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Mémoire - Marie-Pier LUNEAU

Les Lionel Groulx. La pseudonymie comme stratégie littéraire et jeu institutionnel,
1900-1966

Marie-Pier LUNEAU

De 1900 à 1966, Lionel Groulx, prêtre, historien, écrivain, conférencier, professeur, a signé 176 textes d'une vingtaine de pseudonymes différents. Cette partie méconnue de l'oeuvre de celui qu'on considère généralement comme un historien nous montre un Lionel Groulx littéraire qui s'amuse, en jonglant avec les signatures, avec les stratégies mystificatrices que lui offre la pseudonymie.

Le premier chapitre du mémoire résume d'abord les positions théoriques qu'ont adoptées des chercheurs comme Genette, Laugaa et Jeandillou en ce qui concerne la pseudonymie. Ce bilan conduit le lecteur à une présentation générale des pseudonymes de Groulx, appuyée de réflexions et de statistiques sur le phénomène de la pseudonymie au Québec. Le récit de l'aventure pseudonyme de Groulx commence au deuxième chapitre, alors que le jeune professeur du Collège de Valleyfield, surtout pour éviter les représailles de son évêque, recourra à la pseudonymie pour signer des textes patriotiques.

En 1915, Groulx quitte Valleyfield pour Montréal. Dès 1917, il collabore à l'Action française, dont il devient le directeur en 1920. Il élabore alors un véritable réseau de pseudonymes qui sont chargés de faire le compte rendu des activités du Mouvement d'Action française. Les noms d'emprunts se prennent bientôt au jeu, finissant par faire l'éloge de leur directeur, qui incarne pour eux un chef, un modèle à suivre. Sans contredit, l'étude de la pseudonymie de Groulx de 1917 à 1929 prouve qu'il est bel et bien «L'Homme à tout faire» de la revue, comme le démontre le troisième chapitre.

Le quatrième et dernier chapitre analyse la période 1930 à 1966, période pendant laquelle la plume pseudonyme devient inquisitrice, posant un regard impitoyable sur la société québécoise. Les André Marois, Jacques Brassier, Guillaume Untel, Un renard qui tient à sa queue n'épargneront personne, pas même le peuple québécois, devenu un «agneau perpétuellement tondu et content de l'être»...