Les chercheuses et chercheurs de l'Université de Sherbrooke ont obtenu beaucoup plus que leur part du gâteau dans le cadre de l'édition 1995 du Programme d'établissement de nouveaux chercheurs du Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR). Les résultats obtenus à ce concours révèlent que les montants octroyés à l'Université de Sherbrooke sont deux fois plus importants qu'aurait pu le laisser présager la taille de l'établissement. Pour souligner cette réussite, LIAISON présentera, au cours des prochaines semaines, les 13 récipiendaires de ces subventions.

Pour les personnes âgées amputées d'une jambe

Une prothèse qui marche mieux?

Si tout va bien, François Prince pourra d'ici peu créer une prothèse plus adaptée et plus performante pour les personnes âgées qui ont subi une amputation sous le genou. Les recherches que mène actuellement le jeune professeur au Département de chirurgie orthopédique de la Faculté de médecine, grâce à la subvention que lui a octroyée le Fonds FCAR, permettront de mesurer et de comparer l'efficacité de deux types de prothèses actuellement sur le marché et de voir comment elles pourraient être améliorées.

Même s'il a tendance à diminuer, le nombre d'amputations des membres inférieurs demeure important dans les pays industrialisés. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les accidents ne sont la cause que de 20 p. 100 des amputations. Des problèmes de santé, principalement les maladies cardiovasculaires, entraînent 80 p. 100 de ce type d'amputation. <<Pour vous donner une idée, 350 amputations des membres inférieurs ont dû être effectuées à Sherbrooke au cours des cinq dernières années>>, révèle François Prince.

Des milliers de Canadiennes et de Canadiens vivent donc avec une prothèse. Malgré cela, le jeune chercheur signale que les prothèses n'ont à peu près pas changé depuis les années 50. <<En fait, explique-t-il, il existe deux types de prothèses. La première, celle portée par la plupart des personnes amputées, consiste en un pied inerte et inflexible, appelé pied SACH (acronyme de Solid Ankle Cushion Heel, ce qui pourrait se traduire par coussin à cheville solide pour la marche). Celle du second type, de technologie plus récente, est constituée d'une quille de plastique flexible et d'un revêtement cosmétique. Comme le matériau se déforme, ce type de pied peut, en principe, absorber et restituer de l'énergie afin d'aider à la propulsion de la jambe amputée.

Quand on sait que la marche avec une prothèse SACH nécessite un effort supplémentaire se situant entre 20 et 40 p. 100, l'idée de récupérer une partie de cet effort devient très intéressante.

Le projet de recherche pour lequel François Prince a reçu une subvention vise justement à mesurer de façon précise l'effet de ces nouvelles prothèses. Facilitent-elles véritablement la marche?

Dans son laboratoire du Centre de recherche en gérontologie et gériatrie, un appareillage composé de marqueurs infrarouges et d'électrodes lui permet de prendre des mesures de l'effort nécessaire à la marche et de quantifier des phénomènes musculaires comme la co-contraction et l'asymétrie intermembre. Le but de l'expérience est de quantifier l'influence de ces deux phénomènes sur la quantité d'énergie requise pour marcher avec les deux types de prothèses.

Un groupe de 30 personnes âgées entre 50 et 70 ans et amputées unilatéralement sous le genou ont été recrutées et les données concernant les pieds SACH ont été recueillies. Au cours des prochains mois, les mêmes personnes seront dotées d'un pied à réponse dynamique et subiront un entraînement de deux semaines avec leur nouvelle prothèse. François Prince procédera alors à de nouveaux tests et comparera l'ensemble des données avec celles obtenues par des personnes non amputées.

Entreprises en septembre 1995, ses recherches sont loin d'être terminées. Pourtant, François Prince a déjà une bonne idée des lacunes des prothèses à réponse dynamique. Bonne nouvelle pour les personnes âgées amputées, il entrevoit même une solution pour faciliter leur locomotion : une prothèse à cheville articulée.

Bruno Levesque

Vignette

Bénéficiaire d'une subvention du Programme d'établissement de nouveaux chercheurs du FCAR, François Prince croit avoir en main les éléments nécessaires pour contribuer à l'amélioration de la situation des personnes aînées amputées sous le genou.