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Projet pilote de recherche partenariale à l’UdeS

Jeter le masque sur la valorisation des équipements de protection individuelle

Quelque 500 000 masques d'intervention utilisés sur les campus de l'UdeS ont pu être valorisés, alors que l'institution les collecte depuis l'automne dernier.
Quelque 500 000 masques d'intervention utilisés sur les campus de l'UdeS ont pu être valorisés, alors que l'institution les collecte depuis l'automne dernier.
Photo : Michel Caron - UdeS

Depuis la collecte mise en place à l’Université de Sherbrooke l’automne dernier, quelque 500 000 masques d'intervention ont évité le chemin de l’enfouissement. Le projet pilote visant à valoriser les équipements de protection individuelle (ÉPI) utilisés sur les campus porte déjà ses fruits, alors que la stupéfiante quantité de résidus sera convertie en énergie et servira aussi à produire des panneaux de construction agglomérés.

Dans un contexte sanitaire qui requiert une très grande utilisation de ces ÉPI au quotidien pour assurer la protection de toutes et tous, la pertinence environnementale de l’initiative instaurée par le CIUSSS de l’Estrie – CHUS, en partenariat avec l'Université de Sherbrooke, MGA Environnement et CRB Innovations, n’est plus à démontrer. Devant cet enjeu de taille, les deux entreprises régionales, bien établies dans le secteur de la valorisation de la biomasse, ont développé un procédé innovant pour convertir les résidus de plastiques mixtes, dont les ÉPI provenant du CIUSSS de l’Estrie – CHUS et de l’Université de Sherbrooke, en composites durables. D’une capacité de traitement d’une demi-tonne par heure, les équipements du procédé de CRB Innovations et MGA Environnement sont installés et en activité à Val-des-Sources, en Estrie.

Qu’est-ce qu’un composite durable?
Il s’agit du mélange de deux ou de plusieurs matériaux qui sont compactés ensemble afin d’obtenir un produit utilisable ayant des propriétés physiques et chimiques uniformes. Par exemple, un plastique renforcé par des fibres mélangées au plastique, ou un matériau fait de particules de bois auxquelles on ajoute des agents chimiques, qui agissent comme colle. Le carbone biogénique ou durable, qui se retrouve dans le composite, doit respecter les règles établies par la Certification internationale de durabilité du carbone (ISCC), en ce qu’il doit contenir plus de 65 % de carbone biogénique (non fossile).

Des premiers résultats prometteurs

Totalisant un poids de près d'une tonne, la grande quantité de masques d'intervention récupérés à l'UdeS a été acheminée pour procéder aux premiers tests de valorisation par MGA Environnement.
Totalisant un poids de près d'une tonne, la grande quantité de masques d'intervention récupérés à l'UdeS a été acheminée pour procéder aux premiers tests de valorisation par MGA Environnement.
Photo : Fournie

Les résultats de la conversion d’une première tonne de résidus provenant des ÉPI en juillet dernier sont des plus encourageants.

« Nous avons basé la conception de notre procédé et la sélection de nos équipements à Val-des-Sources sur ces résultats initiaux, obtenus à l’aide d’une petite presse chauffante. Ultimement, le projet de récupération de plastiques mixtes vise à trouver la voie technologique et la voie de la rentabilité économique pour une usine commerciale potentielle », précise le responsable du projet chez MGA Environnement, Martin Gagnon, ingénieur et conseiller en gestion des matières résiduelles.

À moyen terme, les entreprises souhaitent la conversion de plastiques mixtes et autres matières résiduelles riches en carbone en carburants durables (tels que le méthanol et l’éthanol), avec des partenaires au Québec.

La recherche pour une valorisation plus verte

Le professeur Nicolas Abatzoglou
Le professeur Nicolas Abatzoglou
Photo : UdeS

Les procédés de transformation des plastiques usés hétérogènes ne sont toutefois pas sans poser des défis tant sur les plans de l’acceptabilité environnementale que sociale. C’est pourquoi le projet se voit bonifié par l’expertise de deux membres du corps professoral du Département de génie chimique et de génie biotechnologique, chargés de mener des travaux permettant les avancées technologiques pour un processus de valorisation plus vert.

La professeure Inès Esma Achouri
La professeure Inès Esma Achouri
Photo : UdeS

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en intensification des procédés pour catalyseurs avancés et énergie durable, la professeure Inès Esma Achouri travaille à l’élaboration de matériaux efficaces pour la production d’énergie et au développement et à l’optimisation de procédés à haute efficacité énergétique. Le professeur Nicolas Abatzoglou, également titulaire d’une chaire portant sur les technologies d’analyse des procédés en génie pharmaceutique, se spécialise quant à lui dans le domaine des réacteurs de conversion thermochimique des matières organiques, des systèmes particulaires et de l’environnement.

Nos travaux visent à permettre le développement de matériaux composites compacts, résistants et légers, tels que des panneaux de construction, des panneaux isolants ou encore des poutres qui peuvent être utilisées dans l’érection de structures.

Pre Inès Esma Achouri

Un financement de MITACS, organisme national de recherche lié à l’innovation industrielle et sociale, a récemment été obtenu par l’équipe dans le but d’embaucher des assistants de recherche pour avancer les travaux.

Inventorier les résidus des laboratoires

Habituellement jetés, des résidus de laboratoires ont été amassés afin d'être revalorisés dans le cadre du projet pilote.
Habituellement jetés, des résidus de laboratoires ont été amassés afin d'être revalorisés dans le cadre du projet pilote.
Photo : Michel Caron - UdeS

L’Université de Sherbrooke a aussi travaillé cet été à caractériser son gisement en matière d’ÉPI et de résidus de laboratoire afin d’évaluer si d’autres matières peuvent être valorisées dans le cadre du projet pilote.

« Ce fut tout un défi de retracer la consommation d’ÉPI et de matières plastiques sur les campus! Plusieurs équipes de recherche attendaient ce projet depuis longtemps, et étaient heureuses de savoir que les matières seraient ainsi valorisées plutôt que jetées », explique l’étudiante à la maîtrise en environnement Elizabeth Cazeault, chargée de mener les travaux de caractérisation.

Pour notre institution portée par les valeurs de développement durable, il s’agit d’une occasion de franchir un pas de plus vers l’objectif Zéro déchet.

 Patrice Cordeau, vice-recteur adjoint au développement durable

En somme, avec ce projet pilote de recherche partenariale qui favorise l’économie circulaire régionale, l’UdeS se distingue une fois de plus sur les plans de l’innovation et du développement durable. En plus de chercher des solutions plus vertes pour créer de la valeur à partir de résidus de plastiques mixtes, elle contribue à la réduction de matières initialement destinées à l’enfouissement, illustrant toute la pertinence sociale et environnementale de la recherche universitaire.