Malgré une compression supplémentaire

de 7,5 millions $ de sa subvention

L'Université garde le contrôle de sa situation financière en adoptant un budget équilibré pour 1996-1997

Malgré une nouvelle compression de 7,5 millions de dollars de sa subvention du ministère de l'Éducation et une augmentation des masses salariales et avantages sociaux de 2,8 millions de dollars découlant d'obligations légales, l'Université de Sherbrooke maintient le cap sur la qualité de l'enseignement et de la recherche. Le Conseil d'administration de l'établissement a adopté le 27 mai un budget de fonctionnement équilibré pour l'année 1996-1997. Ce budget préserve les crédits destinés au développement des activités d'enseignement et de recherche découlant du document de réflexion stratégique Paver la voie à l'initiative.

L 'atteinte de l'équilibre budgétaire impliquera toutefois le recours à des mesures ponctuelles qui s'ajouteront au plan de compressions budgétaires de deux ans déjà adopté l'an dernier ainsi qu'aux nouvelles mesures d'économies prévues au budget 1996-1997. Un ensemble de telles mesures ponctuelles a déjà été identifié, auxquelles pourraient s'ajouter d'autres mesures proposées par la communauté universitaire. Parmi les mesures proposées, la communauté universitaire devra faire un choix d'ici le 26 août prochain.

Malgré des réductions de ses subventions du ministère de l'Éducation qui dépassent 17 millions de dollars en trois ans, l'Université a réussi à garder le contrôle de sa situation financière. Grâce à des mesures énergiques adoptées en cours d'exercice, l'Université a bouclé l'exercice 1994-1995 avec un léger surplus; grâce au vigoureux plan de redressement préparé par les facultés, les services et les bureaux, elle devrait terminer l'exercice 1995-1996 à l'intérieur du déficit autorisé par le Conseil d'administration lors de l'adoption du budget en mai 1995. Si bien que le déficit accumulé de l'établissement ne dépassera pas 4,9 millions de dollars au 31 mai 1996.

Un budget de 178 millions de dollars

Le budget adopté hier par le Conseil d'administration prévoit des revenus et des dépenses de 145 090 497 $ pour les activités courantes et de 33 126 210 $ pour les activités de recherche subventionnée et contractuelle, soit un budget global de 178 216 707 $. À titre indicatif, le budget de l'exercice précédent était de 185 millions de dollars, et celui de l'année d'avant, de 191 millions de dollars.

Le budget 1996-1997 absorbe une compression de 7,2 p. 100 de la subvention gouvernementale de base, soit 7 477 000 $, ainsi qu'une augmentation des masses salariales et des avantages sociaux de 2 854 000 $ qui découle de l'abolition de la Loi 102, du coût du système de rémunération et de la provision pour l'équité salariale. Il contient en outre une provision de 2,5 millions de dollars pour les allocations de départ à la retraite. Le budget intègre les compressions déjà prévues pour 1996-1997 au plan de redressement de deux ans adopté l'an dernier et demande aux unités administratives une compression paramétrique additionnelle de 1,1 million de dollars.

Le budget consacre toutefois des crédits de 2 455 125 $ au soutien des choix stratégiques énoncés dans le document Paver la voie à l'initiative, particulièrement en ce qui a trait aux orientations et lignes d'action liées directement à la poursuite de la mission d'enseignement et de recherche de l'Université et au développement des ressources humaines. Parmi ces crédits, une somme de 550 000 $ est destinée aux facultés et à l'École de musique pour le développement de l'enseignement, tandis que 740 000 $ seront consacrés à l'appui aux études de 2e cycle en recherche et aux études de 3e cycle, dont 350 000 $ en bourses institutionnelles pour les étudiantes et étudiants, 100 000 $ au programme d'incitation à la diplomation et 265 000 $ au soutien direct des étudiantes et étudiants des groupes d'excellence. Enfin, le budget maintient une somme de 610 000 $ destinés aux facultés et à l'École de musique pour le développement de la recherche et l'Université consacrera une somme de 250 000 $ aux services et bureaux pour le développement des ressources humaines.

Des choix de mesures ponctuelles

<<Les deux prochaines années seront difficiles, a reconnu le recteur Pierre Reid en conférence de presse. Jusqu'à ce que les mesures d'économies récurrentes que nous avons mises en place depuis l'année dernière produisent leur plein effet, soit à compter de l'exercice 1998-1999, l'Université devra d'ici là faire l'impossible pour maintenir l'équilibre budgétaire et recourir, pour ce faire, à des mesures ponctuelles. À cet effet, malgré les mesures d'économies prévues au budget et les sacrifices déjà consentis, la communauté universitaire se verra proposer trois choix au cours des prochaines semaines pour équilibrer un manque à gagner de 4 831 891 $.

<<Ces différents choix n'ont pas tous le même impact sur les conditions de travail des membres du personnel. Aucun de ces choix n'est idéal, mais nous devons faire face à des compressions draconiennes de la subvention gouvernementale depuis plusieurs années. Il nous faut, coûte que coûte, maintenir à la fois l'équilibre budgétaire ainsi que la qualité de l'enseignement et de la recherche. Quelle que soit la solution, celle-ci devra être retenue avant le 26 août 1996>>, a déclaré le recteur Pierre Reid. Ces choix sont :

- a communauté universitaire s'entend pour que l'Université soit dispensée de verser sa contribution au Régime de retraite pendant un an jusqu'à concurrence de 4 831 891 $. Une partie du surplus actuariel du Régime, qui atteint maintenant 9 507 200 $, servirait à payer les cotisations patronales. Cette mesure présente l'avantage de ne pas affecter la sécurité d'emploi ou les revenus du personnel tout en mettant le surplus actuariel au profit du bien commun;

- les syndicats et associations représentant le personnel de l'Université conviennent de mesures volontaires de réductions salariales qui permettront des économies de 4,8 millions de dollars, soit l'équivalent d'une réduction de salaire de l'ordre de 5 p. 100;

- le Conseil d'administration impose des mesures telles que des fermetures de postes, le gel de l'embauche et une augmentation importante des frais de stationnement.

<<L'équilibre budgétaire que nous assurera un de ces choix est primordial. Il nous permet de limiter le déficit accumulé dans des proportions qui préservent notre avenir. Il nous permet surtout de franchir une étape importante et de voir la lumière au bout du tunnel>>, d'ajouter le recteur.

Plus de 17 millions de dollars de compressions en trois ans

Depuis 1993-1994, l'Université de Sherbrooke a dû faire face à des compressions de subventions du ministère de l'Éducation qui dépassent maintenant 17 millions de dollars. <<Nous avons réussi jusqu'à maintenant à comprimer nos dépenses et à absorber ces compressions sans que le déficit accumulé de l'Université dépasse 4,9 millions de dollars, a expliqué Daniel Hade, vice-recteur à l'administration. En maintenant l'équilibre budgétaire et en conservant le déficit à l'intérieur des limites prévues, nous gardons le contrôle de la situation malgré les baisses de nos subventions.>>

De plus, l'Université a entrepris au cours de l'exercice 1995-1996 une opération de restructuration académique et administrative. Selon le recteur Pierre Reid, <<cette restructuration représente un effort collectif ambitieux, mais à la mesure de la compétence et de la volonté de notre communauté universitaire. Notre tradition d'innovation nous servira à réduire l'impact des contraintes budgétaires annoncées par le ministère pour l'an prochain, sans risquer de gonfler le déficit>>.

L'opération de restructuration académique et administrative prend la forme de six <<chantiers>> qui travaillent à définir l'université de demain et à maintenir la qualité de la formation tout en assurant une réduction des dépenses et une augmentation des revenus. Ces <<chantiers>> ont pour mandat respectif d'examiner l'ensemble de la mission de l'Université, les voies nouvelles de formation, le développement des études de 2e et de 3e cycle et de la recherche, les perspectives nouvelles pour la carrière professorale, la restructuration budgétaire et la réingénierie des processus administratifs.

Gilles Pelloille

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L'atteinte de l'équilibre budgétaire nécessitera l'adoption de mesures ponctuelles, a souligné Daniel Hade, vice-recteur à l'administration.