Baffin, terre de rêve

Une petite balade au nord du 60e parallèle, ça vous dirait? Oui, il fait froid et le blizzard est fréquent à cette époque de l'année, mais ce qui fait le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres... Richard Rémi, chargé de cours en génie mécanique, caressait ce rêve depuis quelque temps déjà, et il a pu enfin partir en expédition vers terre de Baffin en partie grâce à... ses étudiants!

Richard Rémi, accompagné de six amateurs de plein air comme lui, se baladent présentement sur une terre où les - 35 oC (sans compter le facteur vent) abondent et où il faut consommer quotidiennement plus de 4000 calories pour pouvoir résister au froid. Mais c'est aussi un endroit de rêve avec ses 20 heures d'ensoleillement par jour, ses falaises grandioses, ses fjords et ses montagnes à découvrir au fil des pas; un lieu spectaculaire où l'on côtoie ours polaires, caribous, renards et lièvres arctiques.

Les indispensables traîneaux

Pour partir à l'aventure, les traîneaux s'avèrent indispensables pour transporter nourriture, tentes, vêtements et trousse de premiers soins, en un mot tout l'équipement nécessaire à une expédition de cette envergure. Le matériau idéal pour fabriquer les traîneaux appropriés est le kevlar, qui allie légèreté et résistance, qualités indispensables pour se déplacer sans difficulté en affrontant le froid. Malheureusement, le kevlar se fait rare : <<Les traîneaux entièrement fabriqués de kevlar ne se vendent pas sur le marché, indique Richard Rémi, ils sont trop chers (1500 $ par traîneau) et il nous en fallait sept pour partir, un pour chaque personne. Le prix de l'expédition monte en flèche dans ces conditions!>>

Ce problème semblait insoluble jusqu'à ce que Richard Rémi se retrouve à donner le cours Matériaux composites offert aux finissants du baccalauréat en génie mécanique. Il a proposé à ses élèves de fabriquer deux traîneaux par équipe pour un total de quatre équipes. Il ne manquait que le kevlar, qui a été fourni par plusieurs commanditaires, entre autres, Bombardier-Canadair.

150 heures de travail

Chaque étudiant a fourni en moyenne 150 heures pour fabriquer les traîneaux en question. Richard Rémi explique : <<Il fallait que les équipes conçoivent des traîneaux simples pour qu'on puisse les réparer facilement en plus de satisfaire aux tests de rigidité et de symétrie. Les étudiantes et étudiants n'ont pas hésité à travailler fort puisqu'ils savaient que leurs traîneaux seraient utiles, voire indispensables pour une telle expédition.>>

En plus de l'Université qui a agi, en somme, comme commanditaire avec la main-d'oeuvre et les pièces d'usinage, plusieurs entreprises ont financé l'équipe d'aventuriers. On parle entre autres de la boutique La Randonnée de Sherbrooke, qui a contribué à l'expédition en fournissant de l'équipement d'escalade, de la nourriture, des réchauds et des sacs de couchage. Le Club Aventure ainsi qu'une dizaine d'autres entreprises ont aussi fourni des articles de toutes sortes.

Les traîneaux sont maintenant à l'oeuvre depuis Pâques, et ils le seront jusqu'au 27 avril. D'ici à ce qu'ils reviennent, Richard et son équipe parcourront plus de 220 km en ski de fond; ils se promèneront sur les glaciers, descendront dans les crevasses, feront l'ascension de montagnes, escaladeront des parois glacées et accompliront même une première tentative mondiale en paraski (une personne chaussée de skis et tirée par un cerf-volant) sans oublier bien sûr de prendre des photos pour récompenser tout ceux et celles qui ont travaillé intensément à la réalisation de ce rêve sans pouvoir (ou vouloir!) les accompagner.

Hélène Saint-Pierre

Vignette

Richard Rémi avec l'un des traîneaux qu'il doit sûrement mettre à l'épreuve en ce moment.