Implant cochléaire

Efficacité accrue

Deux ans après le début du projet visant la mise au point et la commercialisation d'un implant cochléaire, l'équipe de François Duval, professeur au Département de génie électrique de la Faculté des sciences appliquées, touche au but. Des implants cochléaires ont été fixés sur sept personnes qui sont actuellement en phase de rééducation et d'évaluation.

Depuis plus de 15 ans, François Duval travaille à la mise au point de ce minuscule appareil. Grâce à cet implant, les personnes sourdes peuvent recouvrer jusqu'à 80 p. 100 de leur capacité de compréhension de la parole et des sons.

Le programme Synergie, du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science ainsi que la signature de protocoles d'ententes avec des partenaires industriels permettent actuellement à l'équipe de l'Université et à ses partenaires de développer un implant à 16 canaux. Cette dernière génération d'implant assurera une qualité sonore encore plus élevée que ce qui existe actuellement. Il est également prévu de réduire le format du boîtier contenant le microprocesseur.

La prothèse cochléaire se compose d'une partie interne, l'implant, et d'une partie externe, l'analyseur de parole. <<La technique de l'implant cochléaire consiste à stimuler le nerf auditif à l'aide d'un réseau de huit électrodes insérées dans la cochlée. Ces dernières sont reliées à l'implant qui contient le circuit électronique comprenant une puce centrale de huit canaux. L'implant est fixé sur le mastoïde, un os situé derrière l'oreille>>, explique Jaouhar Mouine, professeur en génie électrique et membre de l'équipe de François Duval.

Des sons plus réalistes

Précisons que la cochlée est la partie de l'oreille interne en forme de limaçon qui contient les terminaisons du nerf auditif. Les canaux contenus dans l'implant génèrent des impulsions électriques qui sont transmises aux électrodes qui, à leur tour, les communiquent à l'oreille par stimulation du nerf auditif.

Étant donné que le nombre de canaux et d'électrodes est identique, les électrodes peuvent être stimulées en même temps, permettant la création de sons complexes. Résultat : une reproduction plus réaliste des sons traités par l'analyseur de parole. La simultanéité ainsi que le nombre de canaux font de l'implant développé à l'Université de Sherbrooke le chef de file en ce domaine. En effet, les implants disponibles sur le marché offrent un maximum de trois canaux et par conséquent, une qualité sonore inférieure.

Outre la simultanéité des sons, la technologie des neurostimulateurs sherbrookois assure une transparence envers les algorithmes de stimulation. <<L'implant a été conçu indépendamment des algorithmes de stimulation et peut être complètement programmé de l'extérieur à l'aide d'un logiciel incorporé à l'analyseur de son ou à l'aide d'un ordinateur personnel, précise Jaouhar Mouine. Cette transparence rend notre technologie beaucoup plus flexible et permet de la faire évoluer en modifiant seulement le logiciel.>>

Partenaires technologiques

Ce projet d'envergure regroupe plusieurs partenaires dont Pierre Ferron, de l'Hôtel-Dieu de Québec, et François Lavigne, de l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, deux chirurgiens spécialistes, Michel Picard, professeur à l'École d'audiologie et d'orthophonie de l'Université de Montréal, et Claude-E. Rochette, professeur au Département de langue et linguistique de l'Université Laval. Deux entreprises complètent le tableau des partenaires, soit Cosem Neurostim ltée, spécialisée dans la technologie des neurostimulateurs, et Task Microelectronics inc., qui fabrique le circuit électronique.

Les sept personnes qui ont été implantées, dont deux en France, sont maintenant en période de rééducation et d'évaluation, c'est-à-dire qu'elles sont suivies de près par des spécialistes de la psychoacoustique, de la phonétique, de la linguistique, de l'orthophonie et de l'audiologie. Comme le mentionne Jaouhar Mouine : <<Nous offrons un outil le plus flexible possible afin d'aider les spécialistes à établir les meilleurs algorithmes de stimulation, c'est-à-dire comment l'oreille interne interprète la parole. À partir de ces algorithmes, il nous sera possible de perfectionner encore plus la technologie.>>

Nathalie Fournier

Hélène Goudreau

Vignette

Jaouhar Mouine, professeur au Département de génie électrique et génie informatique et membre de l'équipe de François Duval, présente les deux pièces de la prothèse cochléaire, soit l'implant, petite pièce circulaire, ainsi que le circuit de l'analyseur.

Dans un cadre

Commercialiser la technologie de l'implant cochléaire

Dans le cadre du programme Synergie, par le biais du Bureau de liaison entreprises-Université, des licences d'exploitation ont été concédées à l'entreprise Cosem Neurostim ltée qui a la responsabilité de fabriquer l'analyseur et les électrodes, d'assembler le produit et de le distribuer aux hôpitaux. La société Task Microelectronics agit à titre de sous-traitant pour la fabrication des circuits électroniques.