Liaison, le journal de l'Université de Sherbrooke, 13 juin 2002

 

La vie selon Adamo

MARTINE CÔTÉ
Centre culturel

Adamo, Salvatore de son prénom, est ce chanteur qui parvient à conquérir jeunes et vieux et qui pourrait étaler son passé impressionnant : 90 millions d’albums vendus à travers le monde, près de 450 chansons écrites, traduites en six langues, plus de 29 tournées au Japon et des admirateurs provenant de plus d’une douzaine de pays. Mais Salvatore Adamo ne se repose pas sur ces chiffres mirobolants, car le chanteur aujourd’hui âgé de 57 ans poursuit son parcours artistique avec une générosité et une ardeur sans pareil. Le 9 juillet prochain au Centre culturel, Adamo convie le public, qui promet d’être très éclectique, à une prestation en compagnie de ses 11 musiciens, où s’entremêleront près de 20 chansons et quelques pots-pourris...

Généreux, Adamo l’est par ses spectacles longs et énergiques, par la chaleur qu’il offre au public, mais aussi par son engagement social. On peut qualifier Salvatore Adamo de chanteur engagé, un terme qui aujourd’hui ne s’applique qu’à peu d’artistes. C’est depuis 1993 que le chanteur a embrassé la cause de l’Unicef afin de redonner à la vie tout ce qu’elle lui a apporté en termes de bonheur, d’amour et de succès. Envoyé au Vietnam pour constater une forme de cécité très grave chez les enfants, l’artiste en est revenu bouleversé et décidé à sensibiliser le monde à cette cause. À sa façon, il s’est également employé à dénoncer les atrocités que subit le peuple juif avec la sortie d’Inch’Allah, en 1966, une sorte de longue prière de paix. Cette chanson lui avait toutefois valu un boycott des pays arabes, ce qui a amené Adamo a en retoucher les paroles en 1993 pour tenir compte aussi de la souffrance des Palestiniens.

Adamo est de ces artistes quasi inqualifiables. L’auteur-compositeur-interprète mélange les registres : chansons d’amour, ballades légères et pièces aux propos sévères voire critiques. À la fois idole yéyé et respecté par les Brel et Brassens dans les années 1960, Adamo a certainement contribué à prouver que la chanson populaire pouvait également rimer avec qualité.

L’utilisation de la chanson C’est ma vie par la Fédération des producteurs de lait du Québec a certes joué un rôle dans le regain de la carrière d’Adamo. Or ce n’est pas la première fois que le chanteur prête une de ses pièces à une campagne publicitaire : sa chanson Tombe la neige a servi de fond musical à des marques de gel et d’air climatisé. Profitant de la vague de popularité de C’est ma vie, Adamo explique aujourd’hui le sens premier qu’il donnait à cette chanson en 1975. Nombreux sont ceux qui ont cru à une chanson d’amour entre un homme et une femme : erreur, l’artiste parle ici à son public, lui communiquant son amour, mais aussi ses moments d’incompréhension ou de froideur.

Considérant le chanteur comme "fleur bleue" au début de sa carrière, le public ne comprenait pas nécessairement ce changement quand l’artiste a commencé à adopter un ton plus grave dans ses chansons. Peu importe le sens qu’on lui donne, il reste que cette immortelle pièce sera à coup sûr entonnée par de nombreux spectateurs le soir du 9 juillet prochain…

Salvatore Adamo sera en spectacle le 9  juillet à la Salle Maurice-O’Bready.