8 juillet 2004 (no 20)
10 juin 2004 (no 19)
20 mai 2004 (no 18)
29 avril 2004 (no 17)
8 avril 2004 (no 16)
18 mars 2004 (no 15)
4 mars 2004 (no 14)
19 février 2004 (no 13)
4 février 2004 (no 12)
22 janvier 2004 (no 11)
8 janvier 2004 (no 10)
11 décembre 2003 (no 9)
27 novembre 2003 (no 8)
13 novembre 2003 (no 7)
30 octobre 2003 (no 6)
16 octobre 2003 (no 5)
2 octobre 2003 (no 4)
18 septembre 2003 (no 3)
4 septembre 2003 (no 2)
21 août 2003 (no 1)
1993-1994 à 2003-2004

-Liaison région

Calendrier des parutions 2004-2005

Liaison sort du campus
Liaison a besoin de vous
Liaison vous rend service
Liaison vous publie
Liaison parle de vous

L'équipe de Liaison
Information sur Liaison
Pour nous joindre


 

 


 

Liaison région, 27 novembre  2003

Sonder les lieux et les êtres

Normand Achim, photographe 

Normand Achim est technicien en documentation. Il travaille à l'Université de Sherbrooke depuis bientôt trente ans. Il aime voyager. Il aime également les gens. Pour lui, la photographie est un moyen d'expression exceptionnel. C'est le moyen qu'il a trouvé, lui, pour sonder les êtres, pour sonder les lieux. Au cours des trente dernières années, il a produit des milliers de photos et présenté de nombreuses expositions individuelles et collectives. Il a fait de la photo une véritable passion, une passion qui lui a permis de s'exprimer et, depuis une dizaine d'années, de voyager.

CHARLES VINCENT

Au début des années 1990, Normand a imaginé une façon originale de financer ses voyages. Il vend à ses clients – des professionnels, des collègues, des amis – ce que l'on pourrait appeler des photos virtuelles, des photos qu'il prendra lors de son prochain voyage. Quand les ventes couvrent l'essentiel des frais anticipés, il part. Au cours des treize dernières années, il a vendu de nombreuses photographies et financé pas moins de huit voyages, tous en Europe. Le dernier a eu lieu l'été dernier. Normand a parcouru l'Autriche, la Croatie, l'Italie, la Suisse et la France. Au total, une quarantaine de jours de travail durant lesquels il a exposé pas moins de 108 pellicules!

 «Ma façon de faire repose sur un engagement réciproque, explique-t-il. Le client prend un risque en achetant une photo qu'il n'a pas vue et moi en échange, j'ai carte blanche.» Si la méthode profite au photographe, et au client qui acquiert ainsi des photos inédites, elle génère cependant beaucoup de stress. «Il faut livrer la marchandise, ajoute-t-il. Jour après jour, tu prends des photos, des milliers au total, et tu ne vois les résultats qu'à ton retour.» Mais le plaisir de voyager est là pour compenser et l'expérience du photographe, pour le rassurer. On n'a qu'à voir ses œuvres pour s'en convaincre : des paysages, des scènes de la vie quotidienne d'une rare beauté.

Le «gars au robinet»

C'est dans les années 1970 que Normand Achim s'est fait un nom dans l'univers de la photographie. Adepte de la «théâtralité», il utilisait ses photos pour présenter son point de vue personnel sur la vie, et non la vie en elle-même. Il travaillait avec des comédiens, créait des personnages. «Mon travail est vraiment organisé, planifié, disait-il au journaliste de La Tribune qui l'interviewait à propos d'une exposition présentée en 1977 et consacrée au Bien et au Mal. Chaque photo est un segment de la vie. C'est théâtralisé.» Aujourd'hui, avec le recul, Normand Achim admet qu'il essayait surtout de se comprendre à travers ce type de photos.

Ce faisant, il s'efforçait aussi de marquer l'imaginaire des gens, n'hésitant pas à déranger. Deux de ses photomontages réalisés dans les années 1970 résument particulièrement bien cette période de la «carrière» de l'artiste. L'un présente une photo d'une femme nue sur le ventre de laquelle avait été greffé un robinet; l'autre, baptisé «Le point de vue de la poule», donnait à voir la photo d'une paire de bottes de caoutchouc devant laquelle avaient été appliqués de la «broche à poules» et du foin. Ses montages détonnaient. Ils ne sont d'ailleurs pas passés inaperçus, tout comme l'ensemble de ses expositions présentées à Montréal, Québec, Ottawa et Sherbrooke.

Puis, vers la fin des années 1990, Achim est passé aux paysages. Un changement qui s'est fait par hasard. Il travaillait à l'époque sur «une série de portraits avec de la glace». Durant une soirée mondaine, une artiste lui lança que la glace n'était qu'une affaire de Québécois. Piqué par ce commentaire, Normand lui répondit qu'il pouvait tout aussi bien aller finir ses photos en Grèce! Une fois la boutade lancée, et le photographe décidé à aller au bout, il ne restait plus qu'à trouver le moyen de payer le voyage. C'est alors qu'il a eu l'idée de vendre des photos avant qu'elles ne soient prises. Il en a vendu trente et quelque temps après, il s'envolait pour la Grèce. Le concept était né!

L'art de la séduction

Au fil des années, entre les photos théâtrales et les photos de paysages, Achim en est venu à développer son propre style, qui repose sur le recours presque systématique au noir et blanc. «Le noir et blanc oblige l'esprit à envisager l'objet autrement qu'à travers le prisme de la réalité, précise-t-il. Je ne veux pas reproduire la réalité. Je veux que l'esprit aille au-delà de la vision de l'objet, qu'il pénètre dans les profondeurs des sentiments qu'il évoque. Avec le noir et blanc, on bascule. On oblige la partie gauche du cerveau à travailler.» On sent également dans l'œuvre d'Achim une volonté de comprendre l'humain, une quête qui va bien au-delà de la photo en elle-même. «La magie des gens et des lieux, c'est ce qui m'intéresse, explique le photographe. Pour moi, voir quelqu'un à travers un objectif, c'est magique. La distance est anéantie par l'effet de fermeture qu'il procure.» Et c'est en ce sens qu'il envisage l'art de la photographie. «Pour faire sa photo, précise-t-il, le photographe doit oublier l'espace dans lequel il est et tout faire pour en recréer un autre. Il doit amener le sujet à s'oublier lui aussi.»

Pour Normand Achim, tous les humains sont photogéniques, qu'ils soient beaux ou laids, gros ou maigres, malades ou en santé. «Car être photogénique, dit-il, c'est être capable de séduire, et tout le monde peut séduire.»

On peut voir quelques-unes des œuvres de Normand Achim à la bibliothèque de la Faculté de droit.

 


Normand Achim, technicien en documentation à la bibliothèque de la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke, a imaginé une façon originale d'allier ses deux passions : la photographie et les voyages.

Photo SSE : Roger Lafontaine

 

 

Retour à la une 

 

LIAISON est une
publication de
l'Université
de Sherbrooke

 

Rédacteur en chef :
Charles Vincent

Local F1-113,
Pavillon J.-S.-Bourque

(819) 821-7388

Liaison@USherbrooke.ca