Non merci, je ne fume plus

L'Université de Sherbrooke est un <<milieu sain>> du point de vue de la consommation du tabac. C'est ce que révèle l'enquête menée l'automne dernier par le Groupe de travail sur la protection des non-fumeurs. Si la majorité des membres de la communauté universitaire semble favorable à une politique de bannissement complet de l'usage du tabac, les opinions demeurent toutefois partagées quant aux modalités d'application.

À la fin du semestre d'automne 1994, le Groupe de travail sur la protection des non-fumeurs a annoncé la réalisation d'une vaste consultation auprès de la communauté universitaire. Cette consultation visait à mieux identifier la position d'un maximum de personnes en regard des conditions d'implantation de la nouvelle réglementation portant sur l'usage du tabac à l'intérieur des édifices de l'Université.

Cette consultation, réalisée sous la maîtrise d'oeuvre du Laboratoire de recherche interdisciplinaire en didactique des disciplines (LARIDD) a été exécutée en deux étapes. Dans un premier temps, 63 personnes ont participé à des entrevues semi-structurées. Dans un deuxième temps, après analyse du contenu des verbatims d'entrevues, un questionnaire d'enquête a été distribué largement dans la communauté. Du 10 au 23 avril, 806 questionnaires ont été renvoyés au LARIDD dont 626 ont été complétés par des membres du personnel de l'Université et 180 par des étudiantes et des étudiants des diverses facultés. Le rapport de recherche a été déposé au vice-rectorat au personnel et aux étudiants au mois de juin.

Qui fume?

L'enquête révèle que l'Université est un <<milieu sain>> du point de vue de la consommation du tabac. En effet, seulement 10,7 p. 100 de la population universitaire fume. Par ailleurs, 73 p. 100 des fumeuses et des fumeurs se retrouvent parmi les employées et employés de soutien, les professeures et professeurs ainsi que les secrétaires, âgés de 37 à 55 ans. Il y a légèrement plus de fumeurs (53,5 p. 100) que de fumeuses (46,5 p. 100). Chez les étudiantes et les étudiants, la proportion de fumeuses et de fumeurs demeure marginale, cette proportion variant faiblement selon le statut de résidence, en partie déterminé par l'ethnicité. Il y a plus de fumeurs chez les étudiantes et les étudiants qui résident sur le campus (3,5 p. 100) que chez les non-résidants (1,3 p. 100). On peut donc en conclure que, comparativement à la population canadienne, la population universitaire de Sherbrooke est peu affectée par le tabagisme.

Comment se perçoivent-ils?

Les fumeurs et les non-fumeurs se considèrent comme tolérants à l'égard des tiers mais ressentent de l'agressivité ou de l'intolérance de la part des individus appartenant aux catégories <<adverses>>. Tant les fumeurs que les non-fumeurs considèrent que les ex-fumeurs sont particulièrement intolérants à l'égard des fumeurs et, tout particulièrement, à l'égard de la présence de fumée secondaire dans leur environnement.

Les attitudes des ex-fumeurs, en réalité, sont variables, essentiellement en fonction de leur expérience personnelle (difficulté d'abandon vécue et cause de la modification de l'habitude). Les ex-fumeurs qui ont cessé de fumer pour des motifs de santé sont généralement moins tolérants que les autres individus de cette catégorie. Les fumeurs et les non-fumeurs sont sensibles à la présence d'un affichage clair en matière de prohibition ou, au contraire, d'autorisation du tabagisme. Ils sont aussi sensibles à l'aménagement des espaces où il est autorisé de fumer.

Avec ou sans fumée?

Si la majorité des membres de la communauté universitaire semble favorable à une politique de bannissement complet de l'usage du tabac, les opinions demeurent partagées quant aux modalités d'application. La majorité des répondants de notre échantillon (51 p. 100) se déclare favorable à l'application intégrale et immédiate d'une telle politique, mais une forte minorité (46 p. 100 ) s'y oppose alors que 3 p. 100 de l'échantillon s'abstient de répondre.

Dans l'éventualité où l'Université opterait pour une application progressive de sa politique de bannissement du tabagisme, la majorité de la communauté semble favorable à une réduction rapide du nombre d'espaces où l'autorisation de fumer serait maintenue et serait en faveur de l'organisation d'une campagne d'information intensive portant sur les termes et conditions d'application de cette politique.

Les employées et employés ainsi que les usagères et usagers de l'Université sont généralement tolérants et conciliants à l'égard de leurs pairs. Si l'usage du tabac pose un problème de santé réel, la quantité de fumeuses et de fumeurs demeure marginale, et ce particulièrement chez les plus jeunes.

On peut consulter la version intégrale ou abrégée des résultats de cette recherche dans les bibliothèques et les centres de documentation de l'Université ou sur le serveur de l'Université au http://www.usherb.ca dans la rubrique Forum sous Conférence.

François Larose

Vignette

Myrèse Collin Stewart, directrice du centre Vivre sans fumée, explique à Marcel Nadeau, professeur à la Faculté d'éducation physique et sportive, David Farrar, directeur du Service de santé des Services aux étudiants, Laurent Biron, directeur des Services auxiliaires, et Lucie Lessard, directrice du Service des personnels, les programmes offerts en entreprise pour le bannissement du tabagisme.