Venu à Sherbrooke pour étudier les cellules du foie

Un stagiaire français séjourne au Bilarium

Depuis quelques semaines, un stagiaire français circule dans l'entourage du Bilarium1, ce laboratoire du Département de physiologie et biophysique dirigé par Éric Rousseau, professeur et chercheur au même Département. Grâce à un nouveau programme conjoint du Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) de France, Gilles Guihard effectue présentement un stage postdoctoral d'un an, pendant lequel il travaillera sur les propriétés électriques de la membrane nucléaire des cellules du foie.

Ce programme d'échanges de chercheuses et chercheurs postdoctoraux dont bénéficie Gilles Guihard est né en 1995 à l'occasion du 30e anniversaire de la coopération FRSQ-INSERM. Il vise à favoriser les échanges scientifiques entre le Québec et la France. Cette année, seulement deux stagiaires français effectuent un stage au Québec en vertu de cet accord.

Un mariage de raison

La venue de Gilles Guihard à Sherbrooke n'est pas imputable au hasard ni à une soudaine envie de découvrir les grands espaces enneigés. Dans sa demande de bourse, le jeune chercheur spécifiait que le laboratoire d'Éric Rousseau était le seul à pouvoir lui offrir le soutien technique dont il avait besoin. Le stagiaire postdoctoral se posait certaines questions scientifiques, auxquelles les méthodes d'investigation connues pouvaient répondre, mais en laissant des incertitudes. <<Quand j'ai rencontré Éric Rousseau, j'ai eu tout de suite envie de venir travailler ici>>, explique Gilles Guihard.

Pour bien comprendre l'intérêt de Gilles Guihard pour le Bilarium, il faut savoir que l'équipe d'Éric Rousseau y a mis au point un dispositif unique au monde qui permet la reconstitution fonctionnelle, dans des membranes artificielles, des protéines, appelées canaux ioniques spécialisées dans le transport des ions. Ce dispositif permet d'isoler une protéine et de la fixer dans une membrane artificielle aux propriétés connues, nommée bicouche lipidique plane. Cette technique donne accès autant à la couche interne qu'à la couche externe de cette membrane et permet de quantifier les transports d'ions à travers la protéine isolée. Elle permet en outre d'étudier le fonctionnement de canaux ioniques situés à l'intérieur de la cellule.

C'est justement cette possibilité d'étude des canaux ioniques intracellulaires qui a attiré Gilles Guihard à Sherbrooke. Ses travaux actuels portent sur la régulation des ions calcium dans les cellules du foie. Il étudie plus précisément comment le taux de calcium dans le noyau d'une cellule est contrôlé et quel rôle joue la double membrane qui entoure le noyau de la cellule dans ce mécanisme. L'expertise développée au Bilarium permet à Gilles Guihard de séparer les deux couches de la membrane du noyau cellulaire. Il pourra donc, comme d'autres scientifiques l'on fait avant lui, étudier le fonctionnement de la surface externe de cette membrane, mais aussi - et c'est là toute la nouveauté du projet- en analyser la face interne.

1. Le nom du Bilarium est constitué par une sorte de mot-valise dérivé du nom anglais du dispositif en bicouche (bilayer) mis au point dans ce laboratoire, et de la fin du mot aquarium.

Bruno Levesque

Vignette

Chercheur en biophysique, Gilles Guihard effectuera un stage d'un an au sein de l'équipe du Bilarium, dirigée par Éric Rousseau. Grâce à une technique unique mise au point par l'équipe sherbrookoise, le jeune chercheur français pourra poursuivre ses recherches sur la régulation des ions calcium à l'intérieur des cellules du foie.