvre", la maison qu'il a érigée au fil des ans, au prix de nombreux efforts, tous souhaités et appréciés, précise Hugues Ménard. Un superbe chalet qui par sa prestance mérite sans contredit l'appellation de maison. La construction est entièrement de bois. Tous les matériaux utilisés, que ce soient les madriers ou les planches, proviennent de sa terre, une ancienne ferme d'une centaine d'acres dont la moitié a été convertie en plantation de conifères, il y a maintenant trente ans. Il aura fallu deux années pour abattre et faire scier tout ce bois.

Un ambitieux projet

C'est pour profiter de la nature que Hugues Ménard a troqué, il y a 15 ans, son chalet au bord de la rivière Saint-François pour une terre à bois. "J'avais besoin d'espace, de l'espace pour marcher en forêt. Assez d'espace pour ne pas déranger les voisins", blague le chimiste. Plutôt "terrestre", il préfère la compagnie des arbres aux activités aquatiques. "L'un des grands plaisirs à posséder un vaste territoire, c'est qu'il comporte plusieurs endroits différents, qui évoluent tous différemment dans le temps, explique-t-il.

Un an après l'achat de sa terre, il construisait un petit chalet, juste de quoi pouvoir s'abriter lors de ses séjours à la campagne. Durant les dix années qui ont suivi, il a "ouvert" un chemin pour se rendre au chalet, procédé à certains travaux de drainage puis réparé les barrages des lacs, dont l'un d'ailleurs est redevenu récemment, à son grand dam, le lieu de nidification d'une famille de castors. Du gros labeur physique qui le transportait à cent lieues de son univers professionnel, celui des salles de classe et des laboratoires de l'Université où il enseigne et mène ses recherches.

Puis, vint l'ambitieux projet, celui de bâtir quelque chose de plus important, une construction plus imposante. "Je n'avais jamais construit de maison de ma vie, explique Hugues Ménard. Je suis un pousseux de crayon". En bon scientifique, il procéda d'abord par observation. "Je suis allé sur les chantiers de construction, voir comment les ouvriers opéraient. Je leur ai posé des questions, se rappelle le gentleman entrepreneur en construction. Puis, un jour, je me suis procuré un logiciel d'architecture. Pendant tout l'hiver, j'ai passé mes temps libres à concevoir les plans."

Construire à la dure

Les travaux ont débuté dès le printemps. D'abord les fondations, puis la charpente et les murs, le gros œuvre. À la fin du premier été, la maison était entièrement "fermée". Juste à temps pour pouvoir travailler à l'intérieur, au sec, durant l'automne et l'hiver. Tranquillement, au rythme d'une journée par fin de semaine –ce à quoi s'ajoutaient la presque totalité des vacances estivales– la maison prenait forme, s'embellissait. En cinq ans, elle devenait complètement habitable, avec ses trois étages, ses sept pièces, ses deux poêles à bois et sa tourelle qui offre une vue imprenable sur les lacs.

Une construction qui s'est faite à la dure. Non seulement l'"entrepreneur en construction" en était à ses premières armes, mais il devait le faire sans le moindre kilowatt. "Il a fallu débiter les madriers à la scie mécanique", se souvient Hugues Ménard. Le travail était exigeant. Tellement dur que deux génératrices ont rendu l'âme sur le chantier. Le professeur pensait bien tenir la solution en construisant sa propre éolienne, mais celle-ci ne résista pas aux grands vents. "Les pales volaient dans toutes les directions", explique-t-il.

Ce n'est qu'une fois rendu à l'étape de la finition que Hugues Ménard a bénéficié de l'électricité. Toute une aventure! Pour se brancher au réseau d'Hydro-Québec sans qu'il lui en coûte une fortune, il a dû construire lui-même sa propre ligne d'alimentation, sur une distance d'environ un demi-kilomètre. Il a acheté des vieux poteaux ayant appartenu auparavant à la société d'État et fait installer la ligne par un électricien. Une petite révolution en soi! Dorénavant, non seulement les outils pouvaient fonctionner normalement, mais les commodités "débarquaient" au chalet.

Un petit havre de paix

Tous ces travaux, Hugues Ménard en parle avec enthousiasme. "Quand j'arrive sur ma terre, c'est le bonheur total, lance-t-il. Quand je suis à l'Université, j'ai à me pencher sur des problèmes ardus, à respecter des échéanciers très serrés. Je vis bien avec ça, car j'ai beaucoup de plaisir à faire de la recherche avec mes étudiants et mes collègues, mais j'ai besoin de pouvoir relaxer. Et les travaux m'aident à le faire." Ses projets de construction, il les voit comme un hobby. "On a tous à se poser la question : "Qu'est-ce qu'on fait après les journées de travail?" Pour moi, qui ne sait que travailler, la solution était simple. Travailler, mais à quelque chose de différent."

Sa maison de campagne, il la veut rustique. Pour lui, il est important qu'elle conserve cette âme campagnarde qui rappelle à tous les visiteurs qu'on est là ailleurs, loin de l'univers stressant du travail. Pour ajouter à l'air campagnard, Hugues Ménard s'est donné pour mission de la meubler d'antiquités, de pièces ramassées ça et là, des petits bijoux qu'il ajoute à ce qu'il appelle "son petit musée". C'est tantôt une vieille pince à glace, tantôt un séparateur de crème qui grossit sa collection. Au moment de notre passage chez lui, c'était une balance suspendue.

Ce petit havre de paix, Hugues Ménard se fait un devoir de le partager. La famille y célèbre les réveillons de Noël depuis quelques années et, une fois l'an, le professeur invite collègues et étudiants à respirer le bon air de la campagne. À plusieurs reprises, Hugues Ménard a même convié chez lui des invités étrangers qui, tous, sont tombés en amour avec son coin de pays. Une richesse qui frappe grandement les Européens, notamment, habitués aux espaces plus confinés. Cette richesse, non monnayable, est en fait celle d'un homme en communion avec la nature.

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