Un itinéraire complexe vers l'interdisciplinarité

Le samedi après-midi, lors de la troisième sé ;ance de collation des grades qui réunissait les étudiantes et étudiants des facultés de Droit et de Lettres et sciences humaines, 169 étudiantes et étudiants de la Faculté de droit ont reçu leur dip lôme de même que 496 de leurs condisciples de la Faculté des lettres et sciences humaines. Deux doctorats ont été attribués ainsi que 73 maîtrises, 12 diplômes et 578 baccalauréats.

Henri D orion, président de la Commission de toponymie du Québec, y a reçu un doctorat honoris causa en géographie.

Le géographe, qui a également été professeur à l'Université de Sherbrooke, a relaté le cheminement bien particulier qui l'a mené, quelque 30 années après la fin de ses études en géographie, à considérer nécessaire la pluridisciplinarité et l'interd isciplinarité. <<Depuis quelques minutes, je parle de géographie. Et c'est bien de géographie qu'il s'agit, puisqu'elle fut le point de départ et le point d'arrivée de mes transhumances entre Québec et Sherb rooke. Mais ce retour arrive après bien des détours. Et voilà mon deuxième périple.>>

À vrai dire, la géographie constituait pour Henri Dorion un deuxième départ. Après avo ir complété des études de droit et travaillé dans le domaine durant deux ans, il a entrepris des études universitaires en géographie afin, entre autres, d'acquérir des connaissances en analyse géopol itique.

<<Mais le droit, international surtout, que je venais de quitter, explique-t-il, allait aussi se conjuguer avec la géographie, politique surtout, pour me permettre d'aborder l'analyse d'une région du monde dont la pr&ea cute;occupation m'était pour ainsi dire dévolue tant par mes origines, partielles, que par les besoins du département où j'allais enseigner, à savoir, le continent soviétique, car c'est bien d'un continent qu'il s 'agit. J'ai en effet réalisé que, là aussi, la géopolitique fournissait une grille d'analyse particulièrement adaptée au décryptage de situations géo-socio-historico-politiques peu familières à mes nouveaux étudiants.>>

Rencontre avec la toponymie

Ces premiers contacts avec la géographie régionale allaient donc mener directement Henri Dorion à la toponymie et l'ethnolinguistique. <<La to ponymie, cette autre science carrefour, comme la géographie elle-même, nomme les lieux de la géographie, les lieux de l'histoire, de l'ethnologie, de la linguistique, les lieux de la politique aussi, explique-t-il. C'est une science ex igeante qui impose à ses praticiens et praticiennes de courtiser sinon d'épouser ces différentes disciplines auxquelles elle s'abreuve et qu'elle nourrit tout à la fois. Mais l'étude et la pratique de la toponymie m'a do nc amené à la linguistique, à l'étude des langues.>>

Malgré les nombreux détours qu'Henri Dorion a effectués à partir et autour de la géographie, il a toujours été f idèle à cette discipline. <<Ni le droit, ni l'ethnolinguistique, ni la toponymie, ni la pratique des relations internationales ni celle de la muséologie ne m'ont éloigné de la géographie, conclut-il. Chacune de ces disciplines ajoutait pour ainsi dire sa voix pour constituer ce petit orchestre de chambre que je me fais quand je suis seul avec mes livres et mes cartes géographiques, avec ma collection de diapositives ou de cartes postales, avec mes enr egistrements de musique traditionnelle, populaire ou savante des quelques Caucasiens que j'ai eu la chance de fréquenter, avec ces témoignages matériels de l'essentielle universalité de la géographie.>>

H&eacut e;lène Goudreau

Vignette

Le recteur Pierre Reid a remis un doctorat honoris causa en géographie à Henri Dorion, président de la Commission de toponymie du Québec, en présence de Normand Wener, doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines.