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L’entrepreneuriat étudiant : mettre le théorique en pratique

L’implication dans le projet entrepreneurial « Regroupement étudiant pour l’avancement et la conception technique à l’Université de Sherbrooke de βioréacteurs (REACTUS-β) » est au cœur de cet entretien entre deux membres de notre relève universitaire.

Alexis Rioux-Chevalier, étudiant au baccalauréat en génie biotechnologie, a été soutenu dans son projet par les Prs Patrick Vermette (membre de l’IPS) et Pierre Proulx du département de génie chimique et de génie biotechnologie. Il s’est confié à Marie-Pier Lajoie, stagiaire à l'IPS et étudiante au baccalauréat en communication appliquée pour un entrevue des plus intéressantes.

Marie-Pier : Qu’est-ce qui t’a incité à t’impliquer là-dans ? 

Alexis : Vers la fin de ma première session, je me suis dit que j’avais beaucoup étudié, mais qu’outre mon cours de dessin technique, ma formation était restée très théorique. Je voulais aller chercher un côté plus appliqué en lançant un projet qui me ferait apprendre autrement en me donnant des compétences qu’on n’acquiert pas dans les salles de cours. Je savais que le soutien de l’association étudiante et de la Faculté serait disponible, mais c’est Patrick qui le premier a soulevé l’idée de faire un Groupe technique (soit un projet reconnu et financé par l’association étudiante).

Les professeurs semblent être assez impliqués dans ce projet, quels sont les avantages d’avoir des professeurs et ressources à votre disposition ?  

Les Prs Patrick Vermette et Pierre Proulx m’ont offert explicitement du support si le groupe en a besoin. Je crois que l’avantage est surtout psychologique. Advenant un problème qui nous semble insoluble ou une décision importante à prendre, on sait qu’il est possible d’aller les voir et de profiter de leur expérience. Toutefois, le but reste que les étudiantes et les étudiants se mettent les mains dans le projet, donc le soutien des professeurs reste essentiellement de la consultation ou du mentorat.

Vous entraidez-vous beaucoup entre étudiantes et étudiants ? 

C’est sûr qu’un des buts du groupe est de jouer sur les forces de chacun. Les membres en génie biotechnologique font les tests en laboratoire et la conception du bioréacteur conjointement avec les membres en génie mécanique/robotique. Pour l’équipe de programmation, on a un beau mélange génie biotechnologie et robotique/informatique/électrique qui travaille sur le fonctionnement des sondes et un dispositif d’injection automatisée. Évidemment, un des buts du groupe, c’est de favoriser le travail d’équipe pour être performant, mais aussi pour développer cette compétence qui est essentielle en génie. Donc oui, on s’entraide, mais une fois que la machine va être rodée, je souhaite qu’on s’entraide encore plus. 

Quelle est ton implication plus personnelle dans ce projet ?

Je suis président du REACTUS-β et l’un des membres fondateurs avec Mia Caron et mon frère Émile Rioux-Chevalier qui étudient également en génie biotechnologique. C’est vraiment nous trois qui travaillons le plus fort pour lancer le groupe pour le moment. A priori, je pense que si une personne étudiante souhaite appliquer ses connaissances en génie dans un projet concret, résoudre des problèmes techniques, il y a la possibilité d’ajouter à ça une dimension de ''gestion'', mais ce n’est pas obligatoire pour tous les membres.

Et Patrick nous parlait beaucoup de la fibre entrepreneuriale, considères-tu qu’il soit nécessaire d’avoir cet intérêt pour t’impliquer dans ce groupe ? Avoir la fibre entrepreneuriale, ça peut nous motiver à faire partie du Conseil exécutif qui pense à nos objectifs à plus long terme, mais à court terme, on n’est pas rendu à parler d’entreprise au sens d’une firme.

Quelle est votre vision pour l’avenir ? De quelle manière aimeriez-vous que ce groupe se développe ?

C’est très facile de se donner des objectifs trop ambitieux. On essaie donc de rester réaliste. Pour le moment, les 3 projets qu’on veut développer en parallèle sont :                  

  • Développer un bioréacteur de faible volume (moins d’un litre) pour la culture de cellules animales CHO  
  • Mettre au point un ensemble clé en main de bioréacteurs polyvalents et de formats différents (une idée de Patrick)   
  • Développer des bioréacteurs branchés en série pour simuler le microbiote du tube digestif        

Mais déjà, je ne pense pas avoir passé à travers cette liste avant la fin de mon bac ! Dans le meilleur des mondes, les projets dans le cadre de cours seraient prétextes à travailler sur ces objectifs. De ce que je vois, les prix très élevés des bioréacteurs font qu’il y a de l’intérêt venant de l’industrie et de la recherche pour notre groupe.

Crois-tu que le fait que certains professeurs impliqués vous perçoivent davantage comme des partenaires potentiels et non uniquement comme des étudiants apporte une dimension différente à votre parcours universitaire et votre engagement ?

De ma vision, les rapports étudiant(e)s-professeur(e)s à l’Université de Sherbrooke sont très cordiaux et ouverts. Je le précise, parce qu’on pourrait penser que ce type de rapport est normal, mais pour avoir parlé à des amis dans d’autres universités, c’est loin d’être le cas partout. Effectivement, c’est très motivant de savoir que, tout au long de son bac, on va pouvoir travailler sur des projets concrets et utiles qui ont plus qu’une valeur scolaire. Ça permet de trouver le chaînon manquant entre l’Université et la réalité industrielle. 

Justement cela me fait penser, quelles ont été les raisons qui ont motivé ton choix de venir à l’UdeS ? 

Premièrement, je voulais entrer en Sciences, lettres et Arts au Cégep. Vu que ce programme n’était pas disponible dans ma région et que mon père venait de décrocher un emploi en Estrie, on s’est dit que c’était logique de déménager dans une ville universitaire comme Sherbrooke. Et puis, l’orientation pratique de l’UdeS et les stages, c’est sûr que c’est un facteur majeur. Mais ça a été assez naturel comme choix, notamment considérant la qualité de vie à Sherbrooke.

Avez-vous accès à beaucoup de ressources présentes à l’UdeS ?

Sérieusement, on a tout ce qu’il nous faut et c’est assez impressionnant. Bien sûr, nos manipulations se font dans le laboratoire de génie biotechnologique qui contient les essentiels : cultures bactériennes, milieux de culture, spectrophotomètre, hotte à flux laminaire, autoclave, etc. Mais en plus, on dispose d’une imprimante 3D près de notre labo et on procède souvent à des prétests d’impression de prototype au studio de création. Et s’il nous manque quelque chose, le commander ne pose pas vraiment de problème. Disons qu’on est assez choyé.