STOPER : une approche féconde

Le groupe de recherche sur les Stratégies d'optimisation d'écosystèmes régionaux (STOPER) entreprend deux projets d'envergure : l'un avec la Ville de Sherbrooke, l'autre avec Envirosite inc. Ces projets se caractérisent par une nouvelle approche de consultation publique. À l'évidence, l'approche de STOPER intéresse beaucoup les décideurs et décideuses, tant du secteur privé que public.

STOPER propose une approche novatrice de la gestion des déchets. Celle-ci intègre nombre de dimensions de la problématique, dont certaines ordinairement exclues, comme la dimension sociale. Des chercheuses et chercheurs du groupe, notamment ceux du module sociotechnologique, mèneront les nouveaux projets pour optimiser cette approche. Le module sociotechnologique du groupe STOPER est formé de Pierre De Conninck, Michel Séguin, Nicolas Abatzoglou et Astérie Twizeymariya, associés de recherche, Lucie Laramée, étudiante au doctorat en génie chimique, Thierry Tremblay, étudiant à la maîtrise en environnement, ainsi que Louis Racine et Esteban Chornet, tous deux professeurs au Département de génie chimique.

Essentiellement, les deux projets de terrain consistent à introduire la participation du public dans le processus décisionnel. <<Le mode de consultation auquel nous allons recourir rend possible, à notre avis, un très haut degré de participation des citoyens et citoyennes>>, affirme Pierre De Coninck, associé de recherche chargé de ces projets déjà amorcés.

Une consultation publique à Sherbrooke

Ce mode de consultation publique, c'est le <<consensus informé>>. Initialement conçu au Danemark, ce processus <<vient fournir aux décideurs et décideuses un large éclairage sur les options envisageables pour régler des problèmes qui concernent directement la population>>, explique Pierre De Coninck.

L'application du consensus informé à la gestion des déchets, dans le cadre d'une entente avec la Ville de Sherbrooke, constitue une première au Canada. Cette consultation portera sur une question d'importance : À quelles conditions une municipalité pourrait-elle assumer la responsabilité de gérer l'ensemble des déchets produits sur son territoire?

Il faut savoir que, pour l'heure, seule la gestion des déchets du secteur résidentiel relève directement d'une municipalité. Pourtant, la quantité de déchets qui provient de ce secteur représente moins de 50 p. 100 de la quantité totale produite sur un territoire municipal. Le reste vient des secteurs industriel, commercial et institutionnel.

Mais à qui appartiennent ces déchets? Que peut-on en faire? Les recycler, les enfouir? Qui devrait payer pour cela? La Ville de Sherbrooke, donc les contribuables? Voilà des sous-questions auxquelles un comité de citoyens et citoyennes réfléchira entre le mois de février et le mois de mai 1996. Sommairement, ce comité, formé d'au plus 15 représentants et représentantes de la population, se penchera sur la problématique. Afin d'enrichir leur débat, les membres inviteront des spécialistes et des porte-parole de groupes de pression à leur expliquer la problématique ainsi que les multiples actions envisageables.

Finalement, les membres du comité formuleront leurs recommandations aux décideurs et décideuses. <<Ainsi, les responsables municipaux pourront prendre leurs décisions en tenant compte de la position du public, des décisions susceptibles de recueillir l'adhésion de la communauté, souligne Pierre De Coninck. Car ce type de consultation cherche avant tout à étendre le consensus auquel les membres du comité sont parvenus à l'ensemble de la population. Informée, cette dernière peut aussi réfléchir à la problématique et en discuter.>>

Un autre projet en parallèle

Parallèlement à ce projet avec la Ville de Sherbrooke, STOPER en démarre un autre avec Envirosite inc. STOPER concourra, entre autres, à faire participer la population à la démonstration de technologies environnementales. Le consensus informé pourrait aussi être employé dans ce cas-ci.

Envirosite inc., une entreprise du Groupe Serenner, vise à favoriser le développement de solutions technologiques aux problèmes environnementaux. Elle dispose d'un centre d'essais et de démonstrations des technologies environnementales dans le Technoparc de Sherbrooke.

Une volonté partagée de prendre en compte les préoccupations du public en matière d'environnement a motivé Envirosite inc. à proposer une collaboration à STOPER. Ce second projet de recherche qu'amorce le groupe compte deux volets.

Le premier volet consiste à introduire la participation du public dans le processus de démonstration d'une technologie, avant sa mise en marché. <<La participation du public représente une source d'information susceptible d'aider les promotrices et promoteurs à prendre une décision, estime Pierre De Coninck. Actuellement, la démonstration n'intègre pas la dimension sociale; elle repose presque exclusivement sur des considérations d'ordre technologique, économique et environnemental. Pourtant, qu'une technologie se révèle efficace, rentable et sans danger pour l'environnement ne garantit pas qu'une population donnée l'acceptera.>> STOPER se chargera donc d'amener la population à se prononcer en regard d'une technologie, à expliquer pourquoi elle considère cette technologie comme acceptable ou inacceptable. Les promoteurs et promotrices pourront ainsi connaître les éléments de leur technologie qui risquent d'irriter une population avant de la commercialiser.

Le second volet de ce projet porte sur la mesure des performances techniques, économiques et environnementales. <<Notre expertise nous permet de collaborer à enrichir et à systématiser le processus de démonstration d'une technologie, sous toutes les dimensions>>, déclare Pierre De Coninck.

Beaucoup de travail attend donc les membres de STOPER - professeures et professeurs, étudiants et étudiantes des 2e et 3e cycles, associées et associés de recherche. Leur approche systémique gagnera sans doute la reconnaissance d'utilité publique!

Daniel Morin

Vignette

Pierre De Coninck, associé de recherche, estime que les deux grands projets que le groupe de recherche STOPER mène de front rendent possible un haut degré de participation du public en matière de gestion des déchets. Ghislain Fortin, un stagiaire étudiant au baccalauréat en informatique de gestion, travaille avec le chercheur.