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Une passion de fils en père
CHARLES VINCENT
Nombreux sont les parents qui assistent aux prestations sportives de
leurs enfants, qui les véhiculent de quartier en quartier, de ville en
ville, qui applaudissent leurs exploits, petits et grands. Plus rares
cependant sont ceux qui s'investissent au point de devenir eux-mêmes
entraîneurs. André Marquis, professeur en rédaction à l'Université de
Sherbrooke, a choisi de plonger tête première dans l'univers du ballon rond.
C'était il y a six ans, lorsque l'équipe de son fils cadet, Benjamin,
perdait son entraîneure pour un mois, en plein cœur de la saison. À
l'époque, le professeur connaissait peu ce sport et ne se doutait pas que le
soccer allait devenir une véritable passion.
Le soccer, André Marquis en "mange". Entre les mois de mai et de
septembre, il arpente les terrains de trois à quatre fois par semaine, pour
les pratiques et pour le match hebdomadaire de son équipe. Et c'est sans
compter le temps qu'il met à la préparation des entraînements et des matchs.
"La planification des jeux n'est pas naturelle pour un prof de rédaction
comme moi, explique-t-il. Ça me prend forcément plus de temps." Une
surcharge de travail qui ne lui pèse pas du tout, loin de là, lui qui
consacre une bonne partie de ses autres temps libres à regarder rien de
moins que le "foot" à la télévision. Du soccer mur à mur!
Lorsqu'il était adolescent, André Marquis était mordu d'équitation. Il a
participé à de nombreuses courses d'obstacles et a même donné des cours
pendant quatre ans. Il garde de cette époque des souvenirs inoubliables,
même de la période où il exerçait les fonctions de palefrenier. Devenu jeune
adulte, il troqua son cheval contre des bâtons de golf, considérations
financières obligent. Il trouva dans le golf le même défi qu'il éprouvait
aux commandes de sa monture, celui de créer, de trouver des solutions à des
parcours difficiles ou à des positions précaires.
Sur les traces de ses fils
Lorsque ses fils décident de jouer au soccer, André Marquis les
accompagne naturellement. Sportif, il apprécie la discipline, mais sans
plus. Or, en 1998, l'équipe de Benjamin se cherche un entraîneur suppléant.
André se porte volontaire et sa "carrière" d'entraîneur débute. Pas question
pour lui de prendre son poste à la légère. Il s'inscrit aussitôt dans la
ligue des parents et se met à pratiquer lui-même le sport. Il se constitue
une bibliothèque sur le sujet, dévorant tous les livres consacrés au soccer
qui lui tombent sous la main et visionnant plusieurs cassettes. Il suit
aussi, au fil des ans, les diverses formations d'entraîneurs qui s'offrent à
lui.
Pendant deux ans, il donne un coup de main aux entraîneurs de ses fils,
puis, en l'an 2000, il devient l'entraîneur des Olympiques U12 M de
Sherbrooke, un club local dans lequel évoluent Antonin, son fils aîné, et
Benjamin. Novice dans la pratique du sport, André demande à un jeune voisin
jouant au niveau élite, Thierry Farrugia, de l'aider dans la direction de
l'équipe. Cette année-là, l'équipe remporte une médaille d'or lors d'un
tournoi à Coaticook. La saison suivante, André agit à titre d'entraîneur des
gardiens de but (et notamment de Benjamin…) du Boréal U 12 M de Sherbrooke,
un club AA.
La situation se corse lorsque Antonin passe dans la ligue élite AAA.
André se voit offrir le poste d'entraîneur, mais il réalise rapidement que
le calibre est beaucoup plus fort. De plus, il hérite d'une équipe
désorganisée, une formation qui a terminé dernière au classement. André
Marquis accepte de relever ce défi en compagnie de Thierry Farrugia. Ils
recevront d'ailleurs le titre d'entraîneurs de l'année du club Mistral pour
la nette progression de leur équipe. En 2003, André entraîne à nouveau ses
deux fils, qui jouent maintenant au sein de la formation Mistral U 15 M.
Le chant du cygne
Après avoir entraîné pendant plus de cinq ans, André Marquis tire
aujourd'hui sa révérence. Son expérience lui aura valu de vivre des moments
privilégiés avec ses deux fils, en plus de lui permettre de découvrir un
sport qu'il affectionne maintenant au plus haut point. Un sport où les
valeurs de solidarité et de générosité dictent les conduites. Un sport qui
fait appel à la rapidité d'exécution, à l'anticipation et à l'improvisation.
André Marquis n'abandonne pas pour autant la discipline. Il entend
travailler à l'implantation d'un stade couvert à Sherbrooke, comme il en
existe à Montréal, à Laval ou à Saint-Jean-sur-Richelieu, pour que les
joueurs puissent continuer à pratiquer le soccer dans des conditions
optimales, même durant l'hiver.
De l'enseignement de la rédaction à l'enseignement du soccer, les
stratégies d'apprentissage se ressemblent beaucoup, affirme André Marquis.
L'une pouvant même influencer l'autre et vice-versa. André estime avoir
beaucoup appris au cours des dernières années, tant sur les éducatifs, les
systèmes de jeu et les stratégies reliés au soccer, que sur la psychologie
des adolescents et sur lui-même (il a, semble-t-il, développé sa patience…).
Il croit avoir amené ses jeunes à se surpasser dans des contextes
difficiles, tout en s'amusant.
Ses fils, quant à eux, continuent de pratiquer le soccer. Étudiants au
Séminaire de Sherbrooke, ils jouent au moins deux fois par semaine durant
l'année scolaire et souhaiteraient bien aller faire un tournoi en France
prochainement. Ils ne sont pas près d'abandonner leur sport préféré…
Comme quoi, les passions peuvent aussi se transmettre de fils en père!
L'entraîneur André Marquis en pleine action,
quelque temps avant les séries finales.
Photo SSE : Roger Lafontaine
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