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Mémoire - Patricia RAYNAULT-DESGAGNÉ

Les enjeux de la traduction d’ouvrages de sciences sociales sur les Autochtones au Québec, et traduction critique commentée d’un extrait de The White Man’s Gonna Getcha: The Colonial Challenge to the Crees in Quebec par Toby Morantz

Patricia RAYNAULT-DESGAGNÉ

Ce mémoire porte sur les enjeux traductologiques qui se posent dans le contexte de la traduction d’un texte sur les Cris de la Baie-James paru en 2002 à la McGill-Queen’s University Press et écrit par une ethnohistorienne de l’Université McGill, Toby Morantz. Les défis de traduction rencontrés lors de la traduction de cet ouvrage et les réflexions qu’ils ont provoquées m’ont amenée à me questionner de façon plus large sur les enjeux associés à la traduction et à la publication d’ouvrages anthropologiques portant sur les Autochtones au Québec. J’ai en effet pu constater, au cours de mes études et de ma carrière en anthropologie, qu’il existait, au Québec, une forme de « chasse gardée » académique entre les universités quant aux nations étudiées. Un recensement des œuvres sur le sujet en traduction démontre également qu’un nombre famélique de traductions ont été produites de ce genre d’ouvrages au cours des cinquante dernières années, que ce soit du français vers l’anglais ou l’inverse. Ce mémoire porte donc, dans un premier temps, sur l’identification de certains éléments contextuels, notamment le contexte éditorial, qui permettraient d’expliquer la faible quantité de traductions d’ouvrages portant sur les Premières Nations, mettant en perspective le capital symbolique relatif des différents acteurs impliqués dans ce genre de publications ainsi que du sujet d’étude. Dans un deuxième temps, je me pencherai sur les enjeux associés à la traduction en soi d’une œuvre anthropologique en cette ère postcoloniale. Je me suis en effet posé la question, tout comme l’auteure se l’était posée lors de l’écriture de l’ouvrage dont il est question ici, à savoir s’il était possible et souhaitable, pour les anthropologues eurocanadiennes que nous sommes, de participer à la « décolonisation » de l’histoire au moyen de la traduction d’un texte ethnohistorique, dans le contexte éditorial actuel au Québec. Enfin, je ferai état des étapes du processus de traduction qui entrent en jeu lors de la traduction d’un ouvrage de ce genre, afin de mettre en contexte les différentes solutions de traduction choisies.