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Danser et s'entraîner... en fauteuil roulant
CATHERINE LABRECQUE
Se lever et faire quelques pas peut sembler impossible pour les gens en
fauteuil roulant. Selon des chercheurs de la Faculté d'éducation physique et
sportive de l'Université de Sherbrooke, c'est une réalité possible et
souhaitable pour certains individus. Spécialement conçus pour les personnes
avec incapacité motrice qui se déplacent toujours ou majoritairement en
fauteuil roulant, des ateliers gratuits ont été mis sur pied pour initier
les personnes concernées aux bienfaits d'activités telles que la danse et
l'entraînement. Des ateliers ont eu lieu en janvier et en février. Ces
ateliers constituent une occasion privilégiée pour les personnes en fauteuil
roulant de la communauté universitaire et de l'Estrie d'accéder aux
connaissances scientifiques des spécialistes dans le domaine.
Sous la direction de Jacques Vanden-Abeele, professeur retraité de la
Faculté d'éducation physique et sportive de l'Université de Sherbrooke, les
ateliers visent à aider les personnes à se prendre en charge et à
s'entraîner : «D'une façon générale, les activités visent à donner de
l'autonomie aux participants. Il est prouvé que les personnes qui demeurent
trop dans leur fauteuil roulant deviennent ankylosées. Elles sont des
candidates à risque de développer des maladies cardiovasculaires. À l'aide
d'exercices musculaires personnalisés, les spécialistes qui encadrent les
gens dans les ateliers leur apprennent à devenir autonomes, à faire quelques
pas. Pour vivre en fauteuil, il faut en sortir de temps en temps. Cela peut
prendre des mois, voire des années, mais ça vaut la peine. Lorsque la
personne peut se lever, par exemple pour prendre un verre d'eau, elle gagne
de l'autonomie. Ce geste vaut bien souvent une médaille olympique.»
Retrouver le goût de vivre
D'une façon générale, environ 10 % de la population souffre d'incapacité
physique et environ 5 % se déplace en fauteuil roulant. «En Estrie, à
l'exception des athlètes en fauteuil roulant, peu de rouleurs pratiquent des
activités sportives», constate Jacques Vanden-Abeele. Il est prouvé que
toute personne inactive est à risque de développer des pathologies. Les
personnes avec des incapacités ne font pas exception. «Pour qu'un
entraînement soit bénéfique, il doit nécessiter de l'effort physique et de
la coordination motrice, souligne le professeur retraité. Par exemple, pour
rééduquer une main, il faut travailler l'épaule. Cela va même plus loin :
pour rééduquer les doigts, le corps en entier doit bouger. Les activités
d'entraînement mettent l'accent sur les parties du corps qui fonctionnent.»
Jacques Vanden-Abeele se plaît à dire qu'il a côtoyé des gens en fauteuil
roulant qui ont découvert le goût de vivre avec l'activité physique : «Des
paraplégiques peuvent être obsédés par leurs pathologies et penser qu'ils
n'ont plus de plaisir à vivre. La réadaptation des personnes avec
incapacités s'inspire de leurs aspirations. Par exemple, si elles ont
toujours aimé ou rêvent de jouer au football, la réadaptation peut
s'effectuer en s'inspirant de ce sport.» Les ateliers visent à défaire
certains préjugés qui stipulent que l'activité physique est contre-indiquée
pour les gens malades. «Beaucoup de personnes âgées n'ont jamais pratiqué
d'activités physiques parce qu'on ne leur a pas démontré l'importance de
l'activité physique. Ils ont une image négative de l'entraînement», constate
le professeur.
Ateliers personnalisés
Les participants aux ateliers sont suivis individuellement par un
éducateur, soit un étudiant aux études supérieures en éducation physique ou
un autre spécialiste. Le rôle de ceux-ci consiste à donner des conseils
concernant, par exemple, la charge de poids à soulever. L'atelier de janvier
était composé d'activités visant à augmenter la coordination,
l'équilibration et la posture. Les participants de celui du 7 février se
sont notamment exercés à rouler plus longtemps sans s'essouffler. Sur des
airs de tango, de danse ethnique et de danse sociale, ils ont connu les
bienfaits physiques et psychologiques de la danse. Pour plus de
renseignements sur les ateliers, écrivez à
Carole.Cloutier@USherbrooke.ca.
Les ateliers sont organisés également par Donald Royer,
professeur à la Faculté d'éducation physique et sportive de l'Université de
Sherbrooke, qui a développé une expertise en incapacité motrice. Il
travaille avec des athlètes sportifs en fauteuil roulant. Il fait partie de
plusieurs associations, dont l'Association canadienne d'athlètes en fauteuil
roulant. Les deux ateliers constituent un avant-goût des programmes offerts
depuis juin par le Groupe de recherche et d'intervention en éducation
physique et sportive adaptative de l'Université de Sherbrooke. Le groupe
organise des programmes pour les jeunes adultes avec déficience
intellectuelle sévère ou profonde, pour les personnes avec incapacité
motrice et qui sont ambulantes, ainsi que pour celles se déplaçant en
fauteuil roulant.
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