Science et société, un lien indissociable

Lors de la cérémonie du samedi avant-midi, Michael Smith, professeur-chercheur à l'Université de la Colombie-Britannique et père de la génétique inverse et de la mutagénèse dirigée, a reçu un doctorat d'honneur en médecine.

La rencontre de Michael Smith avec Har Gobind Khorana en 1956 a été déterminante dans la carrière du jeune scientifique qu'il était à l'époque. Né au Punjab, Har Gobind Khorana, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1968, avait fait ses études en Angleterre et était venu au Canada en 1952 pour compléter des études postdoctorales à l'Université de Colombie-Britannique.

<<Les quatre années et demie que j'ai passées dans son laboratoire de recherche ont tout simplement transformé ma vie, a révélé Michael Smith. Premièrement, cette expérience m'a convaincu qu'il était possible de poursuivre des recherches de niveau international au Canada, à Vancouver, et n'importe où dans ce vaste pays. Deuxièmement, j'ai vraiment compris à cette époque la relation existant entre la chimie et la biologie. Plus spécifiquement, j'ai réalisé le potentiel existant dans l'utilisation de la synthèse chimique de fragments d'ADN pour la résolution de problèmes en génétique et en biochimie.>>

Les recherches de Michael Smith l'ont conduit à la découverte de la mutagénèse dirigée, en 1978. Cette technique, qui consiste à créer des mutations en des sites particuliers de la chaîne d'ADN, a eu des répercussions extrêmement importantes tant en recherche fondamentale qu'en recherche appliquée et a valu au chercheur de remporter le prix Nobel de chimie en 1993. Michael Smith a souligné la contribution de l'importante équipe qui lui a permis de décrocher le prestigieux Nobel. S'adressant ensuite aux étudiantes et étudiants, Michael Smith a abordé un sujet qui lui tient à coeur : la science et la société.

Même si les plus anciennes universités datent des XIe et XIIe siècles, la science comme discipline universitaire ne date que de la fin du XIXe siècle. Depuis cette époque, la science a subi d'importantes mutations et bouleversements. <<Cette explosion, a rappelé le chercheur, s'est manifestée par un redoublement de l'activité scientifique à chaque décennie. Aujourd'hui, plus de 90 p. 100 de tous les scientifiques et chercheurs qui ont vécu entre cette époque et aujourd'hui sont encore vivants et poursuivent leurs recherches.>>

Si le XIXe siècle percevait la science comme un dieu, le XXe siècle a eu tendance à percevoir la science comme un démon. <<En cette aube du XXIe siècle, il est essentiel que la société perçoive et comprenne bien le rôle et le fonctionnement de la science, explique Michael Smith.>> Dans les prochaines années, il faudra faire preuve d'ingéniosité et de créativité afin d'assurer la survie de l'espèce humaine. Une démarche qui exigera une concertation constante entre le monde scientifique et la société.

Hélène Goudreau