Plonger dans une nouvelle vie

Je croyais n'avoir plus rien à apprendre sur les vertus du sport en milieu universitaire. J'étais en fait convaincu que les dix dernières années passées au service du Vert & Or et du Centre sportif m'avaient fait voir tous les genres d'étudiants-athlètes. C'était avant de prendre un café avec Jonathan Walsh...

Lorsque j'ai pris quelques minutes pour discuter avec ce nageur, qui a marqué l'histoire du Vert & Or en participant à cinq championnats canadiens consécutifs, il revenait tout juste de Durban, en Afrique du Sud, où se tenait le Championnat du monde de sauvetage. Le Canada et Jonathan y ont bien fait avec une respectable 12e position au classement final des 22 équipes nationales participantes. Le sauvetage n'est pourtant pas le centre de sa vie, mais Jonathan y excelle... Cette très belle expérience, l'athlète natif de Sainte-Thérèse l'a vécue peu de temps après avoir mis tout en oeuvre pour obtenir un standard de qualification olympique sans pour autant y parvenir.

<<Lorsque j'ai terminé mon baccalauréat, je devais décider si je poursuivais ma carrière de nageur ou si j'arrêtais la natation compétitive. J'ai choisi de continuer et de me donner un an pour voyager avant d'affronter le monde du travail>>, m'a d'abord confié Walsh. À l'été 1995, l'athlète qui a récolté trois médailles de l'Union sportive interuniversitaire canadienne a pris la route de l'Europe avec son sac à dos. Il consacre alors plusieurs semaines loin des piscines et des livres de cours pour visiter la France, la Belgique, la Suisse et l'Allemagne. Au terme de ce voyage, il est revenu brièvement au Québec pour ensuite s'envoler en septembre pour Brisbane, en Australie.

<<Je voulais me consacrer à temps plein à ma préparation pour la sélection olympique. Là-bas, j'ai été accueilli dans le club de natation le plus gros et le plus renommé du continent, le Commercial. Je m'entraînais avec des athlètes de calibre international comme Kevin Perkins et Samantha Riley, de l'équipe olympique australienne>>, ajoute-t-il.

Pas suffisant

De retour au Canada début mars, Jonathan s'est pointé au bureau de son entraîneur universitaire, Paul Naisby. Tous deux ont préparé l'étape ultime de qualification pour obtenir une place dans l'équipe masculine de relais au 4 fois 100 mètres libre. Malheureusement, Jonathan ne s'est pas qualifié, tout comme d'ailleurs tous les autres Canadiens présents lors des essais dans cette épreuve.

<<Le Canada a des standards très élevés et veut envoyer aux Olympiques des nageurs ou des équipes de relais qui peuvent gagner des médailles. Ça devient difficile de se qualifier>>, précise Walsh, qui ne pointe cependant pas du doigt sa préparation depuis un an. <<Je ne regrette rien et j'ai donné mon maximum. Ça m'a donné une expérience au niveau international que je n'aurais pu obtenir autrement.>>

La fin d'un temps

Et que pense l'étudiant-athlète de ces cinq années dans le sport universitaire? <<Ça m'a amené à vivre plein de choses. On s'entraînait beaucoup, mais je côtoyais des gens avec qui je me sentais bien. Tout a passé très vite. Paul m'a aidé beaucoup jusqu'à la fin. J'ai énormément de respect pour lui. Le sport universitaire, c'est un beau milieu de vie et ça change des cours. Je ne me serais pas vu juste étudier sans rien faire d'autre>>, ajoute celui qui a passé trois mois à s'entraîner dans une petite piscine en Beauce, alors qu'il était en stage.

<<Quand j'y pense, je passais 16 à 20 heures par semaine dans l'eau. Le matin, tu te lèves parce que tu veux mieux nager, mais aussi pour voir les gens que tu apprécies. Ce sont de très beaux souvenirs.>>

Un autre défi

Voilà donc ce grand gaillard qui tourne la page sur toute une période de vie, pour plonger dans le monde du travail. Ingénieur civil avec plusieurs stages à son actif, il multiplie actuellement les démarches pour obtenir une chance de se faire valoir.

Il y a sûrement une place pour un gars comme Jonathan au sein d'une entreprise. Il a trop de vécu et de qualités pour ça. Avis aux intéressés : il ne devrait pas rester trop longtemps sur le bord de la piscine sans plonger!

René Roy